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A l'étage des cas desespérés...[...?]

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MessageSujet: A l'étage des cas desespérés...[...?] A l'étage des cas desespérés...[...?] EmptyMar 3 Aoû - 11:52

I – Le «Grand Projet» - I *Flashback*

Citation :
«Calvin, notre doux Calvin. Nous avons remarqué que, ces derniers temps, tu ne viens plus prendre le café avec nous. Et pire encore, selon Agathe, tu places la barre de plus en plus haut dans tes recherches. Tu aimes Agathe et Mathilda, mais elles n'ont plus l'air de te suffire, avons-nous tord ? Nous ignorons ce que tu nous prépare, cette fois ci, mais nous avons remarqué dans tes yeux que c'était très important pour toi. Tu nous a parlé de ton «Grand Projet». Aussi, nous sommes perplexes. Comprends bien que tu travailles pour les traqueurs, et non pas pour ton propre compte. Tes motivations ne les intéressent pas si elles ne s'approchent pas des épouvanteurs. Il y a quelques jours, Alfred s'est rendu au commissariat. Il nous a expliqué que là, quand ils ne parlent pas de BBW, ils parlent de toi. Ils ont peur de ce que tu fais, dans ton laboratoire.
Nous t'écrivons ceci afin que tu ne te donnes pas la peine de nous mentir. Nous sommes aussi des scientifiques, Calvin. Nous te connaissons, et nous nous doutons bien que ce que tu cherches à créer sera beaucoup plus considérable que toutes tes inventions passées. Nous pensons sincèrement que Mathilda leur a été très utile afin de traquer ces hors-la-loi. Alors, au nom notre amitié, nous te demandons de ne pas aller trop loin dans tes inventions.

Cordialement, tes vieux amis,
Alfred Brooks, Keith Jenns Jr.,
Agathe Melly et Jango Merydi.
»

La lettre cachetée atterrit dans la corbeille, sous la table. Désolé, Jango. Désolé, Keith. Désolé, Alfred. Désolé, Agathe. Ooh, Agathe Melly... La femme avec qui il créa Agathe... Une si belle personne pour inventer une si belle créature... Le Green-Father posa ses mains sur la table, et fixa la boîte de Petri posée sous une colonne de Vigreux, animée d'un organisme et de quelques gouttes de sang. Le Grand Projet. Non... Il ne pouvait pas s'arrêter là, ce serait stupide. Oublions ces trois là pour le moment, les explications attendront, pour eux. Calvin a du pain sur la planche, ce soir. Comme l'a mentionné la lettre, le Green-Father travaille sur un grand projet. LE Grand Projet. Une nouvelle fille ; Fanny. Alors ce soir, il va falloir faire avancer ce grand projet. Pour les traqueurs, pour la paix dans Malkins ? Non. Pour la science, et peut-être aussi pour voir la tête que fera Jango. Allez, au boulot. Un peu plus de liqueur d'Angélique Officinale pour l'énergie. Un peu plus de plasmide concentrée pour la réplication. Un peu plus de xylème secondaire pour l'innovation. Un peu plus de sang, Agathe. Un peu plus de temps... Maintenant, crache, Calvin. Il faut l'y habituer. Elle fait une réaction, tu vois ? Fanny doit être grande, solide, et surtout hyperosmique. Il lui faut du chat. Un peu plus de temps... Tu n'auras pas fini ce soir, ce n'est encore qu'un tas de cellules. Laisse la, et pars te reposer. Pense plutôt à lui trouver une cage de taille.

Calvin ramassa à terre une courte bâche avec laquelle il recouvrit la table d'expérience. Muni d'un bougeoir, il quitta sa serre et rentra chez lui. La lune s'était assise par terre, au milieu de la rue dans une flaque d'eau, et elle tremblait de froid comme une pupille. Les caniveaux dégorgeaient l'averse de la soirée, tandis que les trottoirs humides accrochaient avec obstination les feuilles mortes qui s'y piégeaient, comme sur une toile d'araignée. Plus haut, des faisceaux de lumière jaune, regroupés par pairs ou par quatre, s'échappaient farouchement des fenêtres du voisinage. Calvin, lui, demeurait dans l'obscurité, installé dans son somptueux fauteuil. Seul le reflet de la lune éclaircissait la pièce. Face à la fenêtre, il sirotait son opium, songeur. Dans un écran de fumée, un souvenir refit surface dans sa cervelle. Il se souvint, il y a quelques années, du lendemain de l'évasion de Big Bad Wolf et de ses acolytes. Il se rappela, très nettement, avoir dit «Agathe, mère de fortune !», lorsqu'il prévu de vendre sa science aux traqueurs. Mais les temps changent, et dieu, que c'est amusant, aujourd'hui, Calvin se disait plutôt «Fanny, le Grand Projet, mère de la révolution !». Il ne vendait plus sa science. Il dévalisait la Nature et s'emparait de tous ses biens pour son propre compte. Chacune de ses filles était une entorse à l'essence de ce monde, à Mère-Nature. Et Fanny en sera le chef-d'œuvre, le coup de grâce, l'hérésie suprême, la grande chimère. Oh, certes, l'alchimie de la science et de la Nature font des merveilles médicales, et à ce jour, personne ne s'y oppose. Mais il faut craindre le progrès. D'ici peu, vous verrez que le Grand Projet animera Malkins, attisera les foules et agitera le débat. Sauf bien sûr si tout cela reste secret. Malkins est déjà trop effrayé par ces satanés épouvanteurs, n'allons pas leur faire douter des consultants ! Où ira le monde, lorsque personne ne fera plus confiance qu'à soi-même ? Où ira le monde, quand il ne sera peuplé que d'une foule apeurée ? Ne nous comportons pas comme des bêtes. Et soyons honnêtes envers nous même ; Calvin est aussi dangereux que certains détraqués d'épouvanteurs. Ceux qui le connaissent le craignent. Aussi serait-il idiot de sa part d'apporter aux traqueurs une arme dont ils n'ont pas besoin.

La décision est prise. Calvin ne vendra pas son Grand Projet. Ni à Oz, ni aux traqueurs. C'est pourquoi il faut éviter dès maintenant que la rumeur ne s'évente. Les secrets sont si excitants, mais si difficiles à garder, de nos jours. Il n'y a plus qu'une solution aux yeux du Green-Father ; Se réfugier loin du monde, loin de tout, pour finaliser son Grand Projet. Mais d'abord, Calvin irait voir son petit Club, pour faire promettre à ses quatre confrères de passer cette rumeur sous silence. Mais pour ce qui est de l'heure présente, le sommeil est préférable...


HRP; Petit lexique scientifique ;

Spoiler:

II – Visite et frayeur - II

Woosh, c'est le son onomatopéique de l'ignition du butane, et craaac, c'est celui d'une allumette qui s'allume. Juxtaposés l'un après l'autre, ils forment le son quotidien, rituel, du réveil de Calvin. L'on peut comparer cet événement au chant du coq, le matin. La seule différence est que le coq n'enchaine pas son cocorico d'un crachat. Car le Green-Father, lui, ne peut commencer sa journée sans cracher. N'ayez crainte, il n'abîmera pas le plancher de son magnifique salon. Il y a plus astucieux ; Un bocal à crachats. Posé au milieu d'un étroit buffet, contre la porte principale, ce bocal est déjà à moitié plein d'un liquide semblable à l'anthracite ; Noir aux multiples reflets. Ça et là, des bulles statiques gisaient à la surface, et semblaient résignées à ne pas éclater. Petite anecdote, à ce sujet ; Les crachats de Calvin, exposés à une température moyenne de 25°C, se fossilisent. C'est ce qui explique pourquoi seule la surface de cet amas de crachats semble encore mobile. La partie intérieure est maintenant solide comme du charbon, et il faudra beaucoup de motivation et un pic à glace, pour enlever tout ça, et sauver ce pauvre bocal. Mais peu importe. Personne n'aime les crachats, alors personne ne veut en écouter un exposé.

Calvin endossa son trench-coat en fourrure blanche, honteusement beau, se saisit de son portefeuille et d'une poche d'opium, puis sortit. Il voulait vérifier si la lettre de ses amis disait vrai. Il voulait vérifier si l'on avait vraiment peur de lui, au commissariat. Si c'est vrai, ô ciel, si c'est vrai ! La journée serait merveilleuse, mais il faut vérifier. C'est donc à bord d'un calèche public que Calvin traversa Wonderland. Il descendit une rue plus tôt, au sud, car la rue abordant le commissariat était surchargée d'abrutis. Il va malheureusement falloir passer à travers. Aussitôt dit, aussitôt entrepris. Il traversa la foule. Certains criaient, d'autres pleuraient, d'autres même s'écartaient lorsqu'ils voyaient passer Calvin. Inexplicablement, la porte d'entrée du commissariat était libre, aérée, il n'y avait plus personne.

La porte franchie, le Green-Father salua Pâquerette, la secrétaire. Son statut de fantôme de l'au-delà l'avait visiblement affranchi de toute forme de peur. C'est pourquoi elle accueillit Calvin comme n'importe quel individu. Du ton d'une mère quadragénaire, elle exigea de lui qu'il porte un masque de protection car, disait-elle, même de l'au-delà, l'on sentait son haleine putride. Calvin s'exécuta, non sans défigurer cette femme avec une pointe de mépris. Elle ne réagit même pas. Tout à fait normal, d'un certain point de vue. Tout peut passer à travers un fantôme. Dans ce rez-de-Chaussée, Calvin reconnut quelques traqueurs célèbres le regarder du coin de l'œil avec méfiance, parfois avec défi. Pour être tout à fait honnête, notre Green-Father a toujours pensé que l'on ne devenait policier qu'à cause de la frustration de l'incompétence, et traqueur à cause d'une arrogance démesurée. Et il ne s'en cachait point. Caressant frénétiquement sa fourrure, adossé à un bureau, il observait les flux, linéaires, incroyablement précis, de ceux qui passaient d'une pièce à une autre, de l'ascenseur à la sortie, du placard au bureau d'office. Pendant un bon moment, Calvin suscitait des réactions toutes semblables chez chaque personne croisant son regard. Sauf une personne, que Calvin rencontrera un peu plus tard.

Deux gamins, aussi bien vêtus qu'un orphelin de Neverland entraient menottés dans l'ascenseur, suivis de deux policiers moustachus. Avant que la porte ne se ferme, Calvin se faufila au fond et pressa le cinquième bouton avant même que les deux autres «représentants de l'ordre» n'aient pu appuyer sur le second bouton. La porte se referma, et soudainement, un silence plus qu'oppressant semblait confiner, écraser ces deux moustachus. Même la voix de l'ascenseur était absente. Il y avait juste un bruit de menottes, et la tension presque palpable que Calvin suscitait. La journée est donc merveilleuse ! On le craignait au commissariat, jusqu'aux ascenseurs ! C'était le moment d'en profiter. Calvin passa ses mains derrière ses oreilles pour retirer son masque. Il esquissa quelques pas pour se positionner entre ces quatre individus et la porte. Croisant les bras, il lança aux deux moustachus ;


«Alors... Ces deux adorables enfants vous causent des problèmes ?
-Grmlgrl... Oui...
De grosses gouttes de sueur sur le visage, une veine temporale exagérée, un regard fuyant...
-Oh vraiment... Mais où vous rendez vous, les enfants ?
-...Au...Au premier étage, monsieur.
Même réaction, ajoutée au signe distinctif de quelqu'un qui s'arrête de respirer parce que ça pue ; Les narines dilatées.
-Le premier étage... La morgue ?
Un joli sourire, plein de bonheur. La journée est décidément merveilleuse.
-Mmh, leurs parents...
C'est amusant comme sa moustache sautillait à chaque syllabe.
-Je vois ! Pauvres petits... Vraiment, je suis... Ah, c'est mon étage. Bonne journée !»

La journée est décidément, définitivement merveilleuse. Ces deux adorables représentants de l'ordre avaient pleinement satisfait le Green-Father. Son orgueil était à la fois apaisé et agité. En sortant de la cabine, il repris son masque et sillonna le cinquième étage. L'étage du Service des Cas Dangereux et Désespérément Désespérés. C'était pour Calvin l'étage le plus récréatif, le plus amusant. Des illuminés, des fous, des voleurs de casseroles, des tueurs de chats, des opiomanes, des corrompus, et quand la pêche est bonne, des épouvanteurs... L'étage se présentait ainsi ; Un carrefour de trois couloirs maîtres, auxquels sont attachés, comme des branches, de multiples et minuscules pièces de garde à vue. Tous les murs étaient insonorisés et transparents, exceptés ceux séparant le commissariat de l'extérieur, et bien sûr, plancher et plafond. En général, le matin, cet étage est plutôt vide. En sortant de l'ascenseur, on a une vue d'ensemble sur tout l'étage, ce qui permet d'estimer très rapidement le nombre de pièces occupées, et de trouver une pièce libre dans laquelle l'on pourra incarcérer un «Cas Dangereux et Désespérément Désespéré». Ce matin, il n'y avait que six pièces occupées, au fond. Tout le reste de l'étage était vide, et seule les fenêtres ouvertes infiltraient un peu de son. Calvin retira son masque et s'approcha de ces cas dangereux en plein interrogatoire, comme on s'approche des dauphins dans un zoo. Il y avait là d'étranges créatures, il est vrai. Dans la pièce tout à gauche, deux frères siamois semblaient faire perdre la boule à un traqueur. A côté, un type presque nu semblait se faire gentillement réprimander par un gentil policier. Dans une autre pièce, un agent transpirait à grosses gouttes face à une femme fatale aux allures de catin, semblant faire les yeux doux à son interrogateur. Dans les trois dernières pièces, l'on aurait dit que trois jumeaux étaient interrogés par trois différents agents de Malkins. Ah, Malkins nous cache de merveilleuses personnes ! Ces six interrogatoires semblaient tous aussi captivants les uns que les autres, et Calvin souhaita un instant que ces murs ne soient pas insonorisés...
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MessageSujet: Re: A l'étage des cas desespérés...[...?] A l'étage des cas desespérés...[...?] EmptyVen 24 Sep - 22:01

    Assise à son immense bureau, l'illustre Dame de Piques lisait avec affectation une lettre que lui envoyait l'une de ses compagnes de croquet. L'incroyable nouvelle n'était en vérité qu'une vieille rumeur remise au goût du jour, à laquelle pourtant Quenny accorda une attention conséquente. Passionnante imposture, ragots de bas étage tant ornés de détails croustillants que l'on n'est pas tenté une seconde d'y croire. Mais c'était tout de même fort divertissant. A vrai dire c'était l'activité favorite de la Grande Prêtresse de la Mode. Ainsi donc, un immense sourire aux lèvres elle lut et relue cette chatoyante chronique écrite selon l'usage tendance du moment, sur un parchemin en peau de poulpe de neige à l'encre violette. Grisée par cette sublime imposture, Queeny plaqua sur sa table de travail, par-dessus la gazette des enchantées, un rouleau entier qu'elle parsema de son écriture ridiculement travaillée. Aidée de sa grande plume rose, probablement aussi grande et improbable qu'elle, le récit d'une rumeur racontée la veille l'absorba pendant plus de deux heures. Mais, puisque le temps passe vite quand on s'amuse, la Dame de Piques ne se rendit absolument pas compte du soleil qui enflait de plus en plus jusqu'à éclabousser son bureau. Subitement éblouie, agacée et extrêmement vexée de devoir s'arrêter avant la fin de cette histoire sans intérêt, elle pressa un bouton rouge et hurla dans un micro, qui ressemblait d'ailleurs plus à un cornet de gramophone, à ses serviteurs ouvriers qu'elle voulait un café maintenant. Il est entendu que par café, Queeny voulait qu'il soit moulu sur l'instant, mélangé à un nuage de lait frais, sucré trois fois à la cuillère en or, et, évident, servit dans les trente secondes à venir.

    Lorsqu'enfin son désir matinal fut assouvi, Queeny se leva -ou plutôt s'éjecta – de son siège pour apparaître, dans la pleine lumière de son antre, dans toute sa splendeur. Aujourd'hui, elle portait une robe oscillant entre le bleu ciel et l'argenté, une ceinture blanches, hérissée de piques et de crochets blancs, brillamment décorés avec des pendentifs allant du symbole lunaire aux écureuils psychopathes. Sa jupe, deux fois plus larges qu'elle retombait au niveau de ses chevilles, et, là ou la broderie arachnéennes laissait place aux chaussures, on pouvait apercevoir des sortes de babouches rocambolesque, absolument indescriptibles et qui ne semblaient pas avoir été destinées, initialement à la marche. Mais c'était probablement sa coiffure qui résumait le mieux sa conception du monde. Car, située au sommeil d'un visage poudré et maquillé avec insistance de noir, comme barbouillé par un maniaque atteint de Parkinson, elle décrivait deux courbes différentes avant de se replier vers l'intérieur, comme un coeur écartelé. Au centre chantait un volatile de petite taille, paré d'azur - ou peut-être de vert anis ? - dans un nid en fil d'en soie.

    Et c'est dans cette tenue pour le moins audacieuse que Queeny sortit de l'As de Piques, laissant ses majordomes vendeurs s'occuper de la boutique, elle disparut dans les rues de Malkins. Enfin... disparaître était peut-être un peu ambitieux pour une femme comme Queeny qui brillait tel un astre dans le flot des gueux si bien que beaucoup s'écartait pour la laisser passer. Cette vision plut tellement à Queeny qu'un sourire conquérant se dessina sur ses belles lèvres de diva. Ah! Ainsi son génie, sa beauté et sa notoriété étaient respectés par tous! Il va sans dire que l'idée qu'on puisse avoir peur de voir l'un des pieux de sa ceinture s'enfoncer dans sa chaire ne l'effleura même pas. Non! Pour elle, si l'en regardait son magasin avec envie, ce n'était pas pour ses créations mais pour elle! Oui elle la seule la grande, l'unique, la Dame de Piques!

    Et c'est de cette démarche à la fois altière et gênée par des chaussures trop improbables qu'elle entra dans l'enceinte du commissariat principal. Les portes, une fois poussées avec toutes la grâce allouée à sa petite personne, Queeny prénétra, princière et formidable dans le Hall trop étroit pour elle. En face, un fantôme immuable se tenait. En air de dégout se dessina quelques part sous son maquillage. Comment! Comment pouvait-on autoriser que cela accueille encore les visiteurs ? A chaque fois que la Dame de Piques se trouvait confrontée à cette énergumène, elle ne pouvait s'empêcher d'avoir la même reflexion. Non pas qu'un fantôme soit une créature déplaisante en soit. Au contraire, certains, très aimables étaient de véritables sources de savoir en matière de ragots (et de vérité historique, certes) mais ils étaient toujours si mal habillée! Mort en serviette de bains, ils restaient pour l'éternité en serviette de bain. C'était d'ailleurs l'une des raison pour lesquelles Queeny était toujours parfaitement bien habillée. Car si un jour son âme devait errer dans le monde, elle espérait au moins porter sur elle le témoignage d'une existence vivante audacieuse et exceptionnelle!
    Ainsi donc, face à cette pâle créature Queeny indiqua le but de sa visite. Pour une fois, malgré le manque de réaction de la créature fantomatique, la Dame de Pique ne venait pas pour ses réclamations sur les taxes sur les tissus rares. Non, pour une fois c'était pour une requête d'une autre sorte que l'Audacieuse bonne femme débarquait dans ces lieux. Oui tout à fait. Bien sur vous n'en revenez pas! Et comme vous n'avez pas lu ses aventures précédentes, vous n'avez pas la moindre d'idée de ce qu'elle peut faire ici. Et bien voilà le but de sa venue ici-bas, voilà pourquoi la Divine Queeny était descendue parmi les mortels.

    « Je cherche Mr Hansel.... Vous ne saurez pas où il est ?
    -Il est peut-être en mission, madame.
    -Alors où vais-je l'attendre ?
    -Vous pouvez prendre rendez-vous en remplissant le formulaire bleu... »

    Entonna le fantôme avant de se lancer dans un monologue qu'oublia bien vite la grande Dame de Piques qui en vérité n'en avait rien à faire. Tout ce qu'elle voulait c'était qu'Hansel apparaisse là tout de suite maintenant, qu'il soit disponible, qui la suive et qu'elle puisse finir s'en servir comme mannequin. Et si possible qu'il soit propre et blanchi et non pas couvert d'un sang ramassé quelque part dans un obscure coin du globe. Il ne manquerait plus qu'elle soit obligée de lui faire prendre une douche! Sa salle de bain privée n'était pas ouverte à tous! Imaginez qu'un gueux pareil souille sa baignoire en forme de cygne de ses vils doigts poisseux ? Enfin bref. Alors que le fantôme lui désignait maintenant une feuille verte et violette Queeny tourna les talons et de son habituel pas énergique, la vieille folle se dirigea vers l'ascenseur. Il va sans dire qu'étant rentrée la première, elle n'aurait pas tolérer voir un rustre policier ou un plouc de criminel menotté monter à sa suite et polluer son espace vital de son indigne présence. Mais de tout façon, avec une tenue telle que la sienne, la petite boite métallique de la machine ne pouvait guère contenir plus qu'elle.

    Appuyant au hasard sur un interrupteur, Queeny se sentit disparaître dans les abimes du commissariat. Car oui, elle n'avait pas la moindre idée de où pouvait bien travailler un Traqueur tel que Hansel. Mais qu'importe! La Dame de Piques pensait qu'elle avait le droit absolu de circuler dans cette bonne ville et Wonderland et cela incluait sans aucun problème, à son avis, le commissariat principal et ses archives secrètes. Oui Queeny était la reine du monde, personne n'osait vraiment se mettre en travers de son chemin, car Madame Eyre avait, comme chacun le sait, très mauvais caractère. Si bien que finalement, elle faisait ce qu'elle voulait. Et même si, par la force on souhaitait la jeter par la porte, elle reviendrait, sans complexe, par la fenêtre.

    L'ascenseur émit un doux cliquetis et les portes s'ouvrirent en grand. A sa grande surprise, Queeny découvrit une salle immense cloisonnée de verre. Dans chacune des petites cellules une personne... ou deux suivants les cas plutôt improbables qui se trouvaient en face d'elle, semblait prisonnière. De temps à autres, un policer en uniforme tentaient de leur arracher des mots en gesticulant. Les yeux ronds, Queeny continua à observer la scène. Elle avait l'impression d'être face à un gigantesque théâtre de mime. Pourtant, elle en était certaine, au moins une bonne dizaine de captifs était en train de hurler. Peut-être à cause de la lumière vive qui envahissait les lieux ?

    Queeny fit quelques pas, peu sure d'elle. Le bruit même de ses talons la surprit (et pour cause!). Mais alors que l'épouvante allait être à son comble, la Dame de Piques fit jaillir un carnet dans ses mains potelées. Un petit livret rose bonbons, parsemé d'écriture et de dessins, des rappels techniques et des morceaux d'études de ventes. Entre ses doigts bondit à son tour un plume bleue, à peu près aussi grande que son visage, elle fut aplatie sur les quelques pages encore vierges. Oh comme cet endroit était... audacieux! Il lui inspirait soudain des centaines de créations, bien trop pour être toutes notées... Le temps sembla s'arrêter pour elle. Tout lui semblait si passionnant... presque plus, encore que lorsqu'elle écrivait à ses amies des ragots inventés sur l'heure....
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