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Festins secrets [PV]

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MessageSujet: Festins secrets [PV] Festins secrets [PV] EmptyVen 2 Juil - 21:21

    Vous admettrez qu’en ce jour frénésieux parmi tous, il était temps de mettre en verve ses vieilles nomenclatures. Il est des devoirs que l’on se fixe – une sombre histoire de probité hiémale – les soirs d’automne et puis … Le temps passe, vous vous mangez d’oubli ... Une ombre avait pourtant visité, tantôt, une chenille hilare, lui reprochant des ingratitudes imméritées et de tristes méritoires … C’était au sortir d’un de ces soupirs de grâce – souvenir offert à ceux qui en voudraient davantage. Fréneuse, à cette époque, s’était fait une secrète promesse : le jour venu, chercher ses ivresses jusque dans les Cendres, y rouler son entendement, si aisé à vermouloir … ! Et s’avilir entre tous, pour quelques soupçons de mauvaise métaphysique. Par excès de prudence, il avait désiré, la première fois, emmener dans sa déchéance des présences familières … Et puis le sort …

    Mais le sort avait bien raison. Qui savait ce que recelaient les bonbons gravés de givre … ? Il n’était pas d’humaine présence plus lourde à porter que celle des amis – on se doit de leur cacher jusqu’à nos plus belles décadences : la pitié bienveilleuse et le regard navré, derrière le sourire, ont la froide empreinte des belles lames et des sentinelles blessures … Ô Frénésie ! Aussi Fréneuse avait-il choisi, cette fois, de parcourir seul les régions mal-connues du pays de Sucre. Aux lueurs dévorantes du jour vermoulu – fin d’après-midi, apprenti crépuscule – il sortit de la Muse Galante, farandoles d'espoir et désir d'ivresse au fond des poches, spleen-éthique ennui le long du cœur. Il en était au stade où ses artifices habituels ne suffisaient plus à faire taire ses fantômes ; et il se précipitait – énergie du désespoir – vers les possibles inconsciences, comme pour tuer les pauvres sursauts de ses souvenirs. L'illusionnisme actif était des plus difficiles, ces jours-ci – et l'endormissement orchestré de l'indésirable … Frelaté, le masque … ? Peut-être était-cela qui le poussait, ainsi, à reconsidérer ses résolutions idiotes , à revenir sur une histoire ancienne qu'en toute autre occasion il se serait empressé d'oublier, comme le reste. Fréneuse n'avait d'histoire que mythique et lointaine – mensongère et fantasmée. Alors … Y avait-il un mal à nourrir le masque, dans l'espoir d'endormir l'homme … ?

    C'est cela, au fond, qui poussa Fréneuse dehors, quitte à délaisser pour un soir, sans billet ni procès, sa pauvre muse aux voiles poussiéreux. Vide des rêves de tous ses soupirants, elle semblait bien morne, la femme peinte, avec ses yeux ternes et ses arabesques brisées … Point de veillée triste en dernière solitude ce soir, mais les douces lueurs mourantes d'un soir d'été. La marche fut longue, et peu s'en fallut que notre aristoloche ne devint fleur séchée. Au fil de sa marche, en digne et fourbi sémaphore, il contempla les sentier mal connus de Candyland – n'osant cueillir des fleurs qui lui poissaient les doigts, lui embarrassaient les lèvres. Il s'était déjà laissé séduire par les douceurs tendres des chemins du bois Griotte, mais … Douceurs sucrées sont futures pourritures, et Fréneuse n'ornait ses mots que de fleurs légères, ses morts que de bouquets somptueux. Et dans la tendre ambiguïté du jour qui se meurt, il croisa une jeune femme qui allait aux champs. S'en approcha, irrépréssiblement Fréneuse, avec le soleil sur son chapeau et l'embarras tranquille des fous qui vous comprennent.

    - Vaquez mirmidons, gente dame Oiselle ! C'est là, donc, qu'il faudrait s'isolacier, tranquillement, derrière les fourrés vagues … Pourriez-vous par l'abanoiement du hasard, au gré des folioles …

    Il cueillit un épi de blé qui s'était planté, en impertinence, dans le blond brûlé de ses cheveux de paysanne. Silence. Elle semblait se demander, la pauvre, s'il y a avait lieu de rire ou de pleurer, devant cette haute silhouette vacillante – mains crispées sur son panier, prête à déguerpir. Les routes étaient si peu sûres … Et remarquant la peur, incapable pourtant de rien changer, il poursuivit d'une voix melliflue :

    - Seriez-vous curieuse, Madame - pardonnez-moi ces émoluments, mais vous vieillissez à vue d'œil ... - de goûter aux mirobolances des plages grises … ? Savez-vous qu'on murmure d'insistantes folies à celui qui …

    Il fit un geste – éclat terni des pendeloques de faux argent, noirci par l'oxyde, barbouillant la peau blanche … La jeune femme éclata d'un rire nerveux, bredouilla des mots de rejet. Ne répondit pas, en somme, car trop occupée sans doute à fuir toute possibilité de doute. Le soir elle viendrait, auprès d'une soeur, d'un mari, d'un amant : T'sais, au champ, tout à l'heure, j'ai rencontré un fou … Haussements d'épaule, ricanements, et superflus commentaires : mais que font les Traqueurs ? Éternelle histoire autour du feu.

    Et Fréneuse reprit sa route, sourire naissant au soupirail de son esprit – renaissance du persiste et signe, tranquillité harmonieuse du personnage en formation. Et puis … Un vent qui se lève, venu d'on-ne-sait … La rumeur douce d'une mer en puissance. Fréneuse ralentit le pas, une fois de plus, huma l'air – pans du manteau bruissant au vent. Il semblait là un grand oiseau guettant une proie fictive, héron sans refus, échassier sans ailes. C'est là qu'il aperçut un homme qui marchait là. Il ne vit ni son visage, ni son possible sourire, ni son inquiétant regard … Une silhouette était interlocutrice indéniable et désignée, fût-elle porte-manteau ou ombre projetée. Que ce visage figurât sur tous les avis de recherche à la ronde n'était point parmi les constantes mémorielles d'une chenille. Ce qui comptait, c'étaient quelques fragments d'amour, perles irrégulières filées sur le cœur, et des tendresses florales. Le reste … Alors il marcha, blason de l'amitié tranquille, vers celui qui se tenait là – l'inquiétant collègue ou le frère de situation. Et comme un texte appris, ce qui ne fut pas compris il y avait un instant :

    - Vaquez mirmidons, gente dame Oiselle ! - Pardonnez cette méprise, ce fut sans doute un texte de théâtre, et change-t-on les mots d'hôteur … - C'est là, donc, qu'il faudrait s'isolacier, tranquillement, derrière les fourrés vagues … Pourriez-vous par l'abanoiement du hasard, au gré des folioles … Ou seriez-vous curieux, Agrumiforme, de goûter aux mirobolances des plages grises en compagnie … ? Savez-vous qu'on murmure d'insistantes folies à celui qui …

    C'était que cela s'expliquait mal au non prévenu … Mais soudain, sous une illumination soudaine – geste attendu en ce genre de circonstance, caricaturalement esquissé – Fréneuse sortit de sa poche le dernier vestige de ses expéditions avortées. Dans un emballage d'argent, tour à tour congelée, fondue et oubliée, dormait une sucrerie indigène, pur rejet des flots gracieux.

    - Seriez-vous tenté, ainsi … ? La mer nous aimera peut-être. Nous ne sommes rien, de pauvres inconnus qui viendraient offrir leurs délires – au moins offrant. Car se confier aux connaissances a ses tristesses n'est-ce pas ?

    Répondait-il déjà ? N'était-ce que silence … ? Souvenir de la fuite effrénée de la demoiselle – et de son soucis à s'entretenir encore un instant, avec son ombre … Ainsi, par pure précaution rhétorique, Fréneuse ajouta-t-il, dansant tarentelle d'habitude, jouant le grand jeu des imbéciles en fourrière :

    - Mais peut-être craignez-vous, vous aussi, les effets des sucres-cendre … ?

    Et peut-être pourrait-il éprouver, cette fois, sa prétendue science des envols ratés ...
Caterpillar
Caterpillar
mr. tout-le-monde... ou pas !
mr. tout-le-monde... ou pas !
HUMEUR : Fumiste.
CITATION : Une dissonance placée où il faut donne du relief à l'harmonie. [Leibniz]

BOITE A JETONS : 0000

FICHE : Rien de si plat qu'une suite d'accords parfaits.
NOTEBOOK : Va te coucher, mon cœur, et ne bats plus de l'aile.
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