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We must go to the whiskey bar, you know why.

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MessageSujet: We must go to the whiskey bar, you know why. We must go to the whiskey bar, you know why. EmptyVen 4 Déc - 14:52

Il avait le droit. Vous savez? Il avait le droit. C’était tout. En fait, non. Il s’était donné le droit. Le droit légitime.

Le très digne Thomas Linton Wendover... ou était-ce Winton Lendover? Pfft. C’est sans importance. Bon. Le très digne Wendy enfouit sa tête au creux de ses bras, poussant un profond soupir. Il avait bu au point d’en oublier son propre nom. C’était pathétique. Un peu. Mais il en avait le droit.

Parce que, vous savez, ça arrivait à tout le monde d’être déprimé. Tout le monde sans exception. Même les plus forts d’entre nous flanchent de temps à autre. La pression, les exigences, les responsabilités… Le fait de n’avoir nulle part où aller, d’être sans attaches ni amis, d’être recherché pour 4,000 Yubas…

4,000 Yubas
! Quelle honte! C’était à croire que les dirigeants de la Police des Contes avaient fixé la somme tout à fait au hasard. Comment est-ce qu’ils calculaient la chose, de toute manière? 100 Yubas par domicile en flammes? 250 par adulte dépecé? Ou plutôt, 250 Yubas pour chaque adulte que Wendy avait complaisamment regardé se faire dépecer. Parce qu’il n’avait jamais touché le cheveu de qui que ce soit, lui. Oh non. Oh non, il avait rien fait, lui. Strictement rien.

Le lâche.

D’une main mal assurée, il chercha à agripper sa pinte de rhum au miel. Agir ainsi, à l’aveuglette, n’était certainement pas la meilleure des idées. Le restant de sa chopine fut renversé sur la table et il daigna ouvrir les yeux pour contempler le dégât. Tristement, il secoua sa pinte et réussit à recueillir quelques ultimes gouttes, rescapées du déluge.

Que faisait Peter à l’instant même? Était-il toujours aussi insouciant? Aussi éclatant? Est-ce qu’il se jouait encore de tout? Riait-il toujours face au danger? Qu’est-ce que Peter aurait pensé, hum, s’il avait pincé son fidèle lieutenant, en train de noyer son découragement dans l’alcool? Bof. Il se serait moqué, sans doute. Et Wendy lui en aurait voulu tout autant qu’il l’aurait voulu. Le salaud.

Il réunit toutes ses forces pour hisser son menton jusqu’à son avant-bras, observant les alentours d’un regard désabusé. Quel âge avait-il ce soir-là déjà? Il n’en était plus trop certain. Il était entré dans la taverne avec une cinquantaine d’années, mais le visage qui s’était reflété dans la glace des W.C. n’avait pas plus de trente ans. Son don. Contrôler son don était plus difficile lorsqu’il n’était pas en pleine possession de ses facultés. Heureusement, aucun des clients de l’établissement ne semblait avoir remarqué que l’alcoolo du fond gagnait et perdait des rides à volonté.

Un grognement et il se redressait tant bien que mal. Ouf. La Terre semblait tout à coup tourner siiii vite autour de lui. Oula. Au moins, quoi? Vingt-cinq circonvolutions en trois secondes? Oh, tiens. Pourquoi le plancher s’était-il avancé vers lui…?

Oh. Il s’était accroché à… un banc… À une cuisse? Simultanément. Il était même à moitié avachi sur quelqu’un. Pas trop certain qui. Oww. En tentant de se redresser, Wendy s’était à demi-assommé contre le coin de la table. Les jambes flageolantes, il s’appuya sur le dit coin pour se relever et, se rappelant de ses bonnes manières, marmonna ses excuses :

« Mmh. Pardon. Désolé. »

Le son de sa voix d’adulte le déstabilisait toujours. À vrai dire, la sensation de son corps d’adulte le perturbait. C’était bien pourquoi il trébuchait et s’affalait ainsi! Tous ces longs membres, trop peu d’espace! Ce n’était pas de sa faute, après tout. Il n’était seulement pas accoutumé à ce trop grand corps.

« J’fais pas ça souvent. J’ai l’droit. J’suis fatigué. Déprimé. Alors… Pas de sermon, s’il vous plaît. Je vais très bien. Trèèèès bien. »

Il passa une main tremblante sur son visage avant de plisser des yeux pour scruter son interlocuteur. Peut-être Wendy voulait-il sauver les apparences et paraître à peu près amical, ne pas filer trop vite, ça pourrait être perçu comme suspect, peut-être qu’il se sentait tout simplement seul, qu’un élan de sympathie le poussait vers ses semblables… Une motivation que son cerveau embrumé n’arriva pas à déterminer l’amena à s’enquérir de la santé de son sauveur :

« Et vous, ça va? Votre vie? Pas trop de débâcles? D’échecs? De déconfitures? »

Il tapota l’épaule de son compagnon d’infortune d’un air à la fois paternel et complice. Cette attitude, il l’avait usée maintes fois envers d’autres Enfants Perdus. Mais non, Peter ne te fera pas de mal. Va le voir, allez. Ce qu’il cache derrière son dos? Mais rien! Tu te fais des idées.

« Vous pouvez tout me dire. J’suis certain que votre histoire vaut pas la mienne. »
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MessageSujet: Re: We must go to the whiskey bar, you know why. We must go to the whiskey bar, you know why. EmptyDim 6 Déc - 1:19

Lucian n’était pas très doué pour les fête mais cela n’empêchait pas ses collègues, parfois, de le traîner à diverses célébrations plus ou moins imbibées où il finissait surtout par se charger de la surveillance de ses confrères les plus atteints, pareil à une immense maman cigogne surveillant avec inquiétude les ébats de sa jeune progéniture, et reconduire les plus fêtards jusqu’à leur domicile.

Ce fut sans doute ces ondes maternelles qui attirèrent l’homme qui vint s’accrocher soudain à sa cuisse. Lucian pencha la tête, un peu perturbé. A part avec la Fée Bleue, il n’avait pas l’habitude qu’on vînt l’aborder en visant droit au but. Il assista avec quelque anxiété à la chorégraphie savante qu’effectua l’inconnu pour se redresser, prêt à réceptionner toute tentative d’étreinte fougueuse tout en priant pour que ses collègues ne remarquent rien – les ivrognes ont un sens de l’humour peu élevé et l’assaut d’un inconnu suffirait à les faire rire pour le restant de la soirée, du moins jusqu’à ce que la chute d’un verre ou une blague particulièrement douteuse n’attire leur hilarité.

L’homme parvint à se tenir debout et parvint à marmonner des excuses.


- Mmh. Pardon. Désolé. J’fais pas ça souvent. J’ai l’droit. J’suis fatigué. Déprimé. Alors… Pas de sermon, s’il vous plaît. Je vais très bien. Trèèèès bien.

Lucian se détendit un peu. Pas de tentative de viol : juste une chute malencontreuse d’un ivrogne malheureux, très malheureux, et qui avait manifestement envie de parler. Il retint l’envie de jeter un regard coupable à ses compagnons. Il ne pouvait pas vraiment ignorer l’inconnu, pas quand celui-ci l’avait abordé lui – et puis, il n’avait pas vraiment l’air d’aller bien… Ca ne coûtait rien d’aider quelqu’un – de lui éviter, par exemple, d’aller s’affaler sur les genoux de consommateurs autrement plus susceptibles que Lucian.

- Et vous, ça va? Votre vie? Pas trop de débâcles? D’échecs? De déconfitures? s’intéressa l’ivrogne.

Les yeux de Lucian se décalèrent imperceptiblement vers la gauche, là où se trouvaient ses compagnons, et il sentit un scrupule l’étreindre. Ce ne serait pas vraiment aimable d’abandonner ses compagnons, mais il pressentait avec de plus en plus de certitude que sa soirée allait inclure l’inconnu en rôle principal. Semblant interpréter son silence comme un signe de détresse ou d’hésitation, l’homme lui tapota gentiment l’épaule :


- Vous pouvez tout me dire. J’suis certain que votre histoire vaut pas la mienne.

Le Traqueur hocha gravement la tête. Il n’était pas malheureux, et son histoire – son histoire avait ses côtés sombres, et quelques abîmes de démences auxquels il évitait de penser trop en détail, mais… il y avait survécu et il avait Froggie, le Capitaine – amnésique, certes, différent, oui, mais présent et vivant quand même – et puis les explosifs, si jamais il se trouvait piégé... Alors il ne s’en plaignait pas – et il évitait de trop s’attarder sur le passé.

- Ca va, déclara-t-il très sérieusement.Et vous ? Des problèmes ?

Et sur ce « des problèmes » s’ouvrit soudain l’abîme de silence que pouvait ouvrir le regard attentif et patient que Lucian posait sur vous – pas une pression ni une menace, non, juste un néant, non, un siphon de non-voix qui vous interpellait directement, impersonnel et vide, si vide, que vous pouviez à peine retenir le besoin pur et nécessaire de parler pour nourrir sa soif inhumaine afin de sauvegarder votre santé mentale soudain directement prise à part.

[Tu me dis si ça te convient x)]
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MessageSujet: Re: We must go to the whiskey bar, you know why. We must go to the whiskey bar, you know why. EmptyMar 15 Déc - 4:44

Ça va.

Wendy aurait bien aimé en dire autant. Pouvoir résumer la somme de son existence en ces deux petits mots, mesurer son état général et en conclure que « ça allait ». S’il avait été honnête, il aurait admis que ça n’était jamais bien allé. Et s’il avait été encore plus honnête, il aurait poussé la chose jusqu’à confesser que ça n’allait pas bien par sa propre faute. Parce qu’il ne voulait pas aller bien, parce qu’il se complaisait dans son malheur, parce que son infortune volontaire lui donnait sa raison d’être. Si les choses avaient été simples, tout aurait été si ennuyeux…

Mais Thomas Linton Wendover n’était pas encore prêt à accepter que les choses puissent être simples, du moins, pas encore. Peter, son passé d’Enfant Perdu, tout ça, c’était pareil à une blessure qu’on se refuse à laisser guérir. Plutôt que d’arracher le bandage d’un seul coup, le jeune homme préférait de loin le retirer millimètre par millimètre et déguster chaque seconde de cette torture. Boire à l’excès faisait partie de cette thérapie anti-choc. Wendy était passé véritable maître dans l’art de s’apitoyer sur son sort… et il semblerait qu’il était tombé sur l’interlocuteur, ou plutôt l’auditeur parfait pour un tel exercice.

Le silence s’était installé entre eux, un rideau qui s’ouvre sur une scène et Thomas s’y tenait debout, prêt à déclamer ses répliques, à se lancer dans le plus grand monologue du siècle depuis Hamlet et Cyrano. Il y avait quelque chose d’appétissant dans ce silence, dans cet espace à remplir, comme une table mise qui n’attendait que des convives. Wendy avait faim qu’on l’écoute et qu’on lui porte attention.

Après des années à occuper la position de bras droit de Peter Pan, à sermonner à qui-mieux-mieux et à faire de sa parole, une loi, retomber dans l’anonymat le plus total était nécessairement difficile. Pire, cet anonymat était loin d’avoir été choisi. À de nombreuses reprises, Thomas avait brûlé d’exprimer le fond de sa pensée au premier badaud venu. De désespoir, il en était même venu à se transformer en vieillard, à s’asseoir sur un banc près de la Mare aux Larmes et à apostropher les « jeunots écervelés » passant par là.

Devant une telle disponibilité, une telle écoute, Wendy ne pouvait que succomber à la tentation de se confier, de saturer de ses mots ce merveilleux vide, en oubliant jusqu’aux compagnons de table de l’inconnu.

« Des problèmes, vous dites? Je ne les compte même plus. »

Il s’appuya davantage sur le coin de la table, son corps risquant de s’affaisser sous le poids de l’alcool qu’il avait ingéré.

« Rien de trop grave. Seulement, vous savez, l’impression d’être au bout du rouleau, de n’avoir nulle part où aller ni personne vers qui se tourner. Eh bien, voilà. Rien de trop grave, comme je le disais. Ça arrive à tout le monde, en fait. Même aux plus grands! »

Même à moi, semblait-il plutôt vouloir dire. Plissant des yeux, il dévisagea l’inconnu avec attention, un sourire incongru naissant sur ses lèvres :

« Vous êtes pas un Traqueur toujours? Parce que vaudrait mieux que je vous raconte pas tout! »

Il étouffa un pseudo-ricanement derrière une main lasse. Raconter ses exploits à un membre de la Police des Contes! Ce serait bien sa veine!

« Mais non, je plaisante, monsieur l’agent. Je suis un honnête citoyen. Un honnête citoyen un peu ivre, voilà tout. »

Wendy se gratta la joue d’un air absent et interrompit aussitôt son geste en réalisant que la barbe qui aurait dû couvrir son visage avait disparu. Son pouvoir… Il avait dû rajeunir sans le vouloir pendant qu’il palabrait. Trop tard pour se vieillir à nouveau. Si les autres clients de la taverne l’avaient ignoré, son interlocuteur ne serait pas aveugle au point de ne pas remarquer que l’homme devant lui reculait dans le temps au gré de leur conversation.
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MessageSujet: Re: We must go to the whiskey bar, you know why. We must go to the whiskey bar, you know why. EmptyJeu 17 Déc - 16:01

Comme d'habitude, le silence de Lucian remplit son rôle. L'ivrogne ne demandait qu'à parler – généralement, à partir d'un certain nombre de verres, il ne demandaient qu'à parler. Lucian avait souvent dû ramasser des collègues en plein monologue avec une table ou une chaise compatissante.

« Des problèmes, vous dites? Je ne les compte même plus. »

Lucian hocha gravement la tête, les yeux fixés sur son compagnon, guettant le moment où il perdrait l'équilibre à force de s'avachir sur le coin de table. Il attendrait qu'il finisse de confesser le plus urgent – à savoir, probablement, que le monde était une vallée de larmes ; il semblait avoir l'alcool triste – pour l'inciter doucement à adopter une position plus confortable, sinon plus conventionnelle.

… Le visage de l'homme n'était pas non plus des plus conventionnels, réalisa-t-il en continuant à écouter les confidences imbibées de son compagnon. Il y avait quelque chose d'étrange... Quelque chose qui avait changé depuis le début de leur conversation... Mais il n'aurait pas su dire quoi.

Le jeune homme dut s'apercevoir de son attention et lui adressa un sourire tordu.


« Vous êtes pas un Traqueur toujours? Parce que vaudrait mieux que je vous raconte pas tout ! »

Rire étouffé. Ses instincts professionnels reprenant le dessus, Lucian dressa l'oreille. Un Traqueur ? L'homme avait-il quelque chose sur la conscience ? Ou était-ce juste le délire d'un ivrogne persuadé qu'on le recherchait toujours pour le vol d'un sac de bonbons à quatorze ans, ou que se cacher dans les poubelles pour effrayer les passantss étant à la fois une excellente plaisanterie et une grave infraction à l'ordre établi ?

« Mais non, je plaisante, monsieur l’agent. Je suis un honnête citoyen. Un honnête citoyen un peu ivre, voilà tout. »

Impossible à savoir. Il faudrait lui en faire dire plus, peut-être. En tout cas, maintenant, il comprenait clairement ce qui n'allait pas avec son mystérieux interlocuteur : il avait perdu une vingtaine d'années depuis le début de la conversation. Etait-ce la raison de son humeur morose ? Avait-il été maudit ? Il avait peut-être tenté de voler une sorcière. En tout cas, si le phénomène se poursuivait...

- Hmm.

L'onomatopée, davantage sortie du fond de sa gorge que clairement articulée, signifiait en langage Lucianesque que le monologue de son interlocuteur avait été écouté et approuvé.

- Vous avez été maudit ? Vous rajeunissez. Irrité un magicien ? Une sorcière ?

Sur quoi il se pencha doucement et, sans brutalité, redressa gentiment son compagnon pour lui éviter de faire une connaissance trop intime avec la table ou le sol. On avait connu des langues coupées par des mâchoires refermées trop brutalement lors d'une chute – Lucian était bien placé pour le savoir. Il l'incita à s'asseoir à côté de lui, veillant à son équilibre.

- Attention à la chute.

Pas besoin de presser l'homme - le garçon ? - sur ses agissements criminels ou non ; il n'y avait qu'à l'encourager à parler. Et veiller à ce qu'il ne tombe pas de son tabouret.
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MessageSujet: Re: We must go to the whiskey bar, you know why. We must go to the whiskey bar, you know why. EmptyMer 23 Déc - 18:41

On le rattrapa alors qu’il s’apprêtait à s’effondrer à nouveau. Un sourire rêveur flottant sur ses lèvres, Wendy se laissa installer sur un tabouret de bonne grâce. Si la même situation s’était produite avec Peter, sans doute que Thomas se serait étalé sur le sol il y a des lustres. Rien de trop beau pour divertir la Terreur de Neverland… Son lieutenant se serait relevé pour épousseter ses vêtements comme son amour-propre, évitant soigneusement de croiser le regard d’un Pan hilare. Heureusement, le compagnon de beuverie de Wendy possédait de meilleures manières, ce qu’il ne manqua pas de souligner :

« Ah, merci bien. Vous êtes fort aimable, jeune homme. »

L’ironie de la situation lui apparut et il porta sa main à sa bouche pour réprimer un gloussement. Lançant une œillade amusée à son interlocuteur, il répéta :

« Jeune homme. Huhu. »

Clignant des yeux, il essaya tant bien que mal de rattraper le fil de la conversation. Quelle avait été l’hypothèse de l’inconnu pour justifier ses voyages à travers le temps déjà?

« Hmm. Où en étais-je? Maudit par une sorcière, m’avez-vous dit? C’est bien possible. »

Wendy hocha la tête d’un air entendu, bien résolu à épaissir le mystère autour de sa personne plutôt que de l’éclaircir. Il n’était pas tout à fait idiot. Même s’il avait perdu ses inhibitions, il n’avait pas l’intention de révéler que son nom était Thomas Linton Wendover, ex-Enfant Perdu, recherché à travers Malkins. Expliquer la cause de son rajeunissement lui paraissait tout aussi dangereux. Que son confident fasse partie de la Police des Contes ou pas, celui-ci rentrerait peut-être chez lui ce soir-là, raconterait toute l’affaire à son épouse, qui la colporterait à son tour, jusqu’à ce qu’on fasse le rapprochement entre l’étranger de la taverne et le fugitif dont la tête était mise à prix.

Malgré sa réserve et ses précautions, force était d’admettre que l’oreille de son interlocuteur était trop attentive pour qu’il la rejette d’un revers de main. Si on lui donnait la garantie qu’il pourrait s’exprimer sans crainte, alors peut-être…? D’un ton hésitant, le garçon fit connaître ses doutes à son confesseur :

« Je… Je… Mmh… Je sais pas si je devrais vous parler, après tout… C’est personnel, tout ça. »

Il poussa un soupir, puis posa son menton sur le rebord de la table, étonné de constater qu’il lui fallait étirer son cou pour ce faire.

« Même si vous êtes pas Traqueur, sait-on jamais, hein? Vous pourriez... »

Il secoua la tête, ne se donnant pas la peine d’achever sa phrase pour son interlocuteur. Vous pourriez me vendre pour récolter la récompense offerte par les forces de l’ordre en échange de ma capture.

« Et non, je voudrais pas ça. Oh que non, » compléta-t-il.

Ses pensées dérivèrent un instant vers cette prime ridicule, qui blessait décidément son ego. Il ne put s’empêcher de grommeler à voix haute :

« Quatre mille Yubas. Humpf. Quatre mille, vous y croyez, vous? » demanda-t-il, se tournant vers son directeur de conscience.

Ce silence, toujours. Cette épaule qu’on lui accordait, seulement pour qu’il s’y épanche. Il ne pouvait la laisser passer! Se redressant avec toute la dignité qu’il pouvait réunir en cet instant d’ivresse, Wendy se racla la gorge avant d’énoncer
:
« Je ne parlerai que si vous me promettez que mes déclarations seront protégées par le secret professionnel. Êtes-vous capable d’une telle promesse, jeune homme? »

Il avait élevé solennellement son doigt en l’air pour exprimer ses conditions… et remarqua aussitôt que la taille de cette dernière avait été sensiblement réduite et aussi que sa voix était drôlement fluette pour une occasion si officielle. Fichtre. Il agita ses jambes de frustration pour réaliser que ses pieds ne touchaient même plus par terre. Quel âge pouvait-il avoir? Dix ans, tout au plus? Fermant les yeux, Thomas se massa les tempes d’un air fatigué. Il devait se concentrer et tenter de maîtriser son pouvoir, sans quoi il se retrouverait à sucer son pouce et à réclamer que l’inconnu le berce en lui chantant une comptine.

Après un instant d’extrême effort, il crut avoir regagné assez d’années pour soutenir une discussion d’homme-à-homme. En effet, ce fut d’une voix mature qu’il s’enquit :

« Alors, c’est oui ou non? »
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MessageSujet: Re: We must go to the whiskey bar, you know why. We must go to the whiskey bar, you know why. EmptyDim 3 Jan - 21:31

« Hmm. Où en étais-je? Maudit par une sorcière, m’avez-vous dit? C’est bien possible. »

Lucian avait rarement vu de pré-adolescent s'exprimer avec un langage aussi châtié. Il hocha gravement la tête. Il était très doué pour être grave. Sa seule présence, dans les situations solennelles, apportait ce cachet, cette présence qui distinguait le Grand Évènement du petit. Malgré le contexte quelque peu déplacé - une taverne emplie d'ivrogne - et l'aspect quelque peu juvénile de l'un des interlocuteur, le moment prit donc tout à coup une importance toute historique. Quelque Chose s'apprêtait à se produire : il était donc tout naturel que Wendy, malgré ses doutes, se laisse aller là où l'Histoire voulait le mener.

« Je… Je… Mmh… Je sais pas si je devrais vous parler, après tout… C’est personnel, tout ça. »

Lucian hocha la tête, émit un "Je comprends" purement formel - plus que le constat d'une compréhension, il s'agissait d'assurer son interlocuteur que lui, Lucian, était purement d'accord avec lui quelque soit la décision qu'il prendrait. Son interlocuteur tenta de poser le menton sur le rebord de la table et il surveilla discrètement toute oscillation dangereuse de l'enfant - car c'était maintenant un enfant qui lui parlait, nageant sans paraître s'en apercevoir dans ses vêtements trop grands.

« Même si vous êtes pas Traqueur, sait-on jamais, hein? Vous pourriez... »

L'inconnu secoua la tête, passa à une nouvelle idée sans achever sa pensée :

« Et non, je voudrais pas ça. Oh que non. Quatre mille Yubas. Humpf. Quatre mille, vous y croyez, vous? »

A ce stade, Lucian abandonna toute tentative d'analyse. Il était un homme d'action, pas de réflexion. Le buveur n'était vraisemblablement pas un Epouvanteur, ni un professionnel ; il n'était pas non plus tant habitué à une vie de crime, ou il ne se serait pas mis en position vulnérable dans un endroit dangereux.

Bref, il ne savait pas trop que penser de l'individu mais, quelque part, tout au fond de lui, il devait s'avouer ressentir l'indice d'une ombre de curiosité envers la cause de cette récrimination yubaienne.

« Je ne parlerai que si vous me promettez que mes déclarations seront protégées par le secret professionnel. Êtes-vous capable d’une telle promesse, jeune homme? »

Le "jeune homme" détonnait un peu dans la bouche d'un enfant, mais Lucian sut quand même acquiescer de la tête avec toute la gravité exigée par la situation. Son interlocuteur, cependant, sembla soudain remarquer sa perte d'âge, prit l'air contrarié et vieillit soudain. La chose était assez fascinante à regarder. Etait-ce là son pouvoir ? Pas de malédiction, alors...

« Alors, c’est oui ou non? »

Lucian prit quelques instants pour réfléchir. De toute façon, s'il disait non, l'homme ne lui dirait rien, donc il ne saurait rien. S'il le traînait au commissariat, le résultat serait le même. S'il disait oui, il garderait le silence mais saurait au moins de quoi voulait parler l'individu.

... D'après sa logique, du moins.

Il ne vit donc aucun mal à hocher la tête.

- Je promets que je garderai tout pour moi., affirma-t-il sérieusement.


[préviens-moi si tu veux que quelque chose empêche ta confession, ou si tu veux plus d'action /o/ Et désolé du retard, j'avais pleins de réponses à faire, de trucs à écrire... et j'ai glandé infâmement ;_;]
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MessageSujet: Re: We must go to the whiskey bar, you know why. We must go to the whiskey bar, you know why. EmptyVen 8 Jan - 3:22

Thomas avait gardé les yeux fixés sur l’inconnu, attendant sa réponse non sans appréhension. Il n’allait pas sans dire qu’il mourait d’envie de se confier, mais une petite voix à l’intérieur de lui – appelez-la sa conscience, son Surmoi ou son trouble-fête personnel – lui intimait de n’en rien faire. Qui que soit son inconnu et peu importe son rôle dans la société malkinienne, il serait plus qu’imprudent de révéler ne serait-ce qu’une information permettant de remonter jusqu’à Thomas Linton Wendover, alias Wendy, premier Lieutenant de Peter Pan.

Décider par lui-même n’était pas une qualité que Wendy possédait; qu’il l’admette ou non, il préférait toujours se laisser emporter par le courant, faire mine d’exprimer son avis, puis applaudir ou souligner d’un « je vous avais prévenu! » bien senti le couronnement d’une entreprise. C’était ainsi qu’il s’était retrouvé parmi les Enfants Perdus, s’était hissé au haut des échelons sans y laisser sa peau, en évitant toujours de se compromettre et en prenant le moins d’initiatives possibles. Cette fois encore, il crut bon de s’en remettre au choix de son compagnon de beuverie. S’il lui fallait essuyer un refus, il le ferait avec dignité, il hocherait la tête avec lenteur et laisserait peut-être sous-entendre que l’inconnu avait loupé l’opportunité de son existence, avant de s’éclipser en toute discrétion…

Ce scénario ne put jamais être mis à l’épreuve, puisque son bienfaiteur promit de tenir sa langue. Avalant sa salive avec difficulté, Thomas opina du chef à son tour, essayant de remettre un peu d’ordre dans ses pensées confuses.

« Bien. Bien, » murmura-t-il, pour calmer ses angoisses.

La situation était étrange, car jamais auparavant ne s’était-il senti à ce point pressé de confesser ses fautes, d’avouer sa solitude et sa détresse. Jamais n’avait-il songé à répandre ses états d’âme en présence de Peter… Non, c’était faux. Il y avait songé, il en avait rêvé, mais il n’avait jamais eu le courage de le faire, sachant très bien l’accueil que recevrait un tel abandon. Mais comment pouvait-il être si certain de la réaction de Peter? Peut-être Thomas se méfiait-il trop du monde qui l’entourait…

Le jeune homme mit fin à ses réflexions, se rappelant que son auditeur attendait toujours son histoire. Par où commencer?

« Mon récit n’a rien de bien extraordinaire, au fond, débuta-t-il, d’un ton mal assuré. Vous savez ce que c’est la jeunesse… »

Il jeta un coup d’œil à l’homme assis près de lui. Quel âge pouvait-il bien avoir? Au-dessus de vingt ans, en-dessous de trente ans? Bof, peu importe. N’importe qui était à même de comprendre ce qui lui était passé par la tête.

« J’étais inconscient, influençable et j’ai rencontré des gens peu recommandables qui m’ont entraîné dans leur folie, leur délinquance. »

Était-il juste de décrire Peter de cette façon? Après tout, celui-ci ne l’avait jamais forcé à le suivre, son Wendy avait agi de son plein gré. Réalisant que ses propos laissaient croire qu’il n’avait qu’une marionnette sans libre-arbitre, son ego piqué le poussa à préciser :

« J’ai essayé de les en empêcher, bien sûr. Je leur rappelais souvent quelle était la bonne conduite à adopter. »

Il faillit sourire en songeant à cette dite « bonne » conduite. Ses mains à lui étaient demeurées propres, c’était là l’essentiel…

« Mais croyez-vous qu’ils m’écoutaient? Bien sûr que non. »

Au fil de son monologue, Thomas Linton Wendover avait repris du poil de la bête. Sa parole avait toujours été son meilleur atout, celui dont il était aussi le plus fier. L’alcool avait sans doute abaissé sa garde, mais son esprit était resté fidèle au poste. À l’entendre, on pouvait s’imaginer qu’il regrettait sa jeunesse dorée, l’époque où il commettait de petites infractions en compagnie d’autres garçons de son âge, mais les termes demeuraient si vagues, si près de l’euphémisme, qu’ils auraient très bien pu couvrir des crimes bien plus horribles.

« Mais ce qui n’était, au départ, que de simples jeux d’enfants se sont transformés en… en véritable projet d’avenir. »

Sa narration commençait à atteindre ses passages les moins reluisants, ceux qu’il devait taire, mais également, ceux qui l’attristaient le plus, ceux qui lui manquaient le plus. Poussant un léger soupir, Wendy étendit sa main pour se saisir de la choppe à moitié-pleine de son interlocuteur, ne se gênant pas pour boire une ou deux gorgées avant de poursuivre :

« Je suis resté jusqu’au bout, tout de même, parce que je suis un homme d’honneur, moi, je n’abandonne pas les autres à leur sort, moi, martela-t-il, en tapotant sa propre poitrine du bout de son index. Mais, les choses ont mal tourné et me voici. Ivre. À raconter mon histoire à un parfait inconnu, dans une taverne mal famée. »

De retour tout au fond du baril. Celui de la vie tout comme celui de l’alcool. Un nouveau soupir s’échappa de sa poitrine et il déposa ses bras sur la table pour y enfouir son visage.

« Et quatre mille stupides Yubas pour l’imbécile heureux qui me ramènera au Q.G. des Traqueurs… » marmonna-t-il, entre ses dents, ne se souciant plus du tout qu'on prête oreille à ses paroles.



[Rhooo! Aucun problème voyons x) Je comprends tout à fait, avec la période des Fêtes, toujours difficile de poster. D'ailleurs, désolée du retard aussi, la rentrée m'a tenue plutôt occupée ces derniers jours. S'il y a un truc, préviens-moi et j'édite!]
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MessageSujet: Re: We must go to the whiskey bar, you know why. We must go to the whiskey bar, you know why. EmptyMar 19 Jan - 23:34

Et l'ivrogne de céder au silence de Lucian comme tant d'autres avant lui avaient craqué. Un peu réticent, comme souvent. Plus digne que certains ("arrêtez de me regarder comme çaaaaa, je vais PARLER d'accord, juste, juste, arrêtez"), moins sobre que l'immense majorité par contre.

Un peu angoissé, peut-être. Rien de nouveau. Il demeurait peu clair. Influence de l'alcool, ou alors la culpabilité à avouer ses erreurs de jeunesse.Lucian supposait qu'il pouvait le comprendre. Il n'avait pas eu l'occasion d'en commettre, mais ses camarades lui avaient raconté bien des récits épiques sur leurs égarements passés. Il ne regrettait pas vraiment d'avoir raté cette partie de son adolescence - de toute façon, qu'aurait-il fait ? Plein de principe et d'enthousiasme - ç'aurait été tellement facile, ignorant de ses origines, de se laisser emporter par le jeu, et alors une morsure accidentelle, un élan trop brutal...

Il se crispa imperceptiblement, ramena son attention sur son compagnon. Peut-être avait-il trop bu, finalement.

« Mais croyez-vous qu’ils m’écoutaient? Bien sûr que non. »

Plus d'enthousiasme, celui d'un homme habitué à s'écouter, à être écouté - et pourtant quelque chose de trop pompeux dans le ton, de trop mature. L'inconnu ne venait pas des quartiers les plus sombres de Woollyland, c'était certain. L'un des représentants, peut-être, de cette tranche privilégiée de la population effectivement prompte aux erreurs de jeunesses.

« Mais ce qui n’était, au départ, que de simples jeux d’enfants se sont transformés en… en véritable projet d’avenir. »

On but à sa chope. Il n'objecta pas. Il avait assez bu pour ce soir.

« Je suis resté jusqu’au bout, tout de même, parce que je suis un homme d’honneur, moi, je n’abandonne pas les autres à leur sort, moi. Mais, les choses ont mal tourné et me voici. Ivre. À raconter mon histoire à un parfait inconnu, dans une taverne mal famée. »

On s'affala sur sa table.

« Et quatre mille stupides Yubas pour l’imbécile heureux qui me ramènera au Q.G. des Traqueurs… »

Quatre mille yubas. Le montant était bas - pas un Epouvanteur. Ce projet d'avenir si noblement baptisé sonnait comme une fugue aux oreilles du Traqueur. Pas une bonne idée, ça, lorsque vous n'aviez connu que le luxe et l'aisance. Lucian doutait que le garçon ait seulement un endroit où demeurer. Possédait-il un peu d'argent ? Avait-il abandonné ses compagnons de fuite ? Il ne pouvait pas le forcer à se rendre, évidemment, et il avait promis de garder le secret, mais ce n'était pas une très bonne idée pour un garçon seul... Il tapota l'épaule du jeune homme en attendant de savoir quoi faire. Se connaissant, il risquait de l'héberger quelques nuits.

Une voix perçante, cependant, interrompit ses réflexions - une voix qu'il aurait qualifiée de familière, sauf qu'elle n'était pas si traînante d'ordinaire. Un regard, une identification rapide - Elspeth Snarktongue, soixante-quinze ans, collègue rousse et pleine de courbes, regard fixé sur le jeune homme.

- LUCIAN !

Pause. Sourcil froncés, bouche écarlate plissée. La jeune femme chercha la suite de sa diatribe :

- LUCIAN ! TU DRAGUES. Tu DRAGUES les GENS dans les BARS. Et tu les EVINRE... FAIS BOIRE DE L'ALC-ACL-CHOSES ET TU DRAGUES. J'en suis NURE... snûre... choses !! TU FAIS SEMLBANT D'ERTE INNOCENT MAIS POURQUOI TU PARLES A LUI ALROS. LORS.

Nouvelle réflexion. Lucian se vit foudroyer du regard.

- ET INUTILE DE ME DIRE QUE JE SUIS IVRE PARCE QUE C'EST POMPETTE. Que je suis. Alors voilà.

Il n'était pas sûr d'apprécier la tournure que prenait la situation. Il tenta cependant, avec peut-être un peu trop d'optimisme, de s'essayer à la logique contre l'ivresse :

- Je ne suis pas intéressé par ce genre de chose. Et je ne le connais même pas.

Car, s'il concevait parfaitement que d'autres pussent s'activer au ras des pâquerettes avec des inconnus, la chose était si étrangère à la nature du Traqueur - le sexe tout court, à vrai dire, était si étranger à sa nature - qu'il lui semblait parfaitement naturel qu'on le crût lorsqu'il affirmait n'avoir aucune mauvaise intention.

Restait à savoir si son nouvel ami partagerait sa confiance en lui.
Lucian Hauer
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