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Nous n'irons plus aux bois { Alsheim ♪ }

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MessageSujet: Nous n'irons plus aux bois { Alsheim ♪ } Nous n'irons plus aux bois { Alsheim ♪ } EmptyJeu 29 Oct - 21:19

C’était une journée morose qui se transformait lentement en journée agaçante. Adrian s’ennuyait, dans l’obscurité de son petit appartement de l’Envers du Miroir. Il n’avait strictement rien à faire, ce jour-là. Désespoir du désœuvrement. L’ennui, il n’y avait vraiment rien de pire. Alors, pour le tromper, il s’était mis en tête de bichonner ses petites marionnettes chéries. Toutes. Une par une. S’attardant un peu plus sur Nero. Ce cher amour l’avait accompagné en mission, la veille au soir, et il était tout sale. C’était indigne de lui. Il devait être le plus beau. Parce qu’il était son préféré.

Mais le temps ne voulait pas passer. A croire que quelqu’un avait mis de la mélasse sur sa route. Adrian avait horreur de la mélasse. C’était proprement écœurant. Tellement visqueux… Refoulant ces répugnantes pensées, le Marionnettiste s’approcha de sa fenêtre et jeta un furtif coup d’œil à l’extérieur. Hum. La journée n’était pas finie. Elle était même loin d’être finie. Que pouvait-il bien faire pour tuer le temps ? Le meurtre ne lui semblait pas très attrayant, en ce sinistre début d’après-midi. Peut-être serait-il mieux inspiré de sortir. Oui, sortir… Une petite virée à l’extérieur. Et pourquoi pas une chasse ? L’ombre d’un sourire – carnassier – passa sur le visage blafard. Oui, c’était ce qu’il avait de mieux à faire. Aller à la recherche d’un enfant perdu. Et aujourd’hui, Silvio viendrait avec lui. Silvio, les petits garçons l’aimaient bien. Parce qu’il avait de beaux yeux bleus qui brillaient. On les aurait cru vivants…

[…]

    « Dis-moi, petit garçon, tu ne voudrais pas voir un spectacle de marionnettes ? »

    « Qui êtes-vous ??? »

    « Oh, je ne suis qu’un simple marionnettiste… Tu peux m’appeler Gepetto, si tu le veux… »

    « Ge… Gepetto… ? »

    « Mais oui… Gepetto ! »


De toute évidence, le sourire du Marionnettiste – qui se voulait pourtant aimable et rassurant – ne plut pas trop au petit garçon. Car celui-ci s’en fut aussi vite que le lui permettaient ses petites jambes. Adrian resta immobile quelques instants, songeur, observant l’enfant courir de façon désordonnée dans la clairière, l’étudiant presque, se demandant quels matériaux seraient les plus adaptés pour rehausser la magnifique couleur noisette de ses yeux. Le petit garçon disparut soudain de son champ de vision. Alors ses lèvres fines s’étirèrent, laissant voir des dents immaculées, acérées. La chasse était ouverte…

[…]

    « Petit garçonnn ? Où es-tuuu ? »


Le petit garçon ne lui répondait pas. Pourtant, Adrian savait bien qu’il n’était pas loin. Son instinct de prédateur le sentait. Sa peur, sa détresse, son désespoir. Autant de sensations qui semblaient vouloir se graver à même la peau recousue du Marionnettiste, indiquant sommairement la position de sa proie. Dieu qu’il aimait traquer les enfants. Par contre, le plaisir n’était pas aussi intense qu’il l’aurait dû. Peut-être était-ce dû à cette désagréable impression de déjà vu qui l’avait étreint dès lors qu’il avait, à la suite du petit garçon, pénétré dans la Forêt Absurde… Tout ceci avait un air de Neverland et d’affrontement déloyal. Mais cette fois, Adrian était sur ses gardes. Prêt à asservir quiconque ferait le moindre mouvement dans les sous-bois. Et même sur les branches. Il ne referait pas la même erreur… Sourire glacial, dégouttant de détermination.

    « Reviens, petit garçon ! Ne veux-tu pas voir une marionnette ? Tu vas te perdre si tu t’éloignes trop… »


Allons, tes parents ne t’ont donc pas appris qu’il ne faut pas courir sur les sentiers ? Surtout lorsqu’il s’agit des chemins changeants de la Forêt Absurde… Ce qui l’agaçait particulièrement, c’était que même lui commençait à perdre ses repères. Si cela continuait, il risquait fort bien de se perdre pour de bon… Bah, il finirait bien par trouver un moyen de sortir. Quitte à rentrer en sautant de branche en branche… Ce qui ne serait pas très pratique, avec un enfant dans les bras… Même assommé… Hum, voici qui était contrariant, vraiment… Adrian se retourna rapidement. Juste à temps pour voir le petit garçon qui, sorti de sa cachette de fortune – quelques feuilles mortes recouvrant une crevasse – s’était remis à courir, à la recherche d’un endroit plus sûr. Voyons, on n’échappait pas aussi facilement au Marionnettiste… Avec un sourire, celui-ci reprit sa poursuite.

Mais la poursuite ne dura pas. Elle fut en effet interrompue par l’arrivée inopinée d’un gouffre murmurant intempestif. Lequel avala, sans plus de cérémonie, le délicieux petit garçon qu’Adrian se réservait pour le dessert. Voilà qui n’était pas fair play du tout… Exaspéré au possible, le Marionnettiste cessa sa course et s’approcha précautionneusement de l’odieux gouffre. Il ne s’agissait pas qu’il se fasse engloutir, non plus. Les yeux fixés sur le trou béant où avait disparu sa chère proie, il ne s’aperçut même pas que le gouffre murmurant avait également avalé d’autres proies. Ni que leur chasseur arrivait justement, de l’autre côté…
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MessageSujet: Re: Nous n'irons plus aux bois { Alsheim ♪ } Nous n'irons plus aux bois { Alsheim ♪ } EmptyJeu 29 Oct - 23:20

Peu de gens remarquent vraiment que l'essentiel de la population de la forêt absurde est composée d'oiseaux. D'oiseaux-lunettes, d'oiseaux-pelles, d'oiseaux-crayons, certes.... D'oiseaux tout de même. Au sol, il n'y a presque aucune vie, mis à part les Oiseaux-klaxons qui, bien évidemment, ne volent pas, et ressemblent à d'adorables kiwis en caoutchouc violet. Quelques Renards-Tiroirs, peut-être. Mais marginaux. En ce début de soirée, les Souris-optiques (Allez savoir de quel esprit malade est sorti ce mélange, qui n'assemble même pas d'objet connu) sortent en bandes de leurs terriers, pour profiter de la fraîcheur, et, ce soir particulièrement, les voila spectatrices d'une bien curieuse scène.

?


Plus tôt dans la journée, Alsheim, étrangement désœuvré, lui aussi, contemplait fermement les bouloches de poussière s'accumulant sur son bureau, tandis que Liam se lissait consciencieusement les plumes, et grignotait avec délice ce qu'il trouvait parfois entre. -Le Traqueur était d'ailleurs persuadé que c'était là un comportement propre à tous les Liam, qu'ils soient à poils ou à plumes, et il en retirait un certain entendement. Puis comme la journée ne se décidait pas à devenir subitement passionnante, il décida qu'il allait lui-même lui botter les fesses. Évitant un capitaine Mirror chargé d'une pile de dossiers plus funestes que leur propriétaire, le canard sous le bras, il déserta proprement le Quartier Général.

!


Aucune activité industrielle, au cœur de la forêt. Seulement le calme, le silence, la petite vie affairée des bestioles aléatoirement générées par l'endroit. Des musaraignes à roulettes s'égaient sous les pieds du futur-Capitaine, poursuivies par la machine de guerre à plumes duveteuses que figure Liam, tandis qu'un pic-vert-ouvre-boîte se perche sur l'épaule d'Alsheim, inspectant d'un œil rond la pomme de l'arrosoir antique qu'il tient à la main. Il le chasse d'un haussement de bras un peu alarmé, n'ayant pas envie de voir se faire éventrer son unique arme; plus ou moins irremplaçable. (A la différence de la grammaire.) Au dessus de lui, les frondaisons s'entremêlent en froufroutant, jouant peut-être à un jeu dont elles seules comprennent les règles. L'herbe rougeoie sous les pas du baladeur, qui n'en est pas réellement un.

Car si Alsheim est là, à la tombée de la nuit, un Arrosoir à la main, un appeau alambiqué autour du cou, c'est qu'il y a une très bonne raison.
Si si.

Le sifflet est détaché du cou, porté à la bouche. Le glougloutement aqueux, un peu affolé, qui en sort brusquement sous l'appel d'air fait sursauter le flic, qui s'obstine néanmoins. Il déambule ainsi, troublant la paix du lieu de ses bruits obscènes, priant pour ne croiser aucune jeune demoiselle un peu prude qui le prendrait pour une nouvelle sorte de pervers et appellerait la... Euh... Ben, la police, en fait. Donc lui. C'est ridicule. L'œil scrute l'orée des arbres, inlassablement patient. GLOUGLOUGLOUGLOU... Le cri d'amour par excellence. GLOUGLOUGLOUGLOU. Un mouvement. Un buisson qui s'agite. Une tête chauve, de la taille d'un pamplemousse, qui en émerge façon périscope supersonique à bec.

- Glock ?
- GLOUGLOUGLOU ?
- Glock !

La bestiole sort de son fourré, craintive, mais intriguée. C'est une Aucruche, une race rare dont le corps est uniquement formé d'une grosse jarre colorée, d'où partent une paire de pattes maigrelettes et fripées aux ergots meurtriers, et une tête grise à l'expression stupide. Selon la légende, celui qui en possède une est capable de lui faire produire le vin le plus capiteux et délicat qu'il soit, vendu au prix d'or sur les marchés. Bien sûr, le seul moyen de capturer une Aucruche est de remplir son corps de flotte jusqu'à ce qu'elle perde l'équilibre au milieu de sa course.
D'où l'arrosoir.

Un pas. Un second. Une main qui se tend, toute gentille et toute innocente, vide d'arme et pleine d'espoir de pouvoir choper le long cou de la bestiole sans trop de peine, pour l'immobiliser définitivement. Un coup de bec part, lui intimant de garder ses distances, et Alsheim abandonne l'idée de la facilité. L'Aucruche penche la tête, méfiante, le contourne vivement pour découvrir l'arrosoir qu'il tenait jusqu'alors caché dans son dos. Grillé.


C'est donc une scène monumentalement étrange à laquelle assistent les Souris-Optiques, s'alignant bien droit sur leurs pattes de derrière pour mieux voir, découvrant leur ventre lumineux rouge auquel personne n'a d'explication. Une Aucruche gigantesque à moitié pleine d'eau débarque à toute vitesse dans la clairière (en clapotant : Glockglou, Glockglou!), poursuivie par un canard jaune fluo et un jeune homme trempé, armé d'un arrosoir presque vide, qui s'échine à rester en course bien qu'il soit visiblement essoufflé. Et là, contre toute attente, s'ouvre un Gouffre Murmurant, décidant d'avaler l'échassier ET le palmipède, sous le cri rageur du Traqueur de Bestioles.

- OH NON, CERTAINEMENT PAS !

Et puis leur regard se croisent, lorsqu'il n'y a plus rien à faire, lorsqu'ils sont tous les deux face à face au bord du gouffre. Alsheim est rouge écrevisse, les cheveux plus bouclés que jamais sous l'humidité, monstrueusement en désordre. En tant que Traqueur, il est méconnaissable, lui toujours en costard et tiré a quatre épingles. Il souffle comme un bœuf, décolle les mèches qui envahissent son front, balance son arrosoir à l'intérieur du gouffre avec rage, se redresse à moitié, main sur le genou -plein de terre. Il a du, en plus, se casser la gueule-, et salue, enfin.

- Oh, bonsoir, belle journée, n'est-ce pas ? V'z'avez perdu quelque chose là dedans aussi ?

Mais on ne laisse pas le temps à Adrian de répondre. Un rire pataud et gras, comme seul les poignées de porte et les gouffres murmurants peuvent en faire, lorsqu'ils ont bien mangé, retentit dans l'obscurité, qui se fait plus présente. Claquement de lèvres géoexpressives, sourire de pierre, le sol se trémousse sous les pieds, les obligeant quelque peu à trébucher.

- Aaaoooh... Jolie prise, hu-hu. Ce sont des choses auxquelles vous tenez, je parie. Pas très digestes, néamoins... Approchez, approchez encore un peu que je puisse vous contempler.

Bien entendu, Alsheim n'est pas dupe, et il espère sincèrement que son compagnon d'infortune est de la même trempe. Reculant de quelques pas, il ne sait que faire un instant, décroise les bras, renoue ses cheveux, cherchant l'inspiration dans les étoiles. Dans ses souvenirs, on ne parle pas mal à un gouffre, ou alors il vous avale.

- En effet, je tiens beaucoup à mon canard... (démonstration d'attachement. Étrangement, il la trouve soudain ridicule. Même si c'est un canard intelligent.) Alors si vous pouviez me le rendre...

Couinchement de geyser, multitude de chocs marmoréens. Et un cancan de canard, là, tout au fond de la faille, comme s'il se moquait en utilisant des sons qui ne sont pas les siens.

- Oui, si je te le rends ? Et toi, là bas, si je te rends ton garçonnet ? Vous serez quoi ? "Éternellement reconnaissants" ? On ne dupe pas les pierres, mes petits, mes faibles amis. (glougloutement phréatique.) Ooh, excusez-moi, j'ai des renvois. Y'a une source d'eau gazeuse juste en dessous de vos pieds. Hum. Oui, oui. J'ai une meilleure idée. Vous allez être reconnaissants dès à présent, et, ensuite, nous verrons pour libérer vos chers petits.

Difficile de refuser. Même si toute mère consciencieuse apprend à ses enfants dès leur plus jeune âge que l'on ne marchande pas avec les gouffres.
...Attends une seconde. Comment ça "garçonnet" ?
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MessageSujet: Re: Nous n'irons plus aux bois { Alsheim ♪ } Nous n'irons plus aux bois { Alsheim ♪ } EmptyVen 30 Oct - 21:27

Un cri retentit, dans le soir naissant. Ah non, il ne manquait plus que ça ! Les yeux d’Adrian heurtèrent ceux d’un homme – qui n’en avait pas vraiment l’air – et l’exaspération le gagna totalement. Comme s’il avait en plus besoin d’un autre importun pour troubler ses affaires. Cette journée était décidément désagréable. Profondément. Le Marionnettiste toisa ce gêneur d’un regard glacial, presque méprisant devant ce pitoyable chasseur détrempé – que diable faisait-il avec un arrosoir au beau milieu de la forêt ?! – Belle journée ? Certainement pas…

Et cela ne semblait pas près de s’arranger. Il n’eut pas le temps de répondre à la question que l’individu lui avait posée – et quelle question ! – Humpf. Soupir écœuré devant la quasi-vulgarité du Gouffre Murmurant. Démonstration de l’inélégance, dans toute sa splendeur, de ceux qui avaient festoyé à outrance. Et il n’était pas encore rassasié, si l’on en croyait ce ridicule piège qu’il leur tendait outrageusement. Vraiment, ces gouffres… Tendez-leur un morceau de sucre et ils vous avalent tout entier. Aucun savoir-vivre… Alors que le chasseur détrempé reculait sensiblement, Adrian ne bougea pas. Une curieuse idée lui traversait l’esprit, soudain… Pouvait-on asservir un Gouffre Murmurant ? C’était un principe intéressant… Original, pour sûr. Mais encore une fois, le gêneur était de trop. Lorsqu’il s’adonnait à son Art, le Marionnettiste n’aimait pas être observé. Les témoins, c’était facilement traumatisable. Et ça avait des réactions un peu trop excessives, parfois. Il en avait fait l’expérience bien trop souvent. Peut-être devrait-il juste l’éliminer… ? Non, cela ne marcherait pas. S’il commençait par le tuer, le Gouffre pourrait disparaître avec sa proie et s’il s’occupait d’abord du Gouffre, il prendrait le risque de voir s’échapper le chasseur… Les témoins, c’était vraiment une plaie.

Crispant les poings dans ses poches et grinçant des dents, Adrian se résigna à ne rien tenter. Tant pis pour son expérimentation avortée, ce serait pour une autre fois. Et le témoin gênant ne perdait rien pour attendre… Celui-ci reprit la parole. Et à part lui, Adrian se dit qu’il aurait tout aussi bien rester silencieux. Il tenait à son canard… Un soudain élan de pitié compatissante gagna le cœur du Marionnettiste. Peut-être devrait-il abréger ses souffrances. Il était sûr qu’il viendrait en aide à toute la population de Malkins, ainsi. Et qu’il deviendrait le héros des petits garçons, qui viendraient à lui d’eux-mêmes… Oui, parce qu’il fallait vraiment être souffrant et atteint d’une maladie incurable pour errer dans la Forêt Absurde avec un canard – un canard !!! – auquel on tenait beaucoup… Et le perdre, de surcroît. Dans un Gouffre Murmurant. Tant d’étrangeté intriguait Adrian. Etait-il en présence d’un… crétin congénital ? Cela expliquerait beaucoup de choses, assurément – l’arrosoir et le canard, entre autres…

Et le Gouffre parla. Comment ? Il voulait négocier la libération des otages ? Le Marionnettiste retint un claquement de langue dédaigneux. On ne marchande pas avec un Epouvanteur. On lui rend sa proie en s’excusant du dérangement, si l’on ne veut pas être réduit en charpie… Question : Comment s’y prenait-on, au juste, pour réduire en charpie un trou arrogant, vulgaire et insupportable ? Soupir de lassitude. Un instant, Adrian fût tenté d’abandonner proie, gouffre, traqueur et canard, et de rentrer se consoler dans les bas-fonds de Woollyland. Là bas, il trouverait autant de petits garçons esseulés qui voudraient bien lui tenir compagnie. Il lui en faudrait au moins une dizaine. Adorables et délicieux. Ou peut-être simplement demander à Pearl s’il pouvait partager son dîner – il lui ferait la vaisselle, pour la remercier. Il était sûr que ses douceurs sucrées le réconcilieraient avec la vie… Mais malheureusement, le Marionnettiste ne laissait jamais une proie lui échapper – sauf en cas d’extrême nécessité, comme une certaine proie de Neverland – dût-elle finir au fond d’un trou ensorcelé. Sa voix claqua soudain. Pleine de froide assurance.

    « Et puis-je savoir ce que vous désirez ? »


Car il voulait quelque chose en échange, naturellement. Une preuve matérielle de leur « reconnaissance éternelle ». Peuh ! S’il l’avait su, Adrian se serait abstenu de poser la question. Oui, parce que la réponse lui donna comme une envie de jeter une pomme explosive dans le trou. Dommage qu’il ne soit pas si intime avec Muscarine…

    « Eh bien, j’aimerais quelques… Oh, soyons larges ! Je veux plusieurs choses, et vous allez commencer par un tronc de Calyptusse. Et un beau, hein !! Pas un pourri… Sinon, vous pouvez dire adieu à vos chers petits, hu hu… »


… Un Calyptusse ? Il les prenait pour qui, au juste ? Adrian retint une réplique acide qui lui venait aux lèvres. Il y avait des jours comme ça où il fallait ravaler sa fierté. Le Marionnettiste jeta un œil à son compagnon d’infortune. Il n’avait pas spécialement l’air de le reconnaître, mais il fallait rester prudent malgré tout. Il était recherché, n’est-ce pas ? Et en parlant de recherche… Comment diable allaient-ils s’y prendre pour trouver une plante aussi rare (et aussi semblable au Hêtre-d’eau, espèce si répandue dans la Forêt Absurde) avec la nuit qui tombait… ?

Et Adrian se demanda sérieusement si le petit garçonnet en valait vraiment la peine…
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MessageSujet: Re: Nous n'irons plus aux bois { Alsheim ♪ } Nous n'irons plus aux bois { Alsheim ♪ } EmptyJeu 5 Nov - 23:40

Adrian est tagué sur tous les murs du QG. Même, si, généralement, moins, sur ceux du Capitaine Feignasse. Et plus il l'observe, son compagnon d'infortune, plus il contemple la vapeur lui sortant métaphoriquement des oreilles, tant il semble enervé, plus il lui... Rappelle quelqu'un.
Alsheim est dans une situation instable. Il ne peut pas réellement exister en tant que Traqueur sponsorisé par les plus grandes marques de haute couture féérique, s'il se trimbale en jeans et veste de cuir. Il lui manque une cigarette, un brushing, quelques bijoux très parcimonieux, et une flopée de subordonnées, pour se sentir dans le personnage. De plus, il n'est pas armé. Alors, sa conscience fait le travail à sa place, bloquant gentiment ses neurotransmetteurs, et empêchant les fils de se toucher. Généralement, ça lui réussit très bien, et son air imbécile à l'air plus vrai que nature. Lorsqu'il sera seul avec l'étranger, peut-être que ses niveaux de danger faiblirons, et qu'il se souviendra miraculeusement du Marionnettiste. (Et a ce moment-là, il se rendra compte qu'une absence d'arrosoir ne constitue pas tellement une arme convaincante. )

Adrian lui envoie un regard noir, et le Traqueur peut quasiment distinguer les mots "Crétin congénital" affichés en néons luminescents au dessus de la tête muette et courroucée de l'Epouvanteur. Il sursaute, fronce les sourcils, ce qui lui donne l'air charmant, plutôt que râleur, et essore le devant de son débardeur, tâchant de reprendre au moins le niveau 1 de son charisme habituel. (niveau 1 : Handsome, niveau 2 : Hot, niveau 3 : Oh my god. Le niveau 4 est un peu flou, généralement, et a goût de champagne.) Le niveau 2 est bloqué par la perte honteuse de son canard.

Le gouffre a un sourire, ou ce qui peut s'en approcher lorsqu'on n'est qu'une faille dans la terre, alors qu'il met en place les termes du contrat. Très bien, aller chercher un arbre dans la forêt. En pleine nuit. Il le fera. Il le fera obligatoirement, il ne peut laisser Liam au fond du trou. L'aucruche, encore, c'est accessoire, c'est pour le Sport... Mais son canard est un petit bout de lui, un bout précieux, celui qui fait coin-coin, généralement. Et pour ne pas y aller seul, la partie rusée de son cerveau, très peu utilisée, s'éveille en hoquetant, et le voila qui s'entend déclamer.

- Très bien, je vais le faire.

C'est précipité, c'est affirmatif, et c'est, surtout, fait exprès. Non pas pour impressionner le gouffre, mais bien indiquer à l'autre étranger, entouré de sa sensation de "déjà vu", que s'il veut revoir ce qu'il a perdu au fond de sa faille, il n'a qu'à le suivre. Qu'il s'occupera de la partie chiante du travail, que l'autre peut se contenter de l'accompagner et vautourer les miettes qu'il laissera. D'expérience, n'importe quelle épreuve est beaucoup plus agréable à effectuer quand c'est un autre qui s'y colle. Tout bon cancre scolaire assez populaire pour aller dans le groupe des bosseurs sait cela.

Déjà, il s'éloigne, les mains dans les poches de sa veste à l'odeur de cuir stimulée par l'humidité. Un frisson. N'étant jamais resté tard la nuit dans cette forêt, il ne pouvait soupçonner qu'il y ferait aussi froid. Un Calyptusse. Bordel, il va mettre la nuit tout entière pour en trouver un joli. Contrairement à leur arbre générique le hêtre-d'eau, le Calyptusse est le seul à soigner les maux de gorge et décongestionner les sinus de ceux qui en inhalent le parfum. Les prochaines heures allaient être, donc, consacrées à l'inhalation de mille troncs pour en capter un qui sent bon, parmi neuf cent quatre-vingt dix-neuf qui sentent l'arbre.

Eh bien, il risquait de ne pas être très frais, le lendemain, au boulot. Bien sûr, comme il avait fait un recel assidu de jours de congé, il en devait à son chef depuis trois ans... Et ne pouvait donc pas se permettre de se faire porter pâle. (Deux fééricomédecins s'étaient suicidé près avoir entendu ses plaintes constantes de douleurs dans le poil de sa main. La nouvelle était gentille et avait de gros seins, alors il souhaitait la garder un peu plus longtemps. Farleigh prenait ça pour un étrange excès de zèle, ou un alignement bienheureux des planètes, voir une phobie de son nouvel oreiller.) Haussant les épaules, Alsheim compta jusqu'à dix. Se retourna.

- Bon, tu viens, ou je vais sauver ton fils sans toi ?

Bien sûr, cette conviction filiale venait de sa conscience, qui n'allait ne s'allumer que lorsqu'il aurait un gros bâton d'Aubépinailler dans la main, histoire de pouvoir appréhender l'Epouvanteur presque aussi bien qu'avec son habituelle matraque télescopique. En attendant, c'est un sourire un peu enjôleur, car il ne sait pas en faire d'autre sorte, qu'il dédie à Adrian, par dessus son épaule, comme si c'était une vraie proposition à aller courir tout nu dans les bois.

[Un hiboudeur, bestiole orangeâtre qui fait la gueule tout le temps, renifle de façon dédaigneuse au passage des opposés juridiques, unis un bref instant dans le manque de chance. L'un, celui aux cheveux longs, celui qui sent le cuir et la flotte et la course à travers les arbres, se sort une clope, la défroisse avec une application votive, petits bruissements de papier fin et de peau légère. Une fois digne d'être fumée par le Canard, il la porte à ses lèvres, fait jaillir dans les ténèbres le brasillant d'un roulement de pierre à briquet, et fume, finalement. Petit bruit caractéristique d'une délicate et régulière injection de cancer directement dans l'âme, en passant à peine par les poumons. Il rejette une fumée vert pomme, mais qui s'en soucie ? Un coup d'oeil. La conversation s'engage, même si elle n'en a pas foncièrement envie.

- Ca n'est pas un acte bien prudent, de se promener ainsi. La forêt absurde, il y a meilleurs terrains de jeux. Surtout la nuit. Surtout avec un enfant.

Toujours ce ton ampoulé, cette voix chaude. Alsheim n'a même pas l'air d'avoir considéré la probabilité que le Marionnettiste soit à son goût, il ronronne par habitude, parce qu'il ne sait rien faire d'autre. Et son discours, s'il n'est pas bien intéressant, n'est pas non plus décousu ou idiot, alors peut-être que le canard n'est qu'une suprême fantaisie de la part d'un individu normal de Malkins. Bien petite, comparée à ce que doit fréquenter Adrian chez les Epouvanteurs.

Voila, un premier tronc caractéristique, bleuâtre rayé de lunaire. Avec l'exacte impression d'être le dernier des cons, et qu'une dizaine de personnes le regardent à travers un petit écran brillant en se marrant, le Capitaine approche son nez d'une branche à sa hauteur.

Ben, non. C'est juste un arbre.]
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MessageSujet: Re: Nous n'irons plus aux bois { Alsheim ♪ } Nous n'irons plus aux bois { Alsheim ♪ } EmptyLun 9 Nov - 23:24

Surtout, rester calme. Ne rien dire qui pourrait offenser le Gouffre, il n’avait pas spécialement envie de le voir disparaître en avalant sa proie. Eclat d’ironie, dans les prunelles d’acier. Depuis quand Adrian se préoccupait de ce qui pouvait offenser d’autres que ses chères marionnettes ? Seigneur, devoir surveiller ses paroles alors qu’il ne s’adressait en somme qu’à un vulgaire trou… Peut-être étaient-ce là les premiers signes annonçant le début de sa dégénérescence… Il devait commencer à vieillir et ressentir les effets abêtissants de la sénilité… Ridicule.... Hum, trêve de stupidités.

Le regard du Marionnettiste passa froidement du Gouffre à l’autre idiot au canard. Son cas devait véritablement être désespéré. Preuve en était la façon complètement – n’ayons pas peur des mots – idiote dont il avait accepté la proposition du trou. Même si cela ressemblait plus à un ordre qu’à une simple proposition. Et puis ce « Je vais le faire »… Comptait-il tout faire tout seul ? Alors qu’il n’était qu’un crétin congénital ? Hum… Adrian haussa les épaules intérieurement. Pourquoi pas, après tout… On venait de lui offrir gracieusement une marionnette volontaire, motivée et tout à fait autonome. Il n’allait pas s’en priver ! Même s’il doutait fermement de son « autonomie » et de son efficacité… Quoi qu’il en soit, il était là pour tirer les ficelles, n’est-ce pas… Du moins, en théorie… Dans quelle stupide aventure s’était-il embarqué ?! Un faible soupir s’échappa de ses lèvres. Il aurait peut-être dû se contenter de l’obscurité de son appartement et de la douceur de ses marionnettes. Trop tard, pour les regrets – qui n’en étaient pas vraiment, de surcroît.

Mains dans les poches et regard dans le vide, Adrian ne s’aperçut pas vraiment que l’idiot au canard s’en allait fièrement braver seul les dangers de la Forêt Absurde. Du moins, jusqu’à ce qu’il l’interpelle. Et… Sourcils froncés imperceptiblement, lueur glaciale dans ses yeux. Le Marionnettiste grinça des dents. Depuis quand le crétin congénital se permettait tant de familiarité, à son égard ? Et puis, de quoi parlait-il ? Son… fils ? Mais non, voyons, il s’agissait de sa proie ! Hum, mais il ne pouvait pas vraiment le dire ainsi, n’est-ce pas ? Même à un crétin congénital de la plus noble lignée… De toute façon, c’était là l’habituel quiproquo. On prenait généralement les petits garçons qu’il poursuivait pour ses enfants – il n’avait pourtant jamais eu ce genre de pulsions incestueuses… A ses débuts, il avait effectivement utilisé cette excuse, toute prête. Mais il s’était rapidement rendu compte que le malentendu était à double tranchant. Pour le moins désagréable. Et dangereux, surtout. Il fallait donc rapidement le dissiper. Cependant, la prudence de l’Epouvanteur se trouva temporairement paralysée, tandis qu’un frisson horrifié lui courait le long du corps. C’était quoi, ce sourire qu’il lui lançait ?! L’espace d’une seconde, Adrian se sentit souillé… Et sur un dernier grommellement, il emboîta le pas au chasseur détrempé. Tsk. Déchéance…

En temps normal, une petite partie de chasse nocturne dans une forêt aurait été un moment délectable, pour le Marionnettiste. Mais les temps normaux n’incluaient pas de se faire volontairement manipuler par un Gouffre Murmurant, ou de supporter la présence d’un imbécile. Surtout lorsqu’il fumait. Frisson réprimé. Avait-on idée de fumer dans une forêt ? Ses parents ne l’avaient donc pas éduqué correctement ? A la pensée que tant de bois pouvait flamber juste à cause de cet idiot, Adrian fut tenté de l’étrangler sur-le-champ. Il dût fournir un effort supplémentaire pour se retenir. Ses nerfs survivraient-ils à l’épreuve que leur avait imposée l’immonde trou ? Il commençait à douter… Mais restons aimables.

    « Je le sais bien. C’est justement ce que je disais à Damien, mais il a tenu à venir… Et il n’est pas mon fils mais mon neveu… Je ne comprends pas ce qui lui a pris, aujourd’hui, il n’est pas si capricieux, d’habitude… »


Soupir de l’oncle accablé, mais qui parvenait néanmoins à garder son sang froid. Malgré la colère – entièrement dirigée contre lui-même, hein – qui l’avait envahi, auparavant. Adrian était trop lui-même pour être un bon comédien. Mais généralement, il arrivait à berner les imbéciles. Et, dans ses retranchements de certitudes, il était persuadé que celui qui l’accompagnait était un brillant représentant de cette espèce. Ses convictions se renforcèrent d’autant plus lorsque l’individu entreprit de… renifler une branche ? Le Marionnettiste haussa un sourcil suspicieux – mais pas trop, il fallait tenter au mieux de jouer la comédie…

    « … Hum… Puis-je savoir ce que vous faites ? »


Il ne comptait tout de même pas reconnaître un Calyptusse grâce à son parfum, n’est-ce pas ? Il n’était pas aussi niais, n’est-ce pas ? N’est-ce pas ? Les mains d’Adrian se crispèrent si violemment qu’il crut que ses ongles finiraient par percer le cuir de leurs gants pour mieux s’enfoncer dans la chair de ses paumes. Quelques longues secondes lui furent nécessaires pour parvenir à maîtriser sa colère et, il l’espérait, le tremblement de sa voix.

    « Vous savez… Il y a d’autres moyens pour reconnaître un Calyptusse… »


Et il les connaissait déjà lorsqu’il avait huit ans. La forme du tronc, les petits détails des nervures des feuilles, le fait qu’il puisse se développer dans un environnement moins humide que le Hêtre-d’eau… Certes, avec la nuit, il ne pourrait pas vraiment faire attention aux détails. Mais il lui restait le toucher… Mauvais pressentiment, d’un coup…

    « Si vous voulez bien me prêter votre briquet, je pense que nous pourrions aller plus vite qu’en respirant simplement l’odeur des branchages… »


En fait, le feu n’avait rien à y voir. Il suffisait juste d’enlever un gant et de caresser tous les troncs susceptibles d’être des Calyptusses… Brûler un morceau d’écorce ne servirait qu’à une inutile confirmation et à jeter de la poudre aux yeux du chasseur au canard. Son pressentiment se confirmait... Qui allait tout faire, déjà... ? Et en guise d’explication :

    « Mon père était menuisier... Il m’a appris quelques petits trucs… »


Et par ailleurs, c’était la plus pure vérité…
Puppet Master
Puppet Master
S.R.F.
S.R.F.
HUMEUR : Obsédée
CITATION : "L'Homme est une Marionnette Consciente qui a l'Illusion de la Liberté" Le Dantec

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FICHE : Jolies Marionnettes ~
NOTEBOOK : Collection Privée ~
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MessageSujet: Re: Nous n'irons plus aux bois { Alsheim ♪ } Nous n'irons plus aux bois { Alsheim ♪ } EmptyMer 18 Nov - 6:23

Les yeux s'abaissent sur les balafres blanches de l'arbre maigrelet, un peu trop étriqué vers le ciel. On dit que les bouleaux étaient uniquement gris, avant de se faire égratigner par la lune, dans un de ses soirs de fougue... Cela pourrait tout aussi bien être vrai, qu'en sait-il... La forêt absurde n'apprécie pas tant les colifichets. Elle n'est pas simplement un nom, elle est tout un concept, une monstrueuse machine d'imaginaire fumante et hurlante roulant comme un bulldozer à l'assaut de la sanité. Il fallait la connaître, il fallait apprendre à l'apprécier pour ce qu'elle était - un embroglio de cauchemars tangibles tout prêts à cueillir l'estomac à même le ventre. Elle déroulait les entrailles des moins méritants, des plus terre-à-terre, et perdait encore les aguerris. En cela, elle Lui ressemblait. Le Vieil Ami. Ses balbutiements lacérés et extatiques étaient juste remplacés par de réelles matérialisations absurdes. Elle était moins hilarante, moins grandiloquente... On pouvait dire, plus ou moins, que la Forêt Absurde avait emprunté son nom à Fréneuse. Mais il le portait mieux qu'elle, et Alsheim préferait le consommateur à la consummée.
Beaucoup d'affection, néanmoins. Cette impression diffuse et chaude d'être en territoire connu. Peu importait au Capitaine d'avoir l'air idiot, à frôler du souffle les arbres. C'est comme ça qu'il désirait faire. Il connaissait les autres méthodes, mais lui voulait s'en assurer ainsi. Pas autrement. Embrasser chaque tronc de sa curiosité comme on souhaite bonne nuit à ses amantes, celles qui ne partagent pas la même couche. L'oeil de velours et de bois chaud défie, et le briquet est soigneusement rangé contre sa poitrine, poignet plié avec la délicatesse du cou des cygnes.

- Faites comme bon vous semble.

Et laissez moi la paix de la fantaisie. Il s'interroge un instant sur un scénario plausible, s'éloignant entre les ronces et la gentiane, dérangeant du genou des paons de nuit, ces énormes oiseaux gris et bleutés qui appellent leur ami Léon dans l'obscurité. (Et Léon ne vient jamais.) Si l'indigent individu avec lequel il se prend à balader dans le noir trouvait un Calyptusse avant lui ? L'aura d'hostilité bouillonnant de tout son être dès qu'il portait l'oeil sur le Canard, tellement lourde et mousseuse qu'elle en était tangible, ne fait que peu d'illusion. La recherche allait-elle se tranformer en course ? En défi ? Peut-être était-ce même déjà le cas, peut-être avait-il instauré les hostilités de lui-même en refusant à l'autre de lui offrir son feu. Ma chandelle est morte, je n'aime plus ce jeu...

Peu importe. Entre deux lâchés fulligineux à la face de la nuit, Alsheim disparait à demi, percevant l'éclat délicat d'un nouveau tronc. C'est une quête mauvaise et un peu vaine, qui renvoie de plus un plus un sentiment insécuritaire... Des milliards d'yeux dans la nuit. Le pied bat la mesure pour se donner de l'entrain, alors que l'Aristocrate de gouter d'anniversaire, changé en trappeur détrempé, s'ennuie, et a froid. Ce tronc n'est pas plus un Calytusse que celui-là, et se lèvres s'écorchent un peu à ses aspérités, de manière fortuite. La comptine du Pierrot tintille un peu plus fort dans sa tête, et c'est... Bizarre. Les yeux gris plein de haine. Ouvre moi ta porte... Orgue de Barbarie. Mort ou vif. Mort ou vif ? A présent qu'il est éloigné, sa conscience à niveau double semble vouloir l'éveiller sur le danger. Mort ou vif. Le Marionnettiste. L'oeil d'acier déchirant le bureau de Mirror avec l'efficacité des lames que l'on tire dans les rues sombres. Il ne faut pas se souvenir. Mais déjà, les automatismes de Traqueur s'imbriquent de nouveau les uns dans les autres comme les phalanges délicates des gants des armures. Il s'abaisse au sol, les mains dans la boue, exactement pour s'en souiller les joues. Non pas que devenir un Rambo maigre soit deenu la priorité dans ses fantasmes, mais maquiller ses traits et ne plus rien évoquer à personne lui apparait soudain comme une bonne idée. L'odeur de l'humus monte autour de lui, envahissant sa vision un instant.

Est-ce que l'autre l'a reconnu ?

Le Marionnettiste. Il a un nom. Sucré et piquant, un petit pot de sauce salsa. Il ne s'en souvient pas. Catégorie : Epouvanteurs. Que FICHE un épouvanteur en pleine brousse d'inventivité, tard la nuit ? Alsheim reparraît sur le sentier, des marques noires sur le visage, un peu plus aléatoire encore qu'avant. Il a essuyé ses mains dans les ronces et en subit maintenant la morsure délicate en silence, il a d'autres chats dans ses pensées. Il n'est pas armé. On dirait bien que le Marionnetiste ne l'est pas plus... Quoi qu'il peut y avoir n'importe quoi dans son sac à dos. Le Traqueur a de la corde, mais même pas beaucoup. Juste assez pour faire une longe à l'Aucruche -un rêve bien éloigné de toute réalisation, à présent.- Et pour être honnête, il n'est pas SI bon en noeuds. Le plus sécuritaire à jouer ce soir est l'imbécile, et Alsheim est un maître en ce domaine. Un grand sourire lui festonne les joues de fossettes pointues, lorsqu'il reparaît.

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MessageSujet: Re: Nous n'irons plus aux bois { Alsheim ♪ } Nous n'irons plus aux bois { Alsheim ♪ } EmptySam 28 Aoû - 19:53

    Comme son nom l'indiquait, la Forêt Absurde échappait quelque peu à la logique humaine. C'était un lieu sauvage, à la logique toute personnelle - l'absence de, plutôt ?... - et aux courants d'énergie imprévus.

    Ce fut l'un de ces courants d'énergie, justement, qui vint achever de bouleverser les journées déjà bien gâchées des deux hommes. Le silence de la forêt se fit soudain presque assourdissant ; puis l'on put entendre - trop tard - un grondement soudain, de plus en plus fort, comme celui qu'auraient pu faire, par exemple - par exemple - plusieurs animaux sauvages courant à plein galop vers les deux voyageurs imprudents.

    Pourquoi couraient-ils ? Seul la Forêt Absurde aurait pu le dire. Pourquoi vers cet endroit en particulier, et à cet instant particulier ? Encore une fois, aucun esprit humain n'aurait su l'affirmer avec certitude. Ce qui fut certains, c'est que les bêtes mythiques dont Alsheim avaient tant rêvé avaient répondu à son appel mental - qu'ils accourraient, même, poussé par un enthousiasme visible. Une horde de spécimens de tous formats et toutes couleurs apparut soudain de derrière un buisson - comment avait-il pu cacher un tel débarquement derrière ses feuilles malingres ? Autre secret forestier - et s'interposa, par la force des choses, entre les deux hommes. Se mettre à l'écart n'allait malheureusement pas suffire à apaiser la folie forestière puisque, soudain, le grondement gagna en amplitude - et ce flot de bestioles qui semblaient ne devoir jamais se tarir ! - et ce fut six, sept nouvelles files d'animaux déchaînés qui firent irruption sous le couvert des arbres, dont l'Aucruche chère à Alsheim. Un regard aviaire se posa sur le Traqueur et, sans ralentir sa course, l'étrange oiseau pencha la tête pour la glisser, tout à fait platoniquement, entre les jambes du jeune homme et le charger sur son dos. Chercha-t-il à se désarçonner ? Mais, de toute façon, une mer animale l'entourait, le chargea...

    Mais le Marionnetiste n'eut pas à être jaloux de son ennemi ; lui aussi, en effet, connaissait un succès inédit parmi la gente animale puisqu'un immense loup-sanglier le faucha d'un coup de patte pour le jetter en travers de son dos et de celui d'un loup-tartine. Si se faire mettre plein de confiture de groseille sur ses habits l'affligeait, les bêtes prévoyantes surent terminer leur course dans une rivière ; là, l'homme flotta tandis que ses porteurs, semblant soudain ne plus se soucier de leur fardeaux, ne se préoccupèrent pas de le remettre sur leur dos et firent soudain demi-tour.

    La quête de Calyptusse était-elle chose interdite dans la Forêt Absurde ? Nul ne le saurait jamais. Une seule chose était sûre : le Marionnettiste rentrerait bredouille de sa quête.
Miss Modération
Miss Modération
la plantaventureuse
la plantaventureuse
HUMEUR : Vicieuse ♥
CITATION : Je suis Dieu. \ô/

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