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Dindons farcis ? Poulets rôtis ? Manqué !

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MessageSujet: Dindons farcis ? Poulets rôtis ? Manqué ! Dindons farcis ? Poulets rôtis ? Manqué ! EmptySam 20 Juin - 15:17

Les mers avaient passé leur robe de minuit, offraient par leur calme un visage d’innocence dont les touristes se montraient toujours friands.
Des touristes. Le port en regorgeait encore. Leurs yeux accrochés aux représentations océaniques de la lune, ils ne pouvaient discerner l’essentiel du futile. Soit soupçonner la proximité de quelque mauvais artiste. Pourtant, celui qui demeurait non loin partageait une douce amitié avec la lune, phare de ceux-ci, protection de ceux-là.
Protection pour lui. A l’extrême totalement infréquenté du port, une chute vertigineuse de rochers recelait le flottement régulier d’une péniche habitée. Il fallait un pied sûr et une connaissance parfaite des pierres perfides pour y accéder. Perfides car elles avaient chacune leur particularité, émettaient des sons différents, captés par un mécanisme directement relié à la péniche. Celui ou celle qui ne posait pas le pied sur les bonnes pierres déclenchait alarme et divers pièges. La caméra ne servait qu’à recueillir d’éventuelles chutes. Car c’était drôle, non ?
Walrus déteignait trop sur lui.

D’ailleurs, Walrus était parti. Pour une course. Il ne savait pas laquelle.

— Et ne t’avise pas de revenir tâché de sang. Je ne veux pas de saleté ici, avait averti Sylar avec sérieux, ceci malgré son ignorance totale.
Il ne fut pas sûr d’avoir été entendu.
Mais il avait balayé ses inquiétudes d’un clignement posé des paupières, puis baissé les yeux sur son livre, confortablement installé au fond d’un fauteuil. Droit, jambes élégamment croisées, égal à lui-même. Seul le tutoiement avait barré d’un grand trait blanc la toile sombre qu’il incarnait.
… Et alors ? Et alors rien. Il se souvenait encore de la première fois, quand le « tu », déconcertant de spontanéité lui avait tordu la bouche sans permission préalable.
… Et alors ? Et alors rien. Il avait accepté Walrus comme un chat accepte son maître. Tantôt tout fait d’indifférence, tantôt rempli de désir d’apprivoisement. Un jour la tête encline à épouser le creux de sa main, le lendemain répugné à l’idée de n’être pas tranquille. Et ce soir ? Sylar était un chat indécis.
Il espérait voir son coéquipier revenir sous peu.
Très peu.
En même temps, il ne s’était pas attendu à ce qu’il partît. Et il n’avait pas eu tort, mais ne se doutait de rien. Se perdait entre les lignes de son livre en attendant son hypothétique retour.

C’était l’histoire d’une créature mi-homme… mi-moule, terrorisant les habitants d’un monde qui n’assumait pas les estomacs récalcitrants. Cet homme là avait goûté une moule pour la première fois à trente-trois ans.
Mais son estomac refusa catégoriquement le fruit de mer qui s’attaqua alors à l’organisme du pauvre homme. S’ensuivit une métamorphose malheureuse. Moralité ? S’assurer une éducation culinaire dès l’enfance. L’adulte éviterait ainsi les désagréments du « Je goûte pour essayer. »

… Qu’est-ce que c’était que ce livre ? Médusé, Sylar considéra longuement l’imposant « The End » qui clôturait la folle aventure. Son expression n’avait pas varié, composée d’indifférence et d’incrédulité. Mais il se rassurait intérieurement, se trouvait heureux d’être à l’abri de l’abrutissement causé par de telles insanités.
… A l'abri ? Vraiment ?

[Walruuuus… ? 8D]
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MessageSujet: Re: Dindons farcis ? Poulets rôtis ? Manqué ! Dindons farcis ? Poulets rôtis ? Manqué ! EmptySam 20 Juin - 16:51

    {Je veux être un homme-huitre !! @__@ /PAN/}

    J'avais promis, silencieusement, mais promis tout de même. Sylar avait cette fâcheuse obsession pour la propreté... J'adorais rentrer couvert de sang, à une heure plus que tardive, afin d'observer cette petite ride qui s'animait alors sur un côté de son front: jolie palpitation et trace ultime d'une colère non apparente. C'était bien trop plaisant, pourquoi diable aurais-je dû y résister ? Et ne t’avise pas de revenir tâché de sang. Je ne veux pas de saleté ici... Marché conclu ! J'avais décidé de fournir un effort, non négligeable, pour cette fois du moins.

    Soupire. Reflet du croissant de lune, la petite fiole se régalait de la lumière des réverbères et des lanternes, ricochant sur mes jointures avec dextérité. Pas de taches de sang, il n'avait qu'à s'en prendre à lui même si cela ne lui plaisait pas. Car s'il y avait bien une chose que j'avais toujours consenti à ne pas explorer, c'était bien sa réserve à poisons. Ultime bastion contre mon invasion, je n'y mettais jamais les pieds. Jamais, jusqu'à ce soir. La curiosité est un bien vilain défaut. Je m'y étais glissé, ombre furtive et désinvolte... Je m'étais contenté de rapporter de mon petit cambriolage une fiole choisie au hasard. La couleur m'avait plu, et c'était tout. Quand au reste, je lui faisais assez confiance pour penser qu'il s'intéressait principalement à des substances peu communes et définitivement dangereuses. Et j'avais eu raison...

    Mains dans les poches, la fiole au creux de l'une d'elles, j'arpentais les ruelles étroites et bruyantes du port sans me soucier de la foule environnante, oppressante. Conversations futiles et dérisoires s'entremêlaient anarchiquement, se fondant en un tumulte irréductible. Familles et couples en multitude se bousculaient maladroitement. Leurs rires et leurs chansons m'asseyaient de toute part ! Pourtant, à quelques mètres de là, mon contrat gisait macabrement au coin d'une ruelle sombre. Vous prendrez bien un verre ? Quelle ineptie... Tout de même, le poison quémandait plus d'ingéniosité. Et puis, il fallait bien admettre qu'à première vue, je n'inspirais pas véritablement confiance. Mais c'était fait. Et pas une goutte de sang ! Une unique interrogation vagabonde animait mon esprit alors: l'avait-il déjà remarqué ? Je comptais là dessus. Peut être allais-je obtenir bien plus qu'une simple palpitation colérique cette fois !

    Soupire de nouveau. Je m'étirai, félin ensommeillé, j'étais pire qu'un gosse en sa présence. Toujours à l'affut de la moindre réaction, cherchant l'occasion de le pousser à bout par simple caprice. Alice n'avait pas de semblables effets secondaires. La marquise non plus. Peut être était-ce parce que nos tempérament s'accordaient de beaucoup, alors que celui de Sylar s'opposait toujours. Toujours ? Non... Notre relation tenait juste de l'instabilité, changeante et insondable. Un papillon de nuit atteint de la fascination pour l'une de ces grosses lanternes luminescentes. Lorsqu'il s'en approchait de trop, il s'y brulait les ailes. Mais il y revenait quand même, insatiable et persévérant. Et je ne savais pas... Je ne savais pas qui de nous deux pouvait bien être le papillon...

    « Oh... »

    Elles attirèrent soudainement mon regard, délices pour les yeux, au milieu de la petite place... C'était à n'en pas douter le destin !

    (...)


    Je pénétrai dans la péniche comme à mon habitude: tout en discrétion... Un violent coup de pied rencontra plusieurs portes successivement, puisque mes mains étaient trop occupées à soutenir le trésor du jour - ou plutôt du soir -... Tout compte fait, cette foutue fête des pêcheurs, évènement annuel tant attendu, avait du bon.

    Finalement, mes yeux se posèrent sur lui. Frisson. Comme ça pouvait être énervant ! La caissette de bois quitta mes bras protecteurs avec nonchalance, déposée sur une table sans délicatesse aucune... Le bruit dû l'alerter, mais de toute manière, je m'étais déjà glissé dérrière lui, fauchant au passage le vieux bouquins qui trônait entre ses mains.

    « L'homme-moule... ..... »

    Ah... J'avoue avoir été quelque peu médusé moi aussi sur le moment... Je ne m'étais certainement pas attendu à ce qu'il choisisse pareille lecture en mon absence ! Sans voix - ce qui tenait du miracle - je me laissai glisser dans un coin du fauteuil, poussant Syl' sans aucune gène. De toute façon, aux vues de nos constitutions respectives, il y avait de la place pour deux... Ce qui ne m'empêcha nullement de m'approprier une plus grosse partie du territoire. Absorbé que j'étais par la fascinante couverture du bouquin, je finis par me tourner vers lui, vraisemblablement pas coupable le moins du monde du fait de notre proximité forcée - et de mon égoïste tendance à prendre toute la place -...

    « Et bien... Si mon absence te met dans cet état, au point que tu en viennes à te jeter corps et âmes dans les aventures de l'homme-moule, je crois que je vais culpabiliser à mort chaque fois que je t'abandonne... »

    Comme si j'en étais seulement capable... Un sourire sarcastique déchira les lèvres pleines qui ne tardèrent pas à lâcher de violents éclats de rire ! J'étais continuellement dans la démesure, je m'emportais si facilement alors que lui donnait dans l'opposé... M'adossant contre un bras du fauteuil, je posai ma tête sur le rebord, moue capricieuse au coin des lèvres. J'attendais. S'était-il aperçu de la fiole manquante, de mon impardonnable intrusion ? Et puis je me rappelai leur présence à elles, la fête des pêcheurs, le marché, la caissette de bois...

    « J'ai ramené le dîner. »

    C'était catégorique et sans appel. Silencieuse et appétissante, la montagne d'huitres patientait dans la caisse de bois...


Dernière édition par Walrus le Ven 18 Déc - 15:47, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Dindons farcis ? Poulets rôtis ? Manqué ! Dindons farcis ? Poulets rôtis ? Manqué ! EmptySam 20 Juin - 19:23

… Vraiment. A l’abri, certes, mais il n’avait toujours pas refermé le livre. Il poussa même le vice jusqu’à feuilleter les pages encore une fois, un simple effleurement du regard. Comme s’il cherchait à se convaincre qu’un tel manque de goût pût exister. Puis il en vint à se demander… Comment ce livre était-il arrivé jusque dans sa bibliothèque ? Occupé à réfléchir, à se souvenir, il se crispa lorsque lui parvint un claquement de porte. Il était revenu !! Mais deuxième claquement de porte. Troisième. Chacun s’était accompagné d’un regard en coin, synonyme d’agacement, mais surtout de résignation embêtée. A gauche, à droite, à gauche. Il n’avait même pas pris la peine d’étouffer lui-même le vacarme.

Il ferma finalement les yeux. Se crispa davantage, grisé et méfiant. C’était sa façon d’apprécier cette présence derrière lui. La sienne. Une entité bel et bien là, mais jamais acquise.
Quand il les rouvrit, ses mains étaient vides. Peut-être aurait-il dû dissimuler l’affreuseté dans un recoin du fauteuil ? Il tourna un regard inexpressif vers Walrus, cependant, il était possible de discerner un léger pincement de lèvres, à croire qu’il tentait de se persuader intérieurement, et sans succès, qu’il n’y avait aucune honte à avoir. Vanité certifiée par l’absence de réaction de son coéquipier. Pas de sarcasme ? Allons ?
Non. Walrus prouva d’abord combien il était encombrant. Un frisson hérissa sa nuque au contact pourtant anodin. Anodin ? Rien n’était jamais anodin avec eux. Il se retrancha vers ce qui lui restait d’espace – vraiment très peu, levant au plafond des yeux remplis d’abnégation. Son bras – celui du côté de Walrus – avait épousé le sommet du dossier afin de ne souffrir aucun inconfort. Lui non plus ne se sentait pas coupable. Mais il fallait l’avouer, Walrus n’en manquait pas une pour rappeler à Sylar son acceptation. Etait-ce un mal, du reste ? Sylar trouvait hypocritement le moyen de s’en réjouir : il risquait de l’oublier, cette acceptation. Croyez-y, vous lui ferez plaisir.

Sa poitrine se gonfla, le temps d’une inspiration plus longue que les autres. Ce fut pour contrer le rire de Walrus d’une… expiration dédaigneuse par le nez. A la façon d’une duchesse, il dévisageait son coéquipier qui s’exaltait comme il en avait l’habitude. Ils formaient le plus provocant des oxymores. Walrus, tapageur, Sylar, imperturbable. Mais fustigé par l’ironie du premier. En conséquence, il lui fallait se défendre.

— Dans ce cas, je trouverai la prochaine fois un autre divertissement afin de t’épargner toute culpabilité. Il doit encore exister beaucoup de choses dans lesquelles se jeter corps et âme, n’est-ce pas ?

D’autres choses ? Il n’ajouta rien pour dire quoi. Au risque d’inspirer un tout autre genre de sentiment, qu’introduisait le « N’est-ce pas ? » dégoulinant d’insolence.
Après s’être délecté un instant du caprice délicieux qui venait d’éclore sur les lèvres de Walrus, Sylar récupéra son livre, sans la brusquerie d’une possession qu’il n’assumait de toute façon pas, et se dégagea de leur prison.

— Trop aimable, s’enquit-il d’une voix monotone en gagnant la table. Il examina brièvement la caisse, se pencha pour se redresser aussitôt, agressé par l’odeur de mer qui s’en dégageait. La fête des pêcheurs. Des huîtres. Et à en croire le ton précédent de Walrus, il avait réellement l’intention de lui faire partager ces horreurs encore vivantes.
Horreurs vivantes.
Ses yeux embrassèrent très succinctement la couverture du livre qu’il tenait enco… Ah, non. Il le déposa sans cérémonie sur la table, ou plutôt, il s’en débarrassa, projetant de réfléchir à un usage judicieux du recueil un autre jour.
Mains derrière le dos, il revint sur ses pas et passa devant son coéquipier. Mais ce ne fut qu’à la dernière seconde qu’il lui décocha, par-dessus son épaule, un regard rendu railleur par un subtil haussement de sourcils.

— Il y en a pas mal, semble-t-il. Alors j’espère que tu as faim, parce que vois-tu… J’ai déjà mangé. Tu sais, de la Solitude. Et je sens déjà les douleurs digestives m’assaillir.

Quel dommâââge, parut-il dire. Par mesure de précaution, il ne s’attarda pas et rejoignit une pièce bien à lui. Qui contenait ses trésors. Ses armes. De superbes chimères colorées.
Les fioles étaient disposées dans des armoires en verre, espacées de manière à les repérer facilement. Mais il ne put les admirer bien longtemps. Non pas qu’il subit une présence à laquelle il s’était pourtant attendu – Walrus n’abandonnait jamais si facilement, pour ne pas dire tout court qu’il n’abandonnait jamais. Simplement, que ces fioles fussent espacées et facilement repérables impliquaient nécessairement qu’on remarquât tout aussi facilement la moindre absence.

Alors, sa mâchoire se resserra subitement. La raideur résonna le long de son visage, propulsant l’irritation vers sa tempe qui se mit à palpiter frénétiquement.
Le véritable coupable fut instantanément incriminé. Impossible que ce fût quelqu’un d’autre, il n’avait invité personne sur cette péniche. Pas même Alice, à qui il n’aurait jamais imposé une si laborieuse descente. Et tout intrus aurait été repéré.
Mais quand ? Quand ce petit diable avait-il mis les pieds dans son jardin secret ? Il n’y entrait jamais !
Ce farfadet !
Ce gnome !
Cette insolente petite fée !
On ne le volait pas. Surtout pas ses poisons. Mais pourquoi tant de contrariété ?
Parce que Walrus avait perpétuellement bon goût. Peut-être était-ce inné. Et ce bon goût l’avait poussé à choisir une petite fiole nouvellement exposée, au contenu qu’il n’avait pas encore eu le loisir de tester. Sans résultats, impossible d’améliorer cette arme. Une arme qui lui avait semblé prometteuse, mais dont la composition était on-ne-peut-plus difficile, et par sa longue durée – qui supposait, pour une première fois, une observation minutieuse, et par la rareté des éléments nécessaires.
En clair, sur ce coup-ci, Walrus aurait mieux fait de s’abstenir.

Au final, l’absence de Sylar n’avait duré qu’une minute.
Au terme de laquelle il ressurgit dans la pièce principale. La démarche vive, la façon reptilienne qu’eurent ses pieds de glisser en quittant à peine le sol, trahirent le prédateur qu’il était devenu. Sa main se posa à plat contre le dossier du fauteuil ; il s’était penché sur Walrus, l’emprisonnant comme il l’avait fait précédemment.
Son autre main vint saisir le menton du jeune homme, et ses yeux, à moitié dissimulés par des paupières réprobatrices, firent l’examen du côté droit, puis gauche du visage qu’il trouvait certes en tout point exquis… Mais auquel il avait souvent voulu du mal.
Walrus était propre. Walrus n’avait aucune tâche de sang sur lui. Il examina même l’intérieur de ses mains, souleva son pull pour dévoiler sa peau, en ignorant le grondement sourd qui avait alors percuté ses propres entrailles.
Sa langue claqua.

— Mon cher, très cher, trop cher Walrus, siffla-t-il d’une voix dans laquelle se tapissait une irritation sèche. Tu n’as tué personne tout à l’heure ? Ou alors tu as trouvé un moyen efficace de ne pas te salir. Auquel cas, je serais curieux de savoir lequel ?

Ses yeux appuyaient désormais de toute leur insistance sur ceux de son coéquipier.
… Et inutile pour les huîtres de crier au scandale.
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MessageSujet: Re: Dindons farcis ? Poulets rôtis ? Manqué ! Dindons farcis ? Poulets rôtis ? Manqué ! EmptyDim 21 Juin - 14:16

    Il doit encore exister beaucoup de choses dans lesquelles se jeter corps et âme, n’est-ce pas ? Oh, oui, beaucoup. Mais ç'avait été trop ironique, ça n'était pas une question. Je ne pus cependant pas m'en empêcher... Rictus un tantinet pervers aux lèvres, je ricanais rien qu'en sentant affluer le flot de pensées douteuses. Réflexions qui s'estompèrent ben vite, trop vite, à la vue de l'homme-moule... La chose indéfinissable qui trônait maladroitement sur la couverture du livre. Franchement, j'avais peine à croire que l'on ait réellement pu imaginer semblable abomination !

    M
    ais la monstruosité disparut bientôt de mes mains pâles, de même que le poids de mon coéquipier délaissa le peu du fauteuil que j'avais daigné lui accorder... Une victoire de plus à mon actif ! J'obtenais toujours ce que je désirais ainsi. Au fond, ce fauteuil plus que l'autre, ça n'était pas le plus important: je m'intéressais toujours à celui qu'il occupait lui. Bottes et blouson volèrent en direction du canapé, je me lovai contre le dossier en profitant du territoire fraichement acquis... Le tissu avait conservé sa tiédeur, la tiédeur de Sylar, douce et contagieuse.

    « Je suis toujours aimable... »

    Fort heureusement, je n'étais pas né pantin de bois ! Et mon nez ne se courba que très légèrement sous les ricanements à peine audibles. L'amabilité ? Il s'agissait là d'une futilité dont je ne m'encombrais jamais. Mais la contrariété soudaine détrôna bien vite l'arrogant sourire. La frustration m'étreignait toujours si facilement, avec intensité, trop. Mais je n'eus pas le temps de répliquer: le principal intéressé s'était déjà esquivé ! J'aurais tout à fait pu le suivre, le taquiner jusqu'à obtenir satisfaction. Je n'en fis rien. Un sourire macabre naquit, je jubilais... Parce qu'il m'était si aisé de deviner la direction qu'il avait empruntée: celle de sa foutue réserve. Tripotant presque mécaniquement l'un des bras du fauteuil, j'attendis qu'il fasse irruption dans la pièce. Et je n'eus pas à attendre bien longtemps...

    Insupportable, le frisson revint me harceler à la vue de mon coéquipier ! il ressemblait terriblement au dangereux Sylar, celui qui m'accompagnait parfois pour... Enfin, dans un cadre professionnel quoi. Ses gestes délicats n'étaient plus aussi maîtrisés, ses pieds frôlaient le sol avec la vivacité du diable alors qu'il s'approchait de moi. Mais le sourire était toujours là: arrogante provocation. La petite veine palpitante avait refait surface, s'évertuant à battre le plus violemment possible contre la tempe du propriétaire !

    L'examen se fit dans le plus oppressant des silences, ininterrompu par mes habituelles crises de rire. J'étais rarement aussi docile... Je savais très bien ce qu'il cherchait, ce qu'il ne trouverait pas, ce qu'il en déduirait. Non, en fait, il le savait déjà. Le contact de sa peau si tiède vit le frisson revenir à la charge, persévérant et irrésistible adversaire... Tu devrais pourtant le savoir, Sylar, la curiosité est un bien vilain défaut... Une moue narquoise s'anima avec subtilité. Arrogante provocation. Je suis ce genre de personnage, n'est-ce pas ? Il était si fascinant, si plaisant, le ton sur lequel il prononçait mon prénom lorsque je le mettais véritablement en colère, et que je ne cessai d'attiser, de harceler ce sentiment presque palpable !

    « Tu sais pourtant ce que l'on dit, à propos de la curiosité, Syl'... »

    Je jouais avec le feu. Je crois qu'il n'appréciait pas des masses que je le surnomme ainsi... J'avais l'impression d'entendre le tictac qui menaçait de cesser, comme si mon opposé se trouvait près à exploser à n'importe quel instant. Ou bien était-ce simplement les battement de mon propre cœur ? Faussement renfrogné, je me redressai légèrement, profitant de sa proximité malgré les difficultés de manœuvre que cela entrainait. Ses yeux vrillaient les miens, signe évident que je n'allais pas pouvoir m'en sortir aussi facilement que d'ordinaire ! j'avais vraisemblablement franchi la limite, une fois de plus, une fois de trop...

    « Tu es contrarié ? »

    L
    e genre de futilités qui ne servait strictement à rien. Le genre de stupidités que je plaçais toujours dans les situations les plus inappropriées. Mes doigts fantomatiques se refermèrent sur sa main, celle qui s'était emparée de mon menton... Et mes lèvres s'y posèrent, lentement, insolente caresse, juste quelques secondes. Pas plus. La proximité, c'était tout ce que nous connaissions. Fragile et fugace. Trop éphémère. Il suffisait d'une infime provocation, mais cela n'allait jamais plus loin. Parce qu'il s'agissait bien de ça, l'ambiguïté, la nébuleuse ambiguïté. Toujours. Et pourtant, cela ne me suffisait pas.

    « Je suis désolé... »

    Mensonge. Tout me trahissait... L'arrogant, l'insupportable sourire, le regard trop appuyé, et l'expression de satisfaction. Parce qu'il était terriblement plus drôle de proférer des excuses mensongères. Et puis, ça n'était pas vraiment des excuses, n'est-ce pas ? On s'excuse lorsque l'on reconnaît le crime. On s'excuse lorsque l'on regrette le crime. Or, Walrus Mc Fly n'est pas ce genre de personnage. je ne suis pas ainsi, cela serait beaucoup trop simple. S'il y avait bien une chose qu'il pouvait aisément deviner, c'était cela: je ne risquais absolument pas de regretter le crime... Allais-je être puni ? Les huitres en seraient témoins - et d'ailleurs, j'étais mort de faim -...


Dernière édition par Walrus le Dim 21 Juin - 21:24, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Dindons farcis ? Poulets rôtis ? Manqué ! Dindons farcis ? Poulets rôtis ? Manqué ! EmptyDim 21 Juin - 17:18

Oh. Walrus…
Ses yeux se plissèrent un peu plus, tandis que ses lèvres semblaient retenir avec peine des paroles qui… auraient sans doute remarquablement répondu à toutes les attentes insolentes de son coéquipier. Incapable pour l’instant de s’exprimer sans se trahir, il l’écouta, le scruta sans honte, s’irrita un peu plus les oreilles. Syl’. Une extravagance de plus. Une autre preuve de sa propre impuissance. Il n’avait jamais radicalement empêché Walrus de l’affubler de ce surnom. Il n’avait jamais empêché Walrus d’étendre son empire sur lui. Impossible ! Cet empire était devenu la condition de son bien-être qu’il ne reconnaissait pas comme telle, excepté durant des ébauches de désespoir. Walrus, une jolie petite étincelle, qui se différenciait de l’étoile par son inconstance. Par l’exubérance de ses apparitions. Une seconde était suffisante pour s’en rappeler. Sylar ne pouvait en dire autant, par exemple, de sa cousine éloignée. Son coéquipier, quant à lui, s’agglutinait à ses nerfs avec l’obstination d’un parasite. Grignotait sa mémoire pour la rendre sienne.
Depuis qu’il l’avait rencontré, c’était simple, l’entreprise ardue de faire le vide ne donnait plus lieu à une image de fond blanche propice à l’endormissement. Plutôt à une ombre fantasmatique, transpercée parfois par un nez mutin, des lèvres narquoises, deux couleurs qui se disputaient le territoire sur une chevelure intrigante… Une chevelure dans laquelle il lui arrivait de passer la main. Il en avait toujours tiré un sentiment douteux d’apaisement.
Mais pour l’heure, et ainsi que Walrus le remarquait effrontément, Sylar était contrarié. Une évidence.
Il n’avait pas reculé, ne craignant pas de risquer le pire – le meilleur ! – dont il eut une plaisante esquisse.
Connaissiez-vous l’avantage de Sylar sur Walrus, dans ces moments là ? Non ?
Il serait bientôt temps de le découvrir.
Walrus pouvait l’enchanter, le charmer par ce genre de contact. Son souffle se suspendit d’ailleurs, pendant qu’il suivait, de ses yeux alors devenus moins critiques, les lèvres épouser le dos de sa main. Enfièvrement. Frémissement qui mourut le long de son bras, manquant d’animer ses phalanges emprisonnées aussi bien qu’il était captivé par l’estampe que Walrus lui offrait. Cependant, son sérieux ne tarda pas à se confronter encore une fois à l’impertinence. Combien devait-il être heureux d’ainsi lui couper la voix ! Le souffle. De justesse, il se souvint que c’était là effectivement le but. Le charme finissait toujours par se rompre, et la lucidité de Sylar était sa plus fidèle amie, quoiqu’elle se montrât parfois un peu coquine. Mais elle finissait inéluctablement par remplir son rôle.
Lentement, les palpitations de sa tempe s’adoucirent. Il avait toujours le vol en travers de la gorge, mais attendait qu’il fût froid pour l’avaler. Le pourpre – le sang séché – et la perle – l’acier – apparurent de nouveau entièrement. Sylar, très calmement, saisit à son tour la main de Walrus et la souleva, de manière à la coincer contre le dossier du fauteuil. Sans brutalité. Il se pencha un peu plus sur son coéquipier, doucement, très doucement, les lèvres ambitieuses, vraisemblablement avides d’en châtier d’autres qui s’étaient montrées un peu trop indisciplinées.
… Mais il n’en fut rien. Il se figea à moins d’un centimètre de son visage, les yeux mi-clos. Qu’était-ce ? Un silence plus pesant encore que le précédent venait de s’abattre sur la pièce.
Son avantage, à lui, était qu’il pouvait faire taire son cœur. Il se concentrait désormais pour se focaliser sur chaque son superflu, aspirant tout, absolument tout, sauf les battements qui martelaient une poitrine sabrée d’une cicatrice. Il fallait être proche pour entendre. L’irrégularité, la puissance des pulsations parlaient d’elles-mêmes. Une ombre de sourire naquit sur les lèvres de Sylar.

— Fascinant, souffla-t-il, répandant un souffle brûlant sur la bouche de Walrus.
A défaut de mieux ? Sylar jubilait. Lui aussi connaissait l’emprise féroce de la curiosité. Et il abusait de son don sur Walrus comme il s’infiltrait clandestinement la nuit chez les gens. Il ne donnait, de cette façon, qu’une perspective sans la réaliser, entretenant avec vantardise le voile de mystères qui les rendait tous deux opaques aux yeux d’autrui. Il prenait un malin plaisir à rendre les choses infranchissables. A dessein, il ne se dévoilait pas. Car vous pensez bien, son cœur aurait assurément pu faire écho à celui de Walrus. Seulement, il lui semblait meilleur de profiter de l’injustice qu’il causait.
Pas aussi longtemps qu’il ne l’aurait voulu.
Un gargouillement mit un terme à l’indécence de l’épisode. Le pauvre Amour avait faim, et les huîtres lui étaient sorties de la tête. Il y jeta un coup d’œil en se redressant, abandonnant la chaleur de son coéquipier et rompant la torpeur de la pièce. Les craquements du sol reprirent. Avant de se détourner néanmoins, Sylar laissa doucement tomber :

— Navré, Mc Fly, vous n’êtes pas à la hauteur.
Il avait décidé que ce soir, Walrus ne parviendrait pas à le contrarier au point de le lui faire avouer dans quelque excès de colère. Le vouvoiement et le nom n’avaient été employés que pour amplifier la morgue fictive de sa sentence, et le « naturel » revint vite à la charge, lorsqu’il ajouta en se dirigeant vers le canapé.

Tes huîtres t’attendent. J’aimerais toutefois qu’une chose soit claire…
Phrase en suspens, Sylar disposa les bottes de Walrus à l’entrée de la pièce, et cueillit le blouson qu’il lissa consciencieusement, avant de le déposer sur le dossier arrondi du canapé. Comme une mère chérit les affaires de son fils défunt. Il savait que sa maniaquerie était à même de susciter la moquerie, mais il ne s’en formalisait pas outre mesure. Non, il préféra reprendre :

— … ces poisons me sont précieux et je n’en admettrai plus le vol. Tu aurais pu choisir autre chose pour me… Hésitation, il haussa les épaules. Bref. Je préfère encore que tu te salisses.
Vaincu.
Il contourna le canapé et s’y installa, jambes et bras croisés, considérant Walrus comme si rien ne s’était passé. Pourtant…

— Tu peux toujours me préparer un thé pour te faire pardonner.
S’il n’y avait que ça !

— Même si tu n’es pas désolé, précisa-t-il non sans amusement.
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MessageSujet: Re: Dindons farcis ? Poulets rôtis ? Manqué ! Dindons farcis ? Poulets rôtis ? Manqué ! EmptyDim 21 Juin - 22:48

    Tel est pris celui qui croyait prendre. Cette phrase me collait désespérément à la peau ! Emprisonner sa main, emprisonner son souffle. Velours, tiédeur. Tendre sortilège, trop rapidement écourté. L'emprise se dissipa, je n'aimais pas lorsque la chose m'échappait... Alice, Alice... C'était fusionnel, rassurant, enivrant. Amber, c'était la curiosité, l'envoutement, mais c'était mesuré. Hors de contrôle. Les choses prenaient toujours une perspective instable et imprévisible en sa présence à lui... Sylar. Ses lèvres, ses yeux, si proches: trop proche, et pas assez à la fois. Mon cher, très cher, trop cher Walrus... Trop, c'était toujours trop et pas assez à la fois. Le paradoxe, l'insupportable paradoxe, l'irrésistible paradoxe.

    La pulsation se fit grandissante, brutale, irrégulière. Un battement de cœur à mon image. Pourquoi diable me retrouvais-je en si mauvaise posture ? Ah... Oui. Pas de tambour chez l'adversaire. Pas de souffle erratique, ni même d'imperceptible soupire. Rien. Il ne restait que le silence, le délicieux silence... Et cette foutue pulsation cardiaque, la traitresse !


    « Tricheur... »

    Murmure à peine audible. Je n'étais même plus en mesure de répliquer convenablement, ma voix ne l'aurait pas permis et aurait eu tôt fait de défaillir ! Au lieu de quoi, la lâche me faisait tout bonnement défaut. En revanche, la faim, sournoise et vile tentatrice, n'était pas du même avis. Et puis, aberration que j'avais si longtemps fantasmée, l'ébauche d'un sourire se faufila jusqu'aux lèvres de mon coéquipier. Cela relevait du miracle ! Si j'avais été en état, je me serais littéralement jeté vers la commode en quête de l'appareil numérique que nous avait un jour offert Alice... Nul doute que j'aurais su saisir l'instant mémorable sur la pellicule ! Mais la vivacité habituelle semblait m'avoir déserté.

    Mes iris, forêt incandescente, virèrent brutalement à l'ambre, puis au bleu, au vert de nouveau... Me trahissant, eux aussi. Et le calvaire prit fin. Un soupire s'échappa dans la pièce de nouveau grouillante de sonorités futiles... Soulagement, frustration: un peu des deux sans doute. Je n'étais pas à la hauteur, c'était indéniable ! La victoire du fauteuil n'était rien face à la déraisonnable tournure des évènements. Évènements que j'avais, à la base, consciemment provoqués. Mais je n'assumais jamais les conséquences, n'est-ce pas ?

    Et... Merde, les huitres ! Par la faute de Sylar, j'avais complètement oublié les demoiselles: c'était impardonnable ! Mes huitres, mon trésor, fraiches et vivaces, qui ne quémandaient que la mort... Véritable courant d'air, je me levai précipitamment de ce maudit fauteuil - il fallait bien que ma colère trouve un point d'attache - m'emparai de la caisse et quittai les lieux sans un regard pour la source de mon trouble. Le sarcasme avait déserté ! L'énervement, quand à lui, grignotait peu à peu chaque parcelle de lucidité encore intacte... La colère, la contrariété, cuisantes sensations, m'étreignaient alors de toute leur pesante influence. Je m'étais rué en direction de la cuisine, manquant d'arracher plusieurs portes de leurs gonds sur mon passage.

    ... Le rituel me calma, peut être... Ou pas. Vinaigre à l'échalote, puis j'engloutissais un malheureux coquillage avant de laisser ma rageuse morsure dans la tartine beurrée. Répétant l'opération, les coquilles d'huitres s'entassaient maladroitement dans mon dos, jetées avec violence à chacun de mes crimes. Pourtant, l'horripilant sentiment ne diminuait pas. L'apaisement ne vint pas. Si bien que je ne me rendis même pas compte du fait de ma soudaine décision de ranger le carnage que j'avais provoqué. Les coquilles vides s'écrasèrent dans la poubelle métallique après étouffement dans un sac en plastique au préalable. Je me débarrassais des preuves compromettantes. L'assiette se brisa malencontreusement lorsque je tentai de lui rendre sa jeunesse d'antan, connaissant le même sort. Essorer l'éponge après utilisation me procura un bien fou, comme lorsque l'on tripote l'une de ces boules sensées réprimer le stress.

    Au final, après avoir cassé deux brosses-à-dents différentes, seul le surprenant contact d'une douche froide parvint à me sortir de l'état d'hyper-excitation. La colère reflua violemment, cédant la place à la banale frustration. Il n'aimait pourtant pas que je lui fasse du thé... Peut être était-ce à cause de ma fâcheuse habitude d'y verser la moitié de la soucoupe de sucre ? Bah ! Sans ça, c'était imbuvable, non ? Et puis, je n'étais pas véritablement attentionné. Et définitivement pas de bonne humeur. Enfilant un T-shirt pris au hasard au milieu de la pile... Ce que ça pouvait m'énerver, cette manie qu'il avait de plier mes vêtements si impeccablement ! A croire qu'il mesurait chaque replis au nanomètre près... Même les jeans ! Oh, et puis, c'était quoi ces chaussettes triées selon leur couleur ?! Fulminant comme le diable, je pris le soin de dévaster les piles de vêtements avant de reprendre le chemin de la cuisine... Le sifflement strident de la théière me ramena finalement à la réalité...


    « Bois. »

    Fumant, le liquide de couleur miel rependait son parfum alors que je tendais la tasse de façon autoritaire sous le nez de Sylar... Oui, en fait, je n'étais pas désolé. Alors pourquoi ? Cela me rappela la question de cette sale mioche que j'avais rencontrée sur la plage. Parce que je suis ce genre de personne. Parce que la contradiction m'anime aussi certainement que la cruauté. Nan pêche, le canapé, c'était pas drôle. Trop de place, pas propice à la bataille. Ramenant mes genoux en une position solitaire, je regardai distraitement les pointes de mes cheveux goutter sur mes bras dénudés... Oui, parce que je suis ce genre de personne. Et d'un geste vaguement possessif, j'emprisonnai les doigts délicats de Sylar. Pas cette fois... Je n'avais pas envie de laisser la volage proximité s'effriter pour disparaître une fois de plus. Non, pas cette fois...
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MessageSujet: Re: Dindons farcis ? Poulets rôtis ? Manqué ! Dindons farcis ? Poulets rôtis ? Manqué ! EmptyLun 22 Juin - 9:18

Tricheur ? Bien sûr ! Quoi de plus normal avec un tel adversaire ? Il avait fini par s’y faire, subissait toutes sortes de traitements, mais le lui rendait bien. Vraiment bien. Si bien que Walrus recommençait toujours, et Sylar aurait pu établir ce constat en chantonnant tellement il le distrayait. Il était un mur décoré de subtiles fissures, et son coéquipier, tantôt parvenait à s’y infiltrer, tantôt manquait sa cible et se heurtait aux surfaces intactes. Aussi amusant qu’un enfant qui se rend compte que se cogner les doigts contre quelque chose de dur fait mal. Il y avait tant de choses chez lui susceptibles de le trahir, à croire que l’outrance ne se contrôlait pas si bien que ça.
Mais il aimait se dire qu’ils étaient capables de se réduire mutuellement au silence. Et il savait qu’il serait très bientôt de nouveau la victime d’une bouffonnerie.

Avec un reste des iris changeants dans l’esprit, il l’observa attentivement s’agiter, le mouvement vif lui parvenant presque par bourrasques. Ces huîtres, quel succès. Elles avaient désormais toute l’attention du petit enfant réprimandé. Sylar faillit sourire encore une fois, mais jugea qu’il avait pour l’heure amplement rempli son quota. Peu soucieux de se révéler, ne le désirant d’ailleurs pas non plus, il trouvait un peu inutile ce genre de manifestations. Lorsqu’elles survenaient, c’était soit qu’elles lui échappaient malencontreusement – et c’était là l’un des nombreux privilèges de Walrus – soit qu’il souhaitait tout simplement faire plaisir, accorder – ce qui était encore l’un des nombreux privilèges de Walrus, parfois d’Alice.
Il resta immobile, contrastant encore et toujours avec la marionnette toute faite d’ondes négatives qui venait de quitter la pièce. De même, il n’étouffa aucun bruit, laissant son coéquipier se défouler comme bon lui semblait. N’était-il pas attentionné ? Mais un peu cruel. Il n’eut pas besoin de chercher une occupation : écouter fut le plus plaisant des divertissements. Il imaginait chaque moue, chaque geste, chaque dégât, tandis que ses yeux fixaient un point sur le sol, signe qu’il était complètement déconnecté de l’endroit où il se trouvait.

Et puis sa muse s’enferma. Il n’entendit plus rien, à part l’écoulement lointain de l’eau. Alors, il se leva, entreprit à son tour de se mettre à l’aise. La nuit était déjà bien avancée, et il n’aurait plus à sortir avant la suivante. Il se délesta de sa veste et l’accrocha à un porte-manteau. Désormais en chemise blanche, il défit habilement les boutons de ses manches – qu’il remonta aux avant-bras – et de son col, avant de se rasseoir sur le canapé. Il ne se douta pas de l’orgie qui se déroulait dans les affaires de son coéquipier, mais sans doute les replierait-il le lendemain, non sans un soupir. Il fallait se contraindre à l’ordre avant de s’habituer au désordre. Tout devenait ainsi plus facile. Naturellement, il n’avait jamais réussi à convaincre Walrus du bienfait de la chose, d’autant plus que la mauvaise habitude était depuis longtemps ancrée en lui. Impossible de le changer. C’aurait d’ailleurs été dommage, n’est-ce pas ?

Il se laissa un peu plus aller contre le moelleux du canapé. Un relâchement qu’il se permettait sous conditions. Les muscles de son dos de décrispèrent, tout comme sa main s’ouvrit mollement sur l’accoudoir. Son esprit venait de commencer son vagabondage. Qu’avait-il gagné, ce soir ? Il avait échappé aux huîtres. Si facilement, jamais il n’y aurait cru, et pourtant. Peut-être n’était-ce que partie remise ?
Qu’avait-il perdu ? Une fiole de poison. Un labeur rendu inutile. Mais la colère s’était assoupie au plus profond de lui et semblait peu encline à se réveiller réellement un jour. Toutefois, et il trouvait ça légitime : il s’en servirait comme prétexte à l’avenir, parce qu’il n’y avait parfois rien de plus amusant que l’abus. Ensuite, il devrait se renouveler.
Il ne put y songer, rattrapé lui aussi par la réalité. Il retomba donc dans la pièce, se redressa sur son siège, et saisit la tasse de thé que Walrus lui avait aimablement préparé. Pour sûr qu’il boirait !

— Merci.

Il laissa le breuvage fumer et répandre son odeur encore un instant, durant lequel il avait nonchalamment tourné la tête vers Walrus. Il n’avait pas séché ses cheveux. Ce petit diablotin. Encore contrarié ? Allons.

— Je t’ai connu plus joueur, ne put-il s’empêcher de remarquer.

Mais il n’y avait là aucune provocation. Il s’en étonnait simplement, sans se réjouir, ni regretter – ou alors juste un peu. Ses doigts s’animèrent d’une force secrète dans la main de Walrus, s’y trouvèrent bien, semblèrent finalement y mourir. Aucune intention de s’échapper, le jeu avait bien assez duré pour cette fois.

Silencieux, appréciant le contact sans excès, il trempa ses lèvres dans le breuvage, très doucement, pour ne pas se brûler. En revanche, sa langue fut attaquée par le sucre. Alors, et espérons que Walrus n’en manquerait rien, Sylar retroussa très perceptiblement le nez. Il détestait le sucre, surtout lorsqu’il s’agissait de son thé. Son régime, du reste, était particulier. Il n’aimait pas les viandes, et le seul poisson qu’il tolérait était le saumon. Les légumes et les fruits – frais ou secs régissaient son quotidien. Il raffolait des dattes. Des pêches, des tomates, des avocats. Il ne mangeait généralement que du riz, mais ne disait pas non à des tagliatelles bien préparées. Il tenait loin de lui le chocolat et toutes autres sucreries qu’il préférait laisser à Walrus.
Oh, concernant le thé, il s’était bien douté que celui-ci, encore une fois, ne changerait pas ses mauvaises habitudes, mais… Mais rien. Peut-être avait-ce été, finalement, une façon de le ramener à lui à nouveau. Gigantesque effort de sa part. En plus que, ce thé, il résolut de le boire, réprimant une grimace à chaque gorgée. Ne l’oublions pas, il affectionnait ce genre de moment. Après la guerre, le calme, leur calme, chats capricieux disposés aux caresses dont les dents ne mordraient plus. Du moins, les siennes avaient pris congé pour cette nuit, laissant place à un dévouement singulier, si rare chez lui.
Le thé entièrement bu, il déposa la tasse sur l’accoudoir, sans se préoccuper de l’équilibre précaire. Ses yeux se reposèrent sur Walrus, fantastique Roi de la négligence. Il aurait pu se sécher les cheveux ! Mais tant pis, tant pis, tant pis. Il se mouillerait, à défaut de se brûler. Sylar attira le jeune homme contre lui, geste de tendresse que nul n’avait pu prouver et que seul Walrus connaissait. Il ne tarda pas à sentir l’humidité investir sa chemise, mais c’était comme s’il calmait un enfant : il ne pouvait se plaindre. L’une de ses mains disparut derrière la nuque fine de son coéquipier, y glissant voluptueusement, alors que sa bouche s’égarait par frôlements sur le front pâle dont il apprécia la froideur. Il ferma les yeux, grisé par la flamme qui lui chatouillait le ventre. Se figea, puis se détendit entièrement. Ce n’était pas dans son ancienne vie qu’il avait connu un tel degré d’apaisement. D’oubli de soi. Il n’engloutissait même plus la mélopée frénétique de son cœur, et il était devenu facile de l’entendre en collant une oreille contre sa poitrine. Facile de le deviner au petit soupir qu’il laissa échapper. Au soubresaut de sa respiration. Mais il ne resta pas indéfiniment muré dans un silence réconfortant.

— Quand même… Je pense que tu ne devrais pas en manger autant, murmura-t-il en ouvrant les yeux.
Sa voix avait retrouvé une certaine douceur juvénile, et son visage arborait désormais un masque affolant d’innocence. D’innocence effrayée par le pouvoir maléfique des huîtres.

— Je ne sais pas comment tu fais. Quand j’en regarde une, je l’imagine me scruter sournoisement et n’attendre que l’occasion de se coller à la paroi de mon estomac pour me dévorer de l’intérieur.
Il déglutit avec peine. Hm. Malheureusement, de tels moments le désinhibaient un peu trop.
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MessageSujet: Re: Dindons farcis ? Poulets rôtis ? Manqué ! Dindons farcis ? Poulets rôtis ? Manqué ! EmptyLun 22 Juin - 11:17

    Chaton à la rancune tenace, je me contentai de répondre au constat d'un grognement de mécontentement. Provocation, ça n'en était pas une... Oui, mais tout devient toujours propice à la provocation dans mon monde ! Tout, tout, tout. Et puis l'impulsion revint, coléreuse, explosive.

    « Mais enfin, si tu n'aimes pas ça, ne le bois pas ! »

    Si seulement j'avais vraiment été un chat, je me serais acharné contre ce foutu canapé trop vaste, y faisant mes griffes dans le seul but de mettre à mal la doctrine de Sylar ! Oui, il vidait la tasse fumante chacune des fois où je daignais lui en préparer une... Silencieux et dégoulinant de bonnes manières. Mais il fallait voir les grimaces qui trahissaient, sans doute volontairement, l'appréciation qu'il en faisait ! Pourquoi diable en redemandait-il si ma façon de faire lui déplaisait tant ? Car après tout, c'était bien lui qui avait suggéré l'idée. Le masochisme, une subtilité de sa personnalité sans doute... Mais je n'étais pas véritablement honnête. Car en fait, malgré le très perceptible pincement, le léger froncement, son silence lorsqu'il sirotait pourtant la préparation jusqu'à la dernière goutte... Tout cela me plaisait. Là était peut être la cause, l'explication. Oui, c'était sans doute pour ça que je lui préparais ces foutues tasses de thé, du moins, j'essayais de m'en convaincre.

    Et puis je me sentis dériver, comme irrémédiablement pris au piège de l'attraction qu'il exerçait sur moi. Le paysage vacilla sans m'avertir au préalable, et je me retrouvai contre lui. Ses lèvres frôlant mon front, ses doigts redessinant ma nuque. Un moment privilégié. Bien malgré moi, je sentis le poids de la colère s'amenuiser. L'impulsion reflua de façon sidérante et mourut sans honte. Je n'avais jamais su lutter contre ça. Résister au bien être, au calme, l'apaisement. Que pouvais-je donc faire dans ces moments là ? Rien. Rien du tout. Et pourtant la tentative fusa, veine, futile...

    « Je ne suis pas contrarié. »

    Si, je l'étais. La preuve en était les deux chaussettes différentes qui se transcendaient l'une l'autre et que j'avais consciencieusement choisies à cet effet. Mais le charme opéra, seule influence à laquelle je ne savais résister. Soupire tremblant. J'eus enfin le loisir de mémoriser la pulsation fébrile de son cœur, frissonnant face au souffle brulant qui me chatouillait avant que je ne vienne coller l'oreille à hauteur des battements. La voix de Sylar, glacée, orageuse, s'attendrit. Et je pensais possessivement que nul ne le connaissait tel qu'il se découvrait maintenant. Personne, sauf moi.

    La question m'arracha quelques brefs éclats de rire, qui s'échouèrent contre le corps de mon coéquipier. C'était un peu comme s'il avait ri lui aussi, d'une certaine manière, non ? Pendant le long de ses épaule, mes bras l'enlaçaient vaguement. J'avais déjà délaissé la distrayante écoute de son cœur, en quête du commencement de sa mâchoire, plus haut. Le creux de son épaule, le cou, et enfin cette foutue mâchoire. Frôlement des lèvres, je le chatouillai peut être lorsque le rire m'agita de nouveau.

    « Ne me dis pas que tu as peur de... Te transformer en homme-huitre ?! »

    Une moue moqueuse détrôna le sourire amusé. Sérieusement, lui qui était si dépourvu de failles en apparence... Son point faible, c'était les huitres ? Dire que j'avais si facilement abandonné, trop occupé à laisser la colère faire son œuvre. Il n'allait pas s'en sortir comme ça, fois de Walrus ! Promesse peu rassurante, un sourire débordant de cruauté naquit au travers du sarcasme apparent. Nouvelle bataille en perspective. Et puis, de toute façon, s'il y avait bien là de quoi rendre jaloux les plus fins gourmets, c'était bien mon incroyable capacité à me goinfrer d'autant de choses que je le désirais ! Et ce, sans prendre le moindre gramme de trop.

    « C'est malin, à parler de ça, j'ai de nouveau faim. »

    Sa proximité, son odeur, son contact, tout cela m'ouvrait toujours l'appétit. Finalement désireux de m'étaler et d'envahir comme à mon habitude, je m'allongeai confortablement, posant ma tête sur ses genoux. Ce fut seulement là que je me rappelai l'existence de la chose, désagréablement coincée dans l'une de mes poches arrières. je l'en délogeai tout en grommelant, forcé de me redresser pour réaliser l'agaçante opération. J'avais été dans un tel état, une fois la douche passée, que j'avais dû la glisser dans le pantalon propre sans même m'en rendre compte ! Pourtant, la fiole de verre était bien là, et j'amusai distraitement à la faire ricocher sur mes jointures, fasciné par les allers-retours du liquide à l'intérieur... M'immobilisant soudain, je croisai les prunelles de Sylar... La réplique fusa immédiatement, comme l'enfant pris en faute.

    « Tu ne m'as pas demandé s'il en restait ou non ! »

    Et la preuve eut tôt fait de disparaître entre mes mains. Je t'ai connu plus joueur. Sourire en coin, je m'écartais de lui à regret, moue capricieuse au coin des lèvres...

    « Si ça t'es tellement précieux, tu n'as qu'à venir le chercher ! »
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MessageSujet: Re: Dindons farcis ? Poulets rôtis ? Manqué ! Dindons farcis ? Poulets rôtis ? Manqué ! EmptyLun 22 Juin - 18:28

Extase ! L’agitation mourait entre ses mains. Qu’importent les protestations, qu’importent les vaines défenses, tout avait fini par se taire. Il sortait toujours orgueilleux de l’apprivoisement temporaire de ce diable assoiffé de sang et d’autres plaisirs qu’il ne partageait pas. Péril cependant, il commettait en contrepartie l’erreur de baisser de sa garde. Il en avait subi les – exquises – conséquences, portées par un souffle qui mit sérieusement à mal la surface lisse de son épiderme. Frissons, trahisons inattendues de sa respiration, il aurait pu s’y abandonner tout à fait si…
… si Walrus, encore une fois, ne l’avait pas pris au dépourvu. Un homme-huître ! Je t’en foutrais des hommes-huîtres !
… Ah, non, ce n’était pas le registre. Rien de grossier ne sortit de la bouche de Sylar, en revanche, ce qui manqua d’en franchir les limites, ce fut le grondement étouffé d’un rire. Peut-être avait-il inconsciemment admis, qu’en effet, ses lectures pouvaient étrangement l’influencer dès lors qu’il relâchait un tant soit peu la bride de son sérieux. Oh, quelle farce. Son regard esquiva soigneusement la moquerie qui venait d’investir les lèvres de son coéquipier. Il fut tenté de préciser « Pas ce soir. » au cas où Walrus projetait d’attirer encore une fois les jurons intérieurs – toujours intérieurs – sur sa diabolique personne. Il ne savait pas encore que c’était raté. Même la cruauté qu’il perçut malencontreusement ne parvint pas à déranger son état de calme. L’assoupissement était trop fort, en témoignait ses mains et sa bouche qui s’accrochaient pour ne donner aucune initiative au jeu. Cependant, il prit la peine de soupirer :

— Mange des fruits, dans ce cas.

Sylar ne voulait pas qu’il ressortît pour chercher d’autres horreurs vivantes. D’abord pour se les épargner à lui-même, ensuite parce qu’il tenait à demeurer ainsi, avec son précieux fardeau dans les bras. Suite d’une abstinence extrême en public, sans doute. Et il crut réellement que Walrus était également de cet avis, lorsque sa tête fut accueillie par ses propres genoux, et qu’en conséquence, sa main plongea instantanément dans la jolie tignasse. Il ferma de nouveau les yeux. Une drogue.
Qui n’eut pas le temps de parer à son manque. Agacé par la surexcitation qu’il pensait avoir charmée et soumise, Sylar ouvrit un œil, puis deux, afin de comprendre ce qu’au juste il se passait.
Les chaussettes dignes des pioches les plus disparates en profitèrent pour s’imposer à lui. Mais il comprit trop tard que Walrus avait l’intention de l’attaquer sur tous les fronts. La vue de la fiole le foudroya littéralement, néanmoins, il souffrit un peu d’un changement si rapide de situation. Walrus ne le caressait pas dans le sens du poil, et c’était on-ne-peut-plus embêtant. Obnubilé lui aussi par la petite fiole de verre, il eut un instant peur que celle-ci échappât au contrôle de son coéquipier – raison pour laquelle il ne se précipita pas dessus.
Maintenant, Sylar payait ses insuffisances. Il ne s’était pas étonné, avait seulement compté sur la négligence de Walrus. Il était friand de déchiquètements, et seul lui-même connaissait le dosage requis – pour un essai – de ce poison là. Il avait imaginé Walrus tout utiliser sans prendre de risque. Très bien, il s’était méchamment fourvoyé, mais cela voulait surtout dire qu’il possédait encore quelques gouttes de l’inestimable nectar. Qui ne lui serait pas restitué si facilement, semblait-il.
Sans surprise.
Ses doigts se crispèrent, comme pour chasser un engourdissement auquel il aurait pourtant voulu se faire. Plus de cheveux apaisants. Plus de chaleur. Plus de Walrus. Qu’il avait effectivement, et cette fois-ci à regret, connu plus joueur.

— Je pensais en avoir fini avec les retournements de situation, minauda-t-il.

Il avait dans les yeux l’éclat de l’éternel paresseux, qui ne désirait bouger pour rien au monde. L’adulte face à l’enfant excessif, qui en redemandait une fois de trop. Qu’allait-il bien pouvoir faire, cette fois, pour mettre un terme « définitif » au jeu ? Pour rassasier le ventre sur pattes ? Oh, il avait bien une idée. Surtout, qu’il ne s’écartât pas plus.

— Walruuus…

Entre le gémissement et le marmonnement. Il s’agissait assurément d’agacement, mais aussi de comédie. Si son coéquipier s’éloigna sur le reste du canapé, lui s’approcha dans un même mouvement, plus lent, peut-être menaçant. Il engloutissait les centimètres à mesure qu’ils naissaient entre eux. Au point qu’il finit sur les genoux, face à une proie de choix qu’il voulait à tout prix prendre au piège.
Il feignait de le dévorer des yeux, mais n’oubliait pas l’objet véritable de sa quête actuelle – détail qu’il était important de préciser.

— Il y a quelque chose que je ne sais pas à ton propos. Je viens de m’en rendre compte.

D’une rapidité animale, il replia ses jambes sous lui et, ses mains agrippant les épaules de son coéquipier, appuya de tout son poids pour l’allonger, amortissant le choc au dernier moment afin de ne pas lui faire mal. Ainsi le chat fainéant venait-il d’asseoir sa domination sur son maître tantôt toléré, tantôt rejeté.
Désormais, il emprisonnait fermement les flancs de Walrus entre ses jambes. Il se pencha et posa les coudes sur sa poitrine sans trop peser, entrelaçant ses doigts qui servirent de trône à son menton. Il toisa le jeune homme d’un regard tranquille, balayant d’un clignement de paupières toute manifestation intérieure d’impatience.
Il ignorait beaucoup de choses au sujet de Walrus, il n’y en avait pas qu’une. Seulement, il songeait présentement à son intérêt. Son ignorance lui servirait peut-être : ne serait-ce pas merveilleux ?

— Es-tu chatouilleux, Walrus… ?

La ligne de sa bouche se rétrécit sensiblement en une petite moue curieuse. Il se redressa et considéra son coéquipier, la tête légèrement penchée sur le côté. L’une de ses mains avait délicatement saisi la taille captive, tandis que l’autre commençait déjà à courir le long du bras gardien de son trésor. L’index et le majeur se suivirent, gambadèrent aussi malicieusement que les jambes d’une petite fille, jusqu’au poignet, sur lequel ils s’arrêtèrent, prêts à bondir.
Quant à son autre main… Il en fit une véritable diablesse qui, venant de passer sous le t-shirt pour infliger sa torture à même la peau, alterna subtilement entre chatouilles et caresses. Sylar observa, réellement curieux de savoir si Walrus était sensible ou non à ce genre de traitement.
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MessageSujet: Re: Dindons farcis ? Poulets rôtis ? Manqué ! Dindons farcis ? Poulets rôtis ? Manqué ! EmptyLun 22 Juin - 22:25

    « Et bien, tu penses mal... »

    Moue craquante au coin des lèvres, cheveux pratiquement secs. En fait, il ne restait que les chaussettes. Mis à part ces déviantes, j'étais on ne peut plus présentable. Sylar me poussait toujours au caprice. J'étais devenu bien plus insatiable à son contact qu'à celui de tout autre ! Le vide m'engloutissait... Il était le seul apte à combler le manque. Les choses m'échappaient sans cesse, mais au lieu de chercher à les rattraper, je les provoquais d'avantage encore... Vas-tu cesser de faire l'enfant. Cela lui arrivait, parfois, de me confier ces mots à haute voix. Lorsque je le fatiguais trop sans doute. Car j'étais épuisant, non ? En tout cas, je m'évertuais à l'être.

    Tout compte fait, la soudaine séparation m'incita à hésiter. Déchirement entre l'envie violente de retourner me blottir dans la tiédeur et le brulant apaisement, et le désire de pousser le jeu plus loin. Les possibilités de fuite semblaient inexistantes... Mais à dire vrai, je n'avais jamais eu l'intention de fuir. La distraction consistait à luter, à savourer. Frémissement au son de sa voix... Mon prénom murmuré, presque gémi. L'agacement que je devinais au travers des prunelles sanglantes et si plaisantes. Lui ne les appréciait pas particulièrement. Moi, j'en adorais les teintes. Je les dévorais alors qu'elles même me dévoraient, dangereuses.


    « Hmmmm ? »

    Prédateur, il engloutissait la distance, agaçant obstacle. La résistance eut été vaine, aussi me retrouvais-je nonchalamment allongé non sans plaisir. La chaleur été de nouveau là. La curiosité me démangeait presque du fait de sa remarque... Qu'allait-il donc chercher à savoir ? Arrogant sourire aux lèvres, ma voix se fit moquerie désobligeante.

    « Non, cela ne me dérange pas si c'est toi qui prend les devants. C'était bien ça, ce que tu désirais savoir ? »

    Pas plus désobligeant que la position tendancieuse dont nous étions les acteurs. Petite moue sarcastique, regard faussement aguicheur. Quoi que, j'avais tendance à me montrer provoquant sans trop en prendre conscience. La chose était quasiment devenue une seconde nature ! Je sentis le rire enfler, grimper de mes cordes vocales, et le réprimai avec bien des difficultés. Une petite plaisanterie douteuse, ça ne pouvait pas faire de mal, n'est-ce pas ? Puis la question tomba, lourde de conséquences... Chatouilleux... Non. Bien évidemment que non. Je ne l'étais pas, n'est-ce pas ? Du tout. Pas le moins du monde. Non, non, non.

    « Le grand Walrus l'invincible, chatouilleux ?! J'espère que tu veux rire ! J'ai résisté à bien des séances de tortures, et tu crois sérieusement que de simples chatouilles pourraient venir à bout du terrifiant, de l'irrésistible, du fascinant Walr... »

    La dernière note s'étrangla, connaissant une mort précoce. Lèvres crispées, j'affrontai la sentence aussi silencieusement qu'une huitre l'aurait fait ! Le terrifiant Walrus se tut pendant quelques secondes, subissant le supplice sans broncher. Fourbe silence. Traître de silence. Car s'il y avait bien une chose dont j'étais tout bonnement incapable en pleine possession de mes moyens, c'était de me taire ! Un, deux, trois, et puis je craquai... La crise explosa, et je me fis violence pour y résister sans succès ! L'insupportable hilarité s'empara de mon être, je crus même m'entendre le supplier de cesser entre deux éclats de rire. Mais rien n'y faisait. Côtes douloureuses et prunelles larmoyantes, j'avais la très nette sensation de comprendre le sens de l'expression "mourir de rire". Oui, en cet instant, j'en étais indéniablement certain: l'on pouvait réellement mourir de rire ! Et la défaite se profilait, cuisante et sans appel. Puissance et vivacité se dérobèrent à mon être, ma prise se desserra inévitablement: dévoilant le précieux enjeu au creux de ma main délicate.

    Il me fallut du temps. Pour reprendre pleinement conscience, me tenant les côtes et ayant le souffle entrecoupé de soubresauts. La vulnérabilité dont j'avais fait preuve m'avait réduit au silence. Si bien qu'une fois la parole retrouvée, je fus incapable de répliquer... Tenter de batailler de nouveau pour sa satanée fiole ne m'intéressait même plus ! Paupières à demi closes, jolis croissants de lune, je n'étais pas certain qu'il fut encore près de moi... En quête de la chaleur, ma main tâtonna les alentours et emprisonna son poignet avec désinvolture, l'arrachant de son précieux appui. Le poids de son être, sa tiédeur contagieuse. Je lui abandonnai la victoire. Je ne souhaitais plus rien si ça n'était retrouver la chaleur, à nouveau. Rien d'autre, je ne désirais plus que sa présence à lui. Je lui avais déjà concédé trop de victoires pour la soirée !


    « En fait, je crois que... J'aime trop te contrarier. »

    Mais en fait, cela, je pense sincèrement qu'il l'avait déjà compris. Il ne rata sans doute pas les intonations capricieuses de mes propos. Ni la façon possessive que j'avais d'enchaîner son délicat poignet de mes doigts pâles. Ah... L'apaisement. Brumeuse torpeur qui m'engourdissait légèrement. La chaleur, emprisonnée dans mes bras... Sylar... Sylar, Sylar, Sylar. Je t'ai connu plus joueur. A contre-cœur, je me redressai finalement, le repoussant. Mais l'enlaçant encore, le retenant encore. Paradoxe. Et puis, une main contre le dossier du canapé, je l'emprisonnai. Si proche, trop proche, pas assez. Comme plus tôt dans la soirée... La proximité de ses lèvres, qui frôlaient presque les miennes, me grisait. Un geste que je ne m'étais jamais autorisé. Parce qu'il avait déjà trop d'influence, et que j'avais l'indescriptible sensation que ç'allait intensifier d'avantage encore le lien, le manque, le paradoxe.

    De toute façon, c'était déjà trop tard, n'est-ce pas ? L'emprise de Sylar me dévorait bien trop intensément pour que la chose cessa d'empirer. Alors je cédai à l'impulsion. Il doit encore exister beaucoup de choses dans lesquelles se jeter corps et âme... La sensation m'étreignit si violemment lorsqu'inclinant très légèrement la tête, j'engloutis les quelques millimètres de distance... Une fois, deux fois, trois fois... Mes lèvres rencontrent les siennes, papillonnant, délicieux frôlement, exploration timide. Timide ? Non. Savourer l'instant, c'était tout. La découverte, grisante, dévorante. Et puis je poussai plus loin l'exploration. Frémissement brutal sous le flot de sensations réinventées, parce que c'était lui. Un léger murmure s'évada de mes lèvres, soupire de complaisance. La pulsation était de nouveau là, audible et explosive. Et la chaleur... La tiédeur de Sylar se propageait jusqu'à moi, véritable drogue.
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MessageSujet: Re: Dindons farcis ? Poulets rôtis ? Manqué ! Dindons farcis ? Poulets rôtis ? Manqué ! EmptyMar 23 Juin - 10:21

Vrai. Qu’il eût le dessus en ces circonstances s’avérait plutôt ironique, quand on savait que le titre de professionnel en la matière revenait cent fois à Walrus. Aux dernières nouvelles, ce n’était pas Sylar, le friand des plaisirs charnels. Non pas que les occasions manquaient, mais… Il devait être un peu trop exigeant. En plus qu’il ne s’imaginait pas monopoliser les bras d’un ou d’une autre sans que Walrus ne lui tombât dessus – s’il le découvrait jamais. Ironique, encore une fois. Il le savait jaloux, parfois excessivement. Il n’y avait qu’à sentir les ondes négatives qu’il dégageait dès lors que Pearl s’approchait un peu trop. Pourtant, elle était bien jolie, Sylar ne pouvait que lui reconnaître interminablement cette qualité. Et c’était justement le problème, n’est-ce pas ? Pearl, foudroyante tentation. Mais nul ne savait s’il avait failli y mordre un jour, et il s’en amusait. Nul ne savait non plus s’il avait l’esprit de conquête, de séduction, à défaut d’offrir une quelconque mais concrète récompense. C’était là le plaisant. Sa stratégie, si stratégie il y avait, demeurait inconnue – la plupart du temps, on pensait qu’il n’y en avait tout simplement pas. Erreur ou non…
Il n’avait du reste pas bronché, ni répondu, habitué aux propos « déplacés » de son coéquipier. Il restait néanmoins toujours sensible à ses mimiques, plus dévastatrices encore que le moindre de ses mots. Ses lèvres et ses yeux qui savaient mimer d’innombrables sentiments. Le pire dans l’affaire était qu’il n’hésitait jamais à en faire un avantage, aux dépens de Sylar qui encaissait avec plus ou moins de contenance.
Plus ou moins, oui. Car quand le corps de Walrus contredisait ses paroles, il devenait plutôt difficile de se contenir. Le dernier mot, qui mourut étranglé dans sa gorge, lui soutira traitreusement un sourire, non des lèvres, mais des yeux, qui se plissèrent sensiblement en conséquence.

— Invincible Walrus, hm ?

Il n’y avait plus qu’à observer, qu’à écouter. Sylar soutint la torture un moment encore, s’oublia un instant en se délectant du spectacle. Il valait bien tous les autres. Walrus, mourant de rire entre ses mains. Et quelle belle mort était-ce ! Il en devenait un heureux bourreau : même le rire tonitruant ne lui cassait pas les oreilles. Il pouvait bien continuer, encore et encore, pour savourer sans modération le tableau dont il était le créateur.
Les supplications ne l’auraient convaincu pour rien au monde d’arrêter, en revanche… L’éclat de la fiole eut sur lui un tout autre effet. Se rappelant son but premier, il s’en empara prudemment, la glissant au fond de sa poche, mais ne se permit de rendre sa tranquillité à Walrus que peu après. Certainement pour profiter abusivement des coupables attouchements que la situation occasionnait. Hélas pour lui, sa main dut bien reparaître.
Mais ses yeux s’abreuvaient toujours. Armé d’une lucidité sans faille, il pouvait contempler Walrus se remettre tant bien que mal de l’impitoyable traitement dont il venait d’être victime. Il s’était légèrement redressé pour mieux le voir, dans l’ensemble, accrochant de temps à autre la malice de son regard délicieusement arrondi par le contrecoup du rire. Une beauté. Un pur flamboiement. Il se laissa aller tout contre, l’enlaça une fois privé d’appui. Il trépida de… Il ne sut quoi. Joie, plaisir…
Il avait encore gagné.

— Pour l’avoir éprouvé maintes fois, je ne fais pas que le croire, j’en suis convaincu.

Faible chuchotement. Walrus aimait-il perdre, également ? Paradoxalement, il devait y gagner. Ce n’était vraiment pas tous les soirs que Sylar s’abandonnait autant, et des fois il s’abstenait si bien qu’il donnait lieu à un souvenir presque douloureux de ces incroyables instants.
Peut-être parce que cette nuit, il n’aurait pas à tuer. Complexe ? Il ne souhaitait absolument pas y songer. Préférait se sentir victime d’un diablotin possessif et capricieux. Capricieux car il ne savait se contenter de ce qu’il avait déjà ! Pourquoi bouger ?! Sylar fronça imperceptiblement les sourcils, se soulevant à contrecœur, aidé en prime par des mains qui le repoussaient. Quoi, encore ? Semblait-il s’offusquer.
Avant de se rendre compte que le contact n’avait pas été rompu. Qu’une scène, s’étant déroulée peu avant, venait de se reproduire. Rôles inversés. Walrus reprenait donc ses droits ? Tout irait alors comme cela se devait ? Surprise d’abord. Puis il eut un vertige. Ses lèvres se trouvèrent affamées, promptes à aspirer le souffle tiède qui les caressait, à goûter la soie rosée de ses jumelles. Point d’empressement. Elles semblaient chercher la façon idéale de s’épouser. Mais c’était une évidence, tout convenait. Comme s’il n’y avait aucune erreur possible. Aucune fausse combinaison. Par conséquent…
Ses paupières, cruelles, avares, dissimulèrent l’envoutement de ses yeux, la chute, l’irrémédiable chute, qui fit que… Son propre soupir mourut, voluptueusement, à même la bouche de Walrus.
… Un silence… Un battement… Un silence… Un battement… Il crut défaillir. Un faible grondement de plaisir, et son bras vint entourer le buste de son coéquipier. Le feu dans les veines. Du bout des doigts, il effleura la courbe mutine d’une joue, se fit présence dévorante en s’offrant toujours différemment à l’exploration que Walrus dirigeait. Ne jamais rien perdre.
Il ne sentit que trop tard son souffle lui faire dramatiquement défaut. À la suite de quoi, comme s’il avait craint l’explosion de ses tempes, ses lèvres se dérobèrent avec brutalité, plaisamment meurtries, laissant échapper un souffle rauque, saccadé, écho de sa poitrine qui se soulevait et s’abaissait très perceptiblement.
Il ne voyait pas ses joues empourprées.
Il ne voyait pas dans ses yeux la sauvagerie semblable à celle des fauves. L’insatisfaction éternelle, propre à toute créature douée de conscience et de raison.
Il ne voyait pas ses reins doucement trembler d’excitation. Les seules choses qu’il percevait étaient sa lutte contre un désir sans nom, et le fait qu'il mourait littéralement de chaud.
Il pensait ne pas vouloir de « gaspillage », fit donc mine de se montrer raisonnable, d’une voix faible, entrecoupée, qui ne le trahissait que trop bien.

— Nous devrions dès à présent nous… adonner à une occupation plus… raisonnable. Walrus. Avant de…
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MessageSujet: Re: Dindons farcis ? Poulets rôtis ? Manqué ! Dindons farcis ? Poulets rôtis ? Manqué ! EmptyMer 24 Juin - 16:28

    Sylar... Pourquoi fallait-il toujours qu'il se montre si rationnel et si raisonnable ? La lucidité s'échappant à grandes enjambées, il fallait pourtant qu'il l'empoignât à pleines mains, tentant de s'y raccrocher comme un noyé à une foutue bouée ! Orange... J'avais toujours détesté cette aberration, cette horrifiante couleur orange. Qui diable avait donc pu commettre plus terrifiant crime que celui d'avoir enfanté les bouées de sauvetage ? Personne, c'était évident ! Le semblant de folie qui animait d'ordinaire mon regard se fit plus indécent encore. Murmure contrarié, révolte à peine audible et réflexion à la dérive...

    « Foutues bouées de sauvetage... »

    Et je comptais bien faire le tour du port, poignard en main, afin d'éventrer chacune d'elles. J'en étais indéniablement capable. Quelle affaire... Imaginez donc ! Meurtres de bouées en série à Neverland... Ou encore, le mystérieux tueur de bouées ! Quel plaisir aurais-je alors connu à déchirer le plastique orange... Excentricité de plus. Sylar n'avait pas dû saisir le sens de mes propos, ce qui n'était pas véritablement rare en soi. Qu'il aille au diable, avec sa lucidité de sauvetage ! Je comptais bien la mettre à mal, tout comme ses obsessions de fée du logis. Révolution au sein des piles de chaussettes, révolution du paradoxe. Le murmure se fit plus explosif, plus sonore. L'impulsion était de nouveau là, défiant les maigres résistances de la tiédeur...

    « Au diable les occupations raisonnables ! Je ne sais pas être raisonnable avec ta petite personne. Et puis, comment... Comment veux-tu que je sois... Raisonnable... Alors que tu... »

    Silence. Silence où s'acharnaient nos souffles capricieux. Et les ratés... Les innombrables ratés, où la pulsation cessait soudainement sous le poids de la découverte encore brulante, encore présente sur mes lèvres... Pour mieux ressusciter de nouveau, violente, déraisonnée. Comment diable espérait-il paraître raisonnable, lui, alors que... Le sang lui était monté aux joues, teintant son visage d'une couleur exquise. Fascinant. Intonations si fragiles de sa voix, haletantes, avides de retrouver l'apaisement dérobé. Cette étreinte, cette découverte... Qu'elle avait été dévorante, happant toute autre considération, fébrile et affamée ! Mais il y avait mis fin. Il y avait mis fin... Pourtant, j'avais senti l'étreinte se resserrer, son bras m'emprisonner. Plus... Perceptible grognement alors que, décidé à ne pas quitter son étreinte, j'enfouis mon visage à la naissance de l'épaule. Bravant le col de sa chemise légèrement froissée. Qu'importe. Irrésistible arôme... Oh que non, il n'était pas raisonnable lui non plus. Sa peau, en proie aux flammes, me brûlait presque. La tiédeur me gagnait aussi, contagieuse, m'infectant moi aussi. J'avais chaud... Trop. Mais je n'aurais délaissé pour rien au monde la source du trouble.

    Ses lèvres encore entrouvertes constituaient une invitation diablement tentante ! Me redressant lentement, mes yeux vrillèrent les siens. Mes lèvres se plissèrent, faussement craquantes, en redemandant d'avantage. J'insistai volontairement sur les syllabes de son prénom, afin d'accentuer le tableau: désespérant enfant s'adonnant une fois de plus au caprice, encore et toujours. Murmure, murmure, sans le lâcher des yeux.


    « Sylaaar... Les huitres ou ça, choisis. »

    De la séance de chatouilles, passerions-nous à la séance de baisers ? Nan pêche, s'il choisissait les huitres, je n'allais sans doute pas m'en remettre. Peut importe. Pas d'intoxication aux baisers, pas d'excuse. Comme il semblait étrange de pouvoir le dévorer des yeux tel qu'il était en cet instant. Fascinant ? Oui, c'était le terme. Lui d'ordinaire si diablement bien présenté. Non pas qu'il ne l'était pas, oh que non. Mais sa tenue était indéniablement plus négligée, et par pur caprice, j'entrepris de froisser le col de sa chemise... Extrêmement concentré par la tache. Bousculer l'ordre en vigueur, c'était un peu comme marquer ma possession. Une mèche brune tordue en un épi indécent. Quoi d'autre ? L'inspiration commençait à me faire défaut... Alors, las de le taquiner de la sorte, je décidai de le harceler de différentes façons. L'envie de renouveler la découverte m'étreignait avec tant de violence... Mais je désirais crever la bouée de sauvetage plutôt que de l'envahir sans permission. Escaladant les vertèbres une à une puis le creux des omoplates avec avidité, ma main vint désinvoltement se poser sur sa nuque. Tordant les mèches brunes y ayant élu domicile.

    Frémissement. Lèvres mutines allèrent déposer une caresse, entreprenant le chemin qui menait à l'oreille. Je me sentais fiévreux. Contaminé par sa tiédeur, suffocant presque sous l'impulsion nouvelle. Ombre sarcastique s'insinuant au creux du murmure, la réplique fusa, faussement maladroite...


    « Ne t'en fais pas... Si tu te métamorphoses en Homme-huitre, je te dévorerai malgré tout. D'une autre manière peut être... »

    Sourire pensif. Oui, je le dévorai déjà... Des yeux. Après mure réflexion, un second aveux naquit de mes lèvres moqueuses.


    « Tu ferais la plus exquise de toutes les huitres masculines de la région, on ne te l'a jamais dit ? »
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MessageSujet: Re: Dindons farcis ? Poulets rôtis ? Manqué ! Dindons farcis ? Poulets rôtis ? Manqué ! EmptyMer 24 Juin - 21:53

Bouée de sauvetage ? Oh… Si Walrus commençait à divaguer ainsi, c’était réellement qu’une halte s’imposait, se dit-il sans oser formuler sa pensée. Il bredouillerait. Pour l’heure, il lui était trop difficile de ne pas vaciller, de s’offrir fatalement aux baisers du jeune homme. Si accueillant. Si encourageant. Il était pire que la plus – subtilement – aguicheuse des filles de joie. A promettre ainsi tant d’horizons, tant de contrées encore inexplorées. A ne pas sembler garantir l’enfer.
Et il le contredisait. Comme toujours. Contrairement à lui, Walrus était sincère. Je ne sais pas être raisonnable avec ta petite personne. C’était ça ! C’était tout à fait ça ! Combien aurait-il voulu lui retourner cette outrageuse vérité. Il s’en empêchait, bien sûr, se rendait par conséquent stupide, mais croyez-le, il tentait d’assumer au mieux. Que craignait-il pour se priver ainsi ? Que Walrus ne fût pas une source intarissable ? Ridicule. Ne trouverait-il pas toujours le moyen d’y boire ? De s’en délecter ? D’y apprécier un goût chaque fois différent ? Il voulut sombrer de nouveau pour s’en assurer, mais tint bon.
Lui résista.
Leur résista. Se damnait-on pour des lèvres ? … Question idiote ?
Ces lèvres qui lui grimpaient dessus.
Ses mains se posèrent sur les épaules de son coéquipier, le repoussant mollement, trop mollement, tandis qu’il penchait sensiblement la tête sur le côté, les paupières lourdes de volupté. Oh, oui, le plaisir lui remontait le long des entrailles, ondoyant comme un petit dragon d’eau.

— Walrus… S’il te plait…

La résistance le poussait à froncer les sourcils. Car il n’y avait rien de plus humiliant qu’une résistance mensongère. Et pourtant il persistait. Il s’accrochait à sa lucidité qui, en retour, refusait de lui faire comprendre pourquoi il se démentait lui-même. Pourquoi il résistait à cette superbe moue, pourquoi il ne remplissait pas son rôle d’adulte en succombant à l’enfant. Mais même ses yeux finirent par fuir, presqu’honteux, rivés sur le côté comme un cancre au coin d’une classe. Il ne manquait plus que le bonnet d’âne.
Et ces lèvres, désespérément tentatrices, proférèrent les paroles fatales. Ses pupilles se compressèrent sous la surprise. Il s’étrangla presque :

— Tu… Tu n’y songes pas.

Il tamponnait en prime sa propre apparence de sa personnalité d’Extravagant. Sylar subit le changement d’identité, désarçonné, désœuvré, ses yeux légèrement agrandis s’étant soustraits à leur punition. Un vertige décisif le prendrait s’il se voyait dans un miroir. Ainsi contredit dans ce qui généralement le couvrait le mieux, mentait pour son intérêt personnel. Sa mise, son maintien, son regard, son masque ! Il ne répondit pas, se contentant de fixer Walrus et aspirant parfois de grandes goulées d’air. Le plongeon qu’il n’osait pas.
Heureusement pour lui, ses yeux recommençaient d’eux-mêmes à réprimander. Ta main, Walrus, ta main. Non, pas là ! Frappé par la foudre de son cheminement, il se raidit comme précédemment. Un frisson qui alla jusqu’à faire trembler sa mâchoire, tout contre la joue de son coéquipier. Mais il y avait autre chose. Un sentiment plus persistant de menace. L’idée que quoi qu’il fît, s’il ne le faisait pas vraiment, Walrus ne se retirerait jamais. Il aurait raison, c’était évident. Sylar se rendit compte, cette fois sans équivoque possible, que toute sa personne devait constituer pour Walrus un véritable appel à la déraison. Un appel qu’il ne pouvait décemment pas refuser, surtout compte tenu de son caractère. En clair, le brouillard de la stupidité venait de s’alléger un tant soit peu. Mais rien n’y faisait. Pas maintenant. Pas ce soir. Il lui faudrait du courage, de la force pour feindre une détermination dont il ne voulait pas. Mais oui, embrasse-moi, Walrus, tu es le seul à pouvoir me donner l’impression que je suis fais pour ça. Et c’était quelque chose. Mais un quelque chose qu’il voulait savourer lentement, quitte à se faire du mal. Masochiste ? Pré-ci-sé-ment. Il se ferait à la fois bourreau et victime.

— Effectivement, soupira-t-il en le repoussant pour se lever. On ne m’avait encore jamais gratifié d’un tel… compliment jusqu’à maintenant.

Heureusement que c’était lui, du reste. Personne d’autre n’aurait pu se permettre une telle familiarité sans qu’il ne prît de l’humeur.
Réajustant le col de sa chemise, dos à Walrus pour ne pas avoir à affronter son regard, il reprit :

— Et c’est maintenant sûr : les huîtres que tu as mangées étaient alcoolisées. Je préférerais du reste subir ces horreurs visqueuses et vivantes plutôt que d’être la victime du psychopathe qui les adule. Maintenant, cesse donc de faire l’enfant.

Un microscopique sourire par-dessus son épaule et il quitta la pièce, allant précipitamment s’enfermer dans la salle de bain. Il déplaça une petite commode pour bloquer la porte – on ne savait jamais, sans en étouffer le bruit, et glissa doucement contre les tiroirs en fermant les yeux. Le cœur soulagé d’être parvenu à jouer la comédie, en même temps lourd, très lourd, de s’être séparé de lui. Il demeura un petit moment dans cette position. Quelle histoire ! Ne cessait-il de se dire.
Puis, lentement, il déboutonna sa chemise, dévoilant peu à peu sa peau diaphane inexplorée. Puis il se leva, terminant de se déshabiller. Aucune douche froide, il n’aimait pas ça, même pour s’ôter des idées corruptrices de la tête. Non, plutôt une douche brûlante, qui lui engourdit les membres, apportant au début une nuance en laissant aller son front contre les carreaux gelés qui sertissaient la baignoire. Bien sûr, il ne put s’empêcher de songer à la réaction de Walrus. Il l’avait rejeté. S’assurait néanmoins qu’il saurait le récupérer une autre fois.
La chaleur, par ailleurs tout autre que celle que lui offrait son coéquipier, finit par lui monter à la tête. Serviette nouée à la taille, une autre autour du cou pour ses cheveux, il déplaça la commode et colla son oreille contre la porte, réduisant chaque son, sauf ceux que Walrus émettraient peut-être. Que faisait-il ? Etait-il encore là ? … Parti chercher des huîtres ?
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MessageSujet: Re: Dindons farcis ? Poulets rôtis ? Manqué ! Dindons farcis ? Poulets rôtis ? Manqué ! EmptyLun 29 Juin - 12:29

    S'il te plait. Vulnérabilité indéniable, découverte, appréciée. Ses bras me repoussait vaguement, la détermination lui faisait défaut. Juste encore une fois, moi aussi je suis capable de le dire. S'il te plait. Sa résistance manquait terriblement de conviction. Mais ses prunelles délaissèrent les miennes, lâches, fuyantes. Et pourtant il savait... Combien je pouvais détester cela. La tiédeur palpitait encore tout contre moi, lointaine, fugueuse. Je le tenais dans mes bras et j'avais cette désagréable sensation qu'il ne s'y trouvait déjà plus. S'il te plait, regarde moi. L'insupportable bouffée de noirceur qui remontait des méandres de mon esprit tortueux. Éternelle rengaine que je m'évertuais depuis toujours à étouffer, assassin bouffi de désespoir. Attiré par le crépitement du feu, je m'y étais brûlé les doigts. Comme un gosse. Regarde moi. Mais déjà la séparation, déchirure silencieuse.

    Ce n'était pas tant le fait d'avoir été repoussé. Notre relation même tenait au jeu du chat et de la souris. Les acteurs alternaient pour chacun des rôles. Mais nous nous confrontions toujours de face. Une réplique pétillante d'esprit, et c'était réglé. Sylar ne détournait pas les yeux lorsqu'il me confrontait à sa foutue lucidité. Il n'en avait pas le droit. Réprimande moi autant qu'il te plaira ! Mais, s'il te plait... S'il te plait, regarde moi.


    « Crétin... »

    Pour lui, pour moi, qui sait... Les deux, peut être. Ou peut être pas. Seule consolation, l'ébauche imperceptible d'un sourire. Éphémère petite consolation au milieu du décor... La frustration, mêlée à la colère. L'étouffant ressenti resurgissait spontanément. Comme toujours, comme jamais. Cesse donc de faire l’enfant... L'habituel refrain, aux consonances si familières entre ses lèvres à lui. Sonorités perdues elles aussi, écrasées par le silence opaque. Il fallait absolument que je m'extrais de l'état d'incapacité complète dans lequel je m'étais plongé tête baissée. C'était comme si, dans un coin de mon être, près du petit cadrant Vulnérabilité, une foutue diode rougeoyante s'était mise à clignoter. Toc, toc, toc. Rouge, noir, rouge, noir. Menace. Grincement sur le carrelage de la salle de bain, non loin de là... Un meuble que l'on déplace. Un chemin de moins à emprunter. Il ne me restait plus que cela, la dernière option.

    Abandonnant le moelleux du Canapé dans lequel je m'étais presque fondu, tant je m'y étais enfoncé, je me laissai submergé par les réflexions les plus extravagantes. La vengeance, bourgeon revigorant... Si Sylar préférait embrasser l'huitre, il allait être servi ! Je n'avais nullement besoin de retourner sur le petit marché nocturne. J'aurais pourtant souhaité avoir une bonne excuse pour me précipiter dehors, n'importe où, loin de la péniche, loin de lui: loin de la noirceur et de la vulnérabilité. Ou peut être pas. Il était sans doute plus 'Walrus' de me complaire dans le flot de sensations désagréables. M'enfoncer plus encore dans la contrariété. Alors tempis... Tempis si j'avais pris la peine de laisser quelques huitres au frais, dans l'espoir de confondre Sylar et son hilarante frayeur de se transformer en Homme-huitre ! Tempis si je n'avais aucune raison valable pour m'extraire du tendre foyer que nous nous étions construit.

    Me sentant l'âme théâtrale, je pris le soin d'éteindre les lumières de notre péniche. Bougies et ketchup en main, je pris la peine de m'assoir devant la porte encore barrée du meuble de la salle de bain. Il fallait faire les choses avec raffinement, n'est-ce pas ? Et l'imagination se trouvait être le principal atout. Or, de l'imagination, je n'en manquais pas... Un cercle, un flot de signes tantôt inventés, tantôt imités. Au Ketchup. Et pas question que je me charge de nettoyer par la suite ! Le tapis se retrouva donc ornementé d'une vague esquisse de schéma satanique. La teinte 'spécial Ketchup' possédait quelque chose de relativement impressionnant, ainsi illuminée par la lueur tremblotante des bougies. Au centre de la préparation rituelle, la mixture... Si j'avais d'abord eu l'irrésistible intention de palier au manque de culture culinaire de Sylar, j'avais changé mes plans après l'incident. Je m'étais délecté de la fameuse préparation: arrachant les quelques demoiselles à leur berceau de calcaire et de nacre. J'avais mixé le tout non sans amusement, éclaboussant sans vergogne les murs de la cuisine. Là aussi, j'avais ensuite impliqué ma tendre compagne: la bouteille de Ketchup. Pas d'assaisonnement. C'était déjà bien assez glauque comme cela ! Vague bouillie informe et gluante à souhait, la mixture sanguinolente me paraissait peu ragoutante, même à moi. Ma passion pour les huitres possédait ses limites...

    Sourire macabre aux lèvres, j'allumai la dernière bougie. La roulette du briquet n'émit pas le moindre son, de même que le crépitement des bougies. Plus rien, juste ma respiration mesurée. L'écoulement de l'eau avait cessé. Mon cher, trop cher Sylar, était donc fin près à déguster sa punition. Soucieux du détail comme jamais, j'avais disposé la bouillie d'huitres dans une coupole de verre. J'y enfonçai une paille multicolore, et laissai à l'intention du condamné un morceau de papier... Je m'étais appliqué. Arrondissant les lettres d'ordinaire penchées et tracées avec négligence et empressement. Pas cette fois. Deux petits mots si joliment écrits: "Bon appétit". Je m'éclipsai ensuite de la pièce, pour mieux y revenir immédiatement ! A pas de loup. Le métier de tueur à gages, ça vous apprend la discrétion, croyez moi ! Je me tapis dans un recoin ténébreux de l'endroit, désireux de contempler le supplice du traitre... Regrettant finalement de n'avoir corsé l'épreuve en ajoutant toute sorte d'ingrédients supplémentaires à la mixture. Je préférerais du reste subir ces horreurs visqueuses et vivantes plutôt que d’être la victime du psychopathe qui les adule. Rien n'est moins sur, mon petit Syl' ! Le savais-tu ? La vengeance est un plat qui se mange froid...
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MessageSujet: Re: Dindons farcis ? Poulets rôtis ? Manqué ! Dindons farcis ? Poulets rôtis ? Manqué ! EmptyMar 30 Juin - 15:55

Presque. Il était là, tout près, mais il ne put savoir exactement ce qu’il… tramait. Forcément quelque chose de mal, du moins qui ne le réjouirait pas, lui, Sylar, monstre de pondération. Malheureusement, ses nerfs commençaient franchement à fatiguer, et quelque chose lui disait que cette nuit, il se coucherait épuisé par les assauts répétés de son coéquipier. C’était ça, de devoir s’occuper d’un gamin. Que lui faudrait-il subir avant de pouvoir rejoindre son lit ? Regretterait-il de n’avoir pas succombé aux formidables lèvres de Walrus, de ne s’être pas échappé avec lui jusqu’au pays des merveilles ? D’avoir respecté les limites une énième fois. Presque.

Il décolla son oreille de la porte qu’il ouvrit après avoir longuement inspiré. La volée faillit éteindre les bougies, mais il se sentit béni… de n’être pas du genre à se précipiter immédiatement en-dehors de la pièce qu’il s’apprêtait à quitter. De toujours s’arrêter avant de franchir le seuil. Prudence comme maître-mot. Le spectacle qu’il effleura alors le laissa littéralement penaud. Sourcils haussés, il hésitait entre rire – intérieurement ! – et hurler – façon de parler ! – après Walrus pour s’être salement improvisé décorateur de tapis. Il contempla le pentacle gastronomique un long moment, clignant mollement des paupières. Blasé ? Comment ne pas l’être ? Et, diable, c’était surtout que Walrus n’avait pas fait les choses à moitié !
Sans quitter le chef-d’œuvre du regard, la main de Sylar se perdit dans les plis de la serviette pour s’ébouriffer vaguement les cheveux, éparpillant d’autres gouttes sur ses épaules. Puis il se pencha pour cueillir la coupole et l’élever à hauteur d’yeux, son menton se ridant instantanément sous le dégoût. Ses tripes avaient manqué se retourner. Walrus lui en voulait donc tant pour le châtier ainsi ? Désirait-il réellement le voir ingurgiter cette abomination compacte, qui s’agitait douteusement, par petits tremblotements, à la moindre secousse ? Et la paille… La paille ! Généralement fidèle aux plus jolis cocktails, elle se dénaturait complètement en baignant dans la mixture grisâtre. Qu’était-ce, d’ailleurs ? Il en huma l’odeur, roula des yeux. Le sel et l’âcreté de la mer lui donnèrent le vertige. Walrus avait bel et bien osé. En lui laissant en prime un petit mot lourd de sens, aussi bien par ce qu’il disait que par le soin qu’on y avait apporté. Il ne fallait jamais pousser Walrus à s’appliquer de la sorte.
Il se pencha de nouveau, étendant le bras pour brûler une grande partie du papier à la flamme d’une bougie, avant de souffler sur toutes les sources de chaleur. Savait-on jamais, un feu se déclarait si vite… Que ce fût dans des prunelles, dans un corps ou sur une péniche toute faite de bois. Il ne resta plus que la lueur de la salle de bain, dont les vapeurs brûlantes s’étaient furtivement dissipées. Et le coin de la feuille qui lui était resté entre le pouce et l’index chut délicatement au centre du pentacle. Il ne poussa pas le vice jusqu’à goûter ce qu’il avait deviné être, par l’odeur et l’aspect, la sauce ketchup que Walrus était le seul à utiliser. Il en revint plutôt à la coupole… d’huîtres bouillies. Il ne savait pas si son coéquipier était là, ne chercha pas à le savoir, se contentant de s’en douter. Il s’appuya nonchalamment contre l’encadrement de la porte, mais avant de porter la paille à ses lèvres, il souffla.

— Quelle douce attention que de les avoir tuées avant…

Son amour de Walrus. Craignant tellement que son coéquipier ne se changeât en huître… peut-être ? Il ne fit pas de remarque quant au fait qu’il ne s’agissait pas d’une dégustation en bonne et due forme. Ce n’était pas de cette façon qu’il lui ferait aimer les huîtres ! Mais Sylar pouvait parfois se montrer bon joueur. Il respecterait ses dires, à savoir qu’il avait préféré, ce soir, avaler des huîtres – ou ce qui s’en approchait – plutôt que de redessiner le contour des lèvres de Walrus. Alors, il pinça doucement la paille et aspira…
Sans se boucher le nez.
Sans jamais s’arrêter.
Outre les barbotements visqueux qui heurtèrent les parois de verre, on aurait pu croire à un breuvage tout ce qu’il y avait de plus convenable. Et une fois fini, il alla même jusqu’à passer la langue sur ses lèvres, l’air d’en redemander encore.

— Finalement, dit-il alors, je crois que ce soir, ce sont les huîtres les bienheureuses.

La vérité était qu’il allait vomir d’un instant à l’autre. Facile à constater, ses lèvres qui ne pouvaient s’empêcher de se tordre le trahissaient. Lâchant la coupelle qui se brisa malgré l’amortissement du tapis – laissant par ailleurs croire à une véritable scène de crime avec la sauce rouge – Sylar se claquemura précipitamment dans la salle de bain pour rendre la totalité du breuvage qu’il venait d’absorber au fond des toilettes. Complètement retourné, il dut redoubler d’efforts pour faire valoir son don, passablement honteux d’être ainsi victime des insuffisances de son corps. Walrus avait peut-être tapé un peu trop fort pour son pauvre estomac. Aucune chance qu’il devînt un homme-huître, très peu encore pour qu’il acceptât un jour de goûter le fruit de mer dans son état normal.
Le front en sueur, Sylar se redressa et tira la chasse. Sans bruit, bien sûr.
Il se sentait déjà mieux. Et il paracheva ce bienfait en se brossant méticuleusement les dents, chassant – à jamais, il l’espérait – ce goût immonde de sa bouche. Une horreur. Il faillit se sentir fier de lui d’avoir ainsi enduré le pire. Oui, le pire !

Comme si de rien n’était, il sortit de la salle de bain – n’oubliant pas d’enjamber le chantier qui gisait au pas de la porte – et gagna sa chambre, sans se soucier de Walrus qu’il chercherait une fois habillé.
Enfin, habillé… La tenue de nuit de Sylar ne tenait généralement qu’en un confortable pantalon noir en coton, qui lui retombait juste ce qu’il fallait sur les pieds. Il garda une serviette autour du cou et partit automatiquement en quête d’un seau à moitié rempli d’eau – mélangé à un produit spécifique aux tapis, d’une brosse et d’un nécessaire à balayer… Dans la cuisine. Sauf que, la cuisine, mes amis… Eh bien elle avait déjà affiché une meilleure mine que celle qu’elle tirait présentement ! A qui la faute, on se le demandait. Et avec perplexité, s’il vous plait.
Mais il ne dit rien, regagna le salon, pleinement équipé.
Toutefois, s’il déposa son attirail près de la scène de crime, il ne s’attela pas immédiatement à la tâche. Non, d’abord, il chercha Walrus. Qu’il trouva sans trop de peine pour lui saisir l’avant-bras et l’attirer contre lui – pas totalement, pas comme ils l’auraient probablement voulu tous les deux.
Son bras glissa pour lui entourer les épaules, comme s’il voulait lui donner une accolade, mais ce ne fut nullement le cas.

— Tu me feras le plaisir de nettoyer la cuisine, n’est-ce pas ?
S’il avait su pour la chambre ! Les tiroirs qu’il rangeait toujours avec tant de soin, pour tout aussi souvent voir son travail saccagé par un petit monstre !
Un petit monstre dont il aimait justement alimenter la monstruosité. Pour cette raison, sa bouche épousa doucement la sienne, et appuya, appuya, fougue dévorante, jusqu’à ce que ses dents ne vinssent mordre la lèvre inférieure jusqu’au sang, dont le goût métallique se déposa aussitôt sur sa langue. Rien de méchant, ça se refermerait vite.
Il continua un moment, puis se détacha sans prévenir, cruel, agitant négligemment la main alors qu’il rejoignait déjà son équipement pour procéder au nettoiement. Mais que dit-il ? Une énième insolence, bien sûr :

— On dit que les enfants s’endorment mieux avec un baiser de bonne nuit.

Il s’accroupit devant les morceaux de verre qu’il tassa au fond du ramasse-poussière, et entreprit de brosser avec douceur les fibres du tapis méchamment tachées par le rouge du ketchup. Vraiment, ce Walrus… Aucune pitié pour les textiles !
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MessageSujet: Re: Dindons farcis ? Poulets rôtis ? Manqué ! Dindons farcis ? Poulets rôtis ? Manqué ! EmptyMer 1 Juil - 12:07

    Satisfait. De la petite vendetta que j'avais mené à terme. Du petit spectacle dont j'étais l'auteur. De l'abominable punition. Capricieuse compagne, la bouffée de chaleur n'en démordait pas. Tapis dans un coin de la pièce, les joues diablement trop colorées: et tout cela, c'était sa faute. Coupable. Coupable d'être devenu en l'espace d'une soirée une source intarissable de fantasmes et de contrariété. Non, Mr. Sylar n'avait pas jugé bon de se vêtir de façon plus conséquente avant d'affronter le supplice de la bouillie d'huitres. Oh, bien évidemment, cela n'était pas pour me déplaire. J'avais tout le loisir de dévorer des yeux sa peau si tendre et si douce au regard. Bah, après tout, il était l'unique responsable. Il savait pertinemment comme je pouvais déraisonnablement voguer sur le flot des réflexions désobligeantes et tendancieuses avec tant de facilité. Tu vois, les huitres ne sont pas les seules bienheureuses, ce soir... Savourant plus la délicieuse image de Sylar que la vengeance en elle-même, je sortis finalement de ma cachette, contemplant le carnage dont j'étais à l'origine.

    Syl' réapparut, transformé de nouveau en petite fée du logis. Je n'y étais pas allé de mains mortes... Le tapis était-il récupérable ? Je faisais suffisamment confiance aux incroyables talents ménagers de mon compagnon pour le croire. Mais il ne semblait pas décidé à débuter le grand nettoyage, pas encore. Nulle résistance lorsqu'il m'attira vaguement contre lui, s'étant emparé de mon avant-bras. Ah, oui... La cuisine. Sourire débordant de nonchalance, soupire d'assentiment. Absolument ravi de mes méfaits, je consentais malgré tout à apporter un peu de contribution afin d'en amoindrir les conséquences. J'avais déjà obtenu satisfaction, inutile de pousser plus loin le petit jeu de la vengeance. Je n'étais plus d'humeur à contrarier, à houspiller. Et puis, fulgurante stupéfaction. Savoureuse surprise. Pas de doute, les huitres lui étaient monté à la tête ! Sylar, les lèvres de Sylar. Douce étreinte dont je n'étais pas le responsable, cette fois-ci. Cœur frémissant, la morsure plus enivrante encore. La fée du nettoyage s'était métamorphosée en petit vampire. Soupire un tantinet ronchon lorsqu'il me délaissa sans prévenir... L'insolence est contagieuse. La réplique franchit mes lèvres avant même que je ne prenne conscience de l'avoir formuler...


    « Dans ce cas... Attends toi à ce que j'en vienne à réclamer tes lèvres chaque soir. »

    Bâillement léger, que j'étouffai du creux de ma main avec désinvolture. Quelle heure était-il ? Sans doute pas une qui fut raisonnable pour coucher les enfants. Mais j'avais promis, silencieusement, promis tout de même. J'exécutai la besogne avec application, pour une fois. Du mur jusqu'au plafond, le joli parquet aussi. Et puis les meubles de travail. Pas une seule trace de mes essais culinaires n'y survécut... Serpillère, éponge, balai, tout était bon à prendre. La fin du calvaire me laissa groggy d'épuisement, affalé contre le frigidaire. Nouveau bâillement, plus insistant celui-ci. Signe qu'il était plus que temps pour le grand Walrus de rejoindre le moelleux de sa couette. Mimant involontairement la démarche d'un zombie, je me rendis jusqu'à mon antre sans trop m'en rendre compte: automate ensommeillé. Je passai devant la chambre de Syl' sans m'arrêter, notant simplement l'absence de lumière et la respiration mesurée qui s'en échappait régulièrement.

    Je me jetai précipitamment sur mon lit - me laissai tomber comme une loque serait plus juste. Quelque chose n'allait pas. Je n'arrivais toutefois pas à mettre le doigt dessus. Frisson. Je roulai de droite à gauche, puis de gauche à droite, m'emmitouflant dans la couette. Chair de poule. Nouveau frisson, violent, qui se répercuta en moi désagréablement. Je m'endormis malgré tout, trop exténué pour chercher à trouver l'origine du malêtre qui m'étreignait si brutalement... Sommeil volage. Entre rêve et réalité, j'eus bien du mal à discerner la frontière. Piégé entre l'entre-deux, j'avais la vague impression de délirer. Pensées sans cheminement, incohérence, et puis le froid. Le froid dévorant. J'émergeai de moitié de la semi-inconscience sans savoir depuis combien de temps je dormais, tremblant des pieds à la tête et rageant intérieurement contre la faiblesse de ce foutu pantalon en coton. Incompétent T-Shirt également ! Me redressant non sans mal de mon lit, dans lequel je m'étais emmêlé dans les couvertures et la couette, je manquai de m'étaler lamentablement. Avant de me rendre jusque dans la chambre de Sylar, titubant au grès des frissons... Je grimpai jusqu'au lit double, me glissant sous les couvertures en réprimant les tremblements sans efficacité. Ce n'était pas la première fois, je lui rendais souvent visite. Sa simple présence non loin de moi avait l'effet le plus bénéfique sur mon sommeil autrement des plus agités. Mais cette fois, je ne pris pas le soin de dérober la couette à mon profit. Je ne pris pas la peine non plus de monopoliser le territoire.

    Je vins me lover tout contre lui, soupirant d'aise en découvrant la délicieuse tiédeur de sa peau. Mais cela ne suffisait pas. Les tremblement reprirent de plus belle, me glaçant jusqu'à l'os. J'avais l'indescriptible sensation qu'un foutu gnome dansait la Rumba dans mon crâne ! Vicieuse souffrance qui s'acheminait par vagues régulières contre mes tempes. Froncement de sourcils. Trop tard.. Je sentis monter le ressenti familier du changement. Lorsque je changeais quelque chose de mon être, un bout de Walrus contre autre chose. Mais la transaction, involontaire, n'avait rien d'agréable. Poussé par l'inconscient sentiment d'impuissance, je tentai de m'y opposer, et ne récoltai de la tentative qu'une fulgurante migraine. Pupilles brûlantes sous l'incessant changement de couleur. Les mèches désinvoltes devaient elles-aussi y passer. Yeux et cheveux, il s'agissait toujours de ce qui y passait en premier lorsqu'un trouble quelconque s'emparait de moi sans prévenir. Insupportable malêtre, sourde douleur et le froid... Le froid. Pourquoi la douce chaleur de Sylar ne m'enveloppait-elle pas ? Qu'avais-je donc fait pour mériter une nuit pareille... Satanée fièvre ! Je détestais être malade. je n'étais jamais malade. Et cela valait mieux. Car j'étais plus insupportable encore lorsque c'était le cas. C'était dire...
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MessageSujet: Re: Dindons farcis ? Poulets rôtis ? Manqué ! Dindons farcis ? Poulets rôtis ? Manqué ! EmptyMer 1 Juil - 16:58

Oh. Attends-toi, attends-toi… S’il croyait lui faire peur. Ce n’était qu’en s’attendant à tout qu’on pouvait survivre en compagnie de Walrus Mc Fly. Quant à savoir combien de temps il lui faudrait réclamer chaque soir avant de trouver satisfaction… Ou pas…
Il avait donc imperceptiblement souri, doublement amusé par le bâillement qui signifiait l’éteignement des lumières, la fin des affrontements, en outre, la trêve. Agréablement surpris également : Walrus n’avait pas renâclé à nettoyer la cuisine. Alors c’était réellement la fin. Tant mieux. Il se sentait réellement fatigué, pourvu seulement d’une once de force physique pour mener à son terme le traitement du tapis. Il s’appliquait d’ailleurs avec l’amour d’une grand-mère, passant délicatement la brosse sur les fibres foncées afin que chaque couleur restât à sa place. L’inconvénient d’un tapis persan. Mais il tenait particulièrement à celui-ci. Obtenu, il se souvenait, en s’appropriant l’une de ses nombreuses réserves d’ingrédients. Sa victime avait été un vieil homme passionné par toutes les reproductions du monde oriental, comme lui-même nourrissait un intérêt certain pour les vieilleries baroques. Il s’en serait volontiers fait un « ami » sur ce plan là, mais les principes avant tout. Jamais de dépendance. De cette façon, il avait également pu mettre la main sur quelques éléments de décoration tout à fait remarquables. Alors oui, il l’aimait bien, ce tapis, et l’entretenait en conséquence.
Une dizaine de minutes suffit.
Le seau fut vidé dans les toilettes et déposé à côté, la paille perfide jetée dans la petite poubelle. Quant aux éclats de verre… Il les balança à la mer. Pourquoi ? Parce qu’il ne ratait jamais une occasion de tuer quelques méduses – il en avait horreur. Les bouteilles et sacs de plastique étaient plus efficaces, mais restaient un moyen trop peu écologique – c’était le cas de le dire ! Le verre avait le mérite d'être... plus joli.

Finalement, il gagna sa chambre.
Un petit rituel se déroulait alors : étirements et craquements qui hérisseraient tous ceux qui n’en supportaient pas le bruit. Cependant, on n’entendait jamais rien. Sa nuque tournait, tournait, et sa mâchoire emprisonnée entre ses mains, crac – muet –d’un côté, puis crac – muet – de l’autre. De même pour son dos, ses épaules et ses bras. Plus rarement pour ses jambes. C’était une façon comme une autre de se défouler, de libérer la tension accumulée. Il ne pouvait pas dormir sans ça.
Sa chambre, du reste, était dans le même ton que le salon, à la différence qu’elle présentait un mariage entre le noir et le pourpre – le vrai, pas celui de son œil abominable – avec ici et là quelques pans de velours qui caressaient les meubles de cèdre tantôt noir, tantôt rouge. Une large armoire à trois portes – la centrale était pourvue d’un miroir, une commode, deux tables de chevet et, fantasque extravagance, une méridienne sur laquelle il ne prenait jamais le temps de s’allonger. Ironique, n’est-ce pas ? Pensez, une méridienne, ça ne servait qu’à se contempler le nombril. Et il avait mieux à faire durant la journée. Oui, lire un livre sur des huîtres mutantes, par exemple. Et alors ? Il était temps de dormir, maintenant.

Sylar éteignit la lumière et se glissa entre ses draps, sur le flanc gauche du lit, au cas où Walrus avait une énième fois la mauvaise idée de grignoter un peu plus de son territoire. Encore une chose qu’il ne comprenait pas : ne pas pouvoir dormir seul, ou difficilement. Lui adorait ça, ou plus précisément, il ne pouvait sans doute pas dormir autrement. Les premières nuits avec son coéquipier lui avaient été pénibles, très réticent, au début, à lui céder une part non négligeable de son sanctuaire. Mais il avait su compenser le sacrifice : Walrus dormait toujours très profondément et n’émettait aucun bruit intempestif. Il y avait juste cette propension à s’accaparer toute la place, à ses dépens à lui, pauvre Sylar entièrement envahi. Etait-il déjà tombé du lit après que Walrus l’eût poussé une fois de trop ? … Personne ne le saurait jamais. Ce n’était naturellement pas quelque chose qu’il se plairait à raconter.
Sur le dos, il dut bien s’écouler dix minutes avant qu’il ne s’endormît. A s’être demandé si son coéquipier s’en sortait, le plaignant presque de savoir qu’il n’était pas encore couché… A faire le vide dans sa propre tête également, sans quoi il ne trouvait jamais le sommeil. Puis ses paupières s’étaient chargées de plomb, le coupant du monde, du léger balancement de la péniche. Ses traits retrouvèrent leur innocence époustouflante, qu’il n’était donné qu’à une personne de voir. Sa poitrine commença à s’élever, à s’abaisser avec la plus parfaite régularité.

Aucune image ne perturbait jamais le sommeil de Sylar. C’était l’assurance de sa tranquillité. Les spectres de ses victimes ne venaient pas le hanter, ni même l’enlacement funeste du remord. Il n’y avait qu’une impression de coton. Injuste qu’un meurtrier pût dormir sur ses deux oreilles alors que les habitants de Malkins redoutaient avec des sueurs froides la prochaine intervention des épouvanteurs. Eh bien, ils n’avaient qu’à devenir chasseurs plutôt que chassés. C’était ce qu’il avait fait, lui. On n’obtenait jamais rien sans rien.
Hélas, il lui arrivait à de rares reprises d’avoir le sommeil cassé. Ce n’était pas tellement Walrus. Une porte qui s’ouvrait, un poids supplémentaire sur le lit. Lui, bercé par les brumes, n’avait qu’à rester là où il était ; ou encore vaguement retenir d’une main un pan de couverture ; ou enfin, plus exceptionnellement, lever le bras pour en entourer son coéquipier exigeant. La dernière option l’emporta, mais quelque chose n’alla pas. Si bien que ses yeux s’ouvrirent instantanément, comme s’il ne s’était jamais endormi. Sa main, à tâtons, actionna l’interrupteur de la lampe de chevet et il baissa les yeux sur Walrus, qui tremblait à n’en plus pouvoir contre lui. Il n’eut pas besoin de toucher son front pour constater l’importante fièvre dont il était victime.

— Walrus… ?

Un murmure. Il l’observa, soucieux, empêchant la torpeur du sommeil d’étendre à nouveau son emprise sur lui. Malade ? Comment était-ce possible ? Pas à ce point. Pas si vite. Ne l’avait-il pas laissé en pleine forme ? Ce n’était tout de même pas le nettoyage de la cuisine qui l’avait mis dans cet état ! Un frisson désagréable lui perfora le dos. Il se détacha de son coéquipier du mieux qu’il put, sans brusquerie, son inquiétude accentuée par les manifestations de son pouvoir qu’il ne semblait plus maîtriser. Il n’aimait pas lorsque Walrus tombait malade. Et pas seulement parce qu’il devenait exécrable. Loin de là.

— Je reviens immédiatement, assura-t-il avant de s’extirper souplement du lit.

Il se précipita dans la salle de bain sans allumer les lumières, fouilla dans les tiroirs pour se munir d’un gant de toilette qu’il passa sous l’eau froide. Il l’essora, mais pas trop, et revint dans la chambre pour l’apposer sur le front de Walrus après l’avoir forcé à s’allonger sur le dos.

— Walrus ? Est-ce que tu m’entends ?

Il s’était agenouillé à son côté, penché au-dessus de lui et le couvant d’un regard anxieux, sa main pressant le gant contre sa peau brûlante. Celle-ci avait rendu sa propre tiédeur totalement inefficace.
Il attendit une réponse, tout en songeant aux causes possibles. La chaleur ? Allons donc. Ou alors… La chaleur avait peut-être provoqué une intoxication ? Mais avec quoi ? Si Walrus n’avait pas d’idée quant à ce qui le rendait présentement malade, lui avait la sienne. Son visage s'était de nouveau paré de gravité, ses yeux tirés par un sommeil prématurément rompu. Patiemment, anxieusement, il attendit.
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MessageSujet: Re: Dindons farcis ? Poulets rôtis ? Manqué ! Dindons farcis ? Poulets rôtis ? Manqué ! EmptyLun 6 Juil - 16:20

    Walrus...? Pas de réponse. Grognement puéril en sentant la morsure soudaine de la lumière... Fronçant les sourcils, j'enfouis ma tête dans son oreiller à lui, fuyant le trait brûlant. Hmmm... Satanée lampe que je prendrai le soin de jeter à la mer. Nouvelle protestation lorsque je le sentis m'agripper par les épaules. Non, pas question que je me retourne et que j'affronte la luminosité ! J'étais très bien comme ça, agité par les tremblements et mourant de... Froid... Pas la peine d'insister, il était hors de question que je lâche cet oreiller ! Sylar, ça sentait Sylar. Moi, fétichiste ? Peut être. Mais au final, je craquai le premier, me retrouvant allongé sur le dos sans docilité aucune. Avec cette foutue lampe qui me vrillait les yeux... Walrus ? Est-ce que tu m’entends ? Putain mais...

    « Bien sur que je t'entends ! »

    Je lui arrachai brutalement le gant dégoulinant des mains, apposant la délicieuse délivrance sur mon visage avec empressement. J'étais peut être légèrement... Hargneux ? Oui, hargneux. Parce que la fièvre n'avait pas de visage, j'avais besoin de passer mes nerfs sur autre chose. Comme cette sympathique lampe, par exemple... Mais, non, Sylar n'aurait pas apprécié que je réduise en charpie son mobilier. Je détestais la vulnérabilité qu'impliquait le fait d'être malade, le fait de dépendre de lui. Car j'étais incapable de m'occuper de moi ? Oui, sans doute. Pourtant, d'une certaine façon, je l'aurais détesté plus farouchement encore, cette foutue fièvre, si Sylar ne m'avait pas pris en charge. Désire égoïste, purement et simplement. Parce que ce n'était qu'au travers de ces moments si hors normes qu'il m'était possible d'entrevoir l'inquiétude presque palpable qu'il nourrissait à mon égard. Et, en bon capricieux chronique que j'étais, j'aimais qu'il s'inquiète pour moi. Je savais alors combien j'existais... Pour lui.

    J'avais froid, et puis en fait, non. Je n'avais plus froid: j'avais chaud. J'aurais pu savourer la tiédeur et l'accueillir à bras ouverts comme je l'avais tant désiré, au lieu de quoi je suffoquais... Frisson nouveau. Pernicieuse petite fièvre qui me brûlait les veines et me donnait la vague esquisse de ce que c'était que d'être un gratin d'aubergines dans un microondes... En somme, l'enfer.


    « Ah... Pauvres aubergines. C'est la première fois que j'éprouve de la pitié pour quelqu'un... Quelque chose. C'est vrai, elles n'ont jamais rien demandé à personne, les aubergines... Oh, et puis, fait ce que tu veux. Je m'en fous, si tu aimes les aubergines. En fait, non. Ou peut être que si. Je n'en sais fichtre rien ! »

    Non, je ne pouvais pas faire comme tout le monde, à savoir me contenter d'éléphants roses. Je préférais nettement les aubergines, roses ou pas ! Beurk... Je me nourrissais exclusivement de gâteaux, moi. Et d'huîtres, parfois. Je carburais au sucre quoi... Pas aux aubergines ! Génocide que tout ceci. Crime atroce qu'était l'invention du gratin d'aubergine, plus particulièrement du four à microondes ! Gémissement, pas plus qu'un murmure... La douleur battait furieusement contre mes tempes, menaçant d'exploser mon crâne en milliers de morceaux et de rependre par là des lambeaux de cervelle un peu partout. Ça, ça n'allait pas plaire à Sylar: des bouts de cerveau sur son précieux tapis... Oh que non...

    « Et puis, pourquoi suis-je donc fiévreux à ce point ? Je déteste la fièvre. A en mourir. Tu sais, je... Oh... Oh. »

    Très succin, Walrus, continue comme ça. Sauf que, manque de chance, j'étais incapable d'alourdir l'ardoise en sortant d'autres aberrations... Trop occupé semblait-il à fixer d'un regard, somme toute, fasciné, Sylar... La bouche entrouverte sous l'effet de la surprise, la très charmante surprise... Je me frottais les yeux, une fois, deux fois... L'image se craquela légèrement, puis se condensa de nouveau lorsque je cessai mes petites investigations. En plissant les yeux, j'apercevais la vérité au travers du factice, mais le délicieuse hallucination était bien plus plaisante. Malgré le tournis indéniable qui s'était emparé de moi. Et l'étrange sensation de flottaison...


    « Non, en fait, je retire tout ce que j'ai dit... Je meurs littéralement de bonheur grâce à cette adorable, que dis-je, merveilleuse petite fièvre. Hors de question que je guérisse... Ah, ça non. Je refuse de guérir ! »

    Plus de désagréable changement d'apparence. Il y avait toujours la migraine, les courbatures et les tremblements. La chaleur trop intensément présente. Mais peut importait... Sourire en coin, je le couvais des yeux, des pieds à la tête. Seule pouvait me trahir cette ptite lueur un peu folle, prunelles luisantes et légèrement vitreuse. J'avais sous les yeux toutes les raisons du monde d'être malade ! Une moue arrogante explora le coin droit de mes lèvres... S'il avait su !

    « J'ai toujours trouvé que je possédais une imagination débordante, mais au point de pouvoir imaginer... "ça"... C'est vachement bien réussi pour une hallucination ! »

    Mieux que les songes indéniablement peu convenables que j'avais fait de lui. Oh oui, diablement mieux ! Et puis, grognant lorsqu'une nouvelle image se superposa à la précédente: je tentai de forcer les hallucinations. Parce que la vision de Sylar nouvellement vêtu d'une montage de vêtements d'hivers n'était en rien satisfaisante ! Et j'y parvins, domptant la fièvre... Apprivoisant le petit monstre. Je clignai des paupière, une fois... Oh... Oh. Plus de manteau. Une seconde fois, plus de pull non plus. C'était encore mieux qu'une murder-party ! Je pouffai presque trop silencieusement, l'alertant sans doute que quelque chose se tramait... Petit sourire pervers, je m'attaquais à ses chaussures fictives. Puis ses chaussettes. Et le T-Shirt aussi...

    « Si tu savais ce que je suis en train de faire, tu m'étriperais... Oh... Il ne reste plus que le pantalon.. Ah non, lui aussi vient de disparaître... Tu crois que j'aurais assez d'imagination pour faire disparaître le dernier vêtement ? »

    Déshabiller du regard, vous connaissez ? Et bien, je venais ainsi de découvrir que l'opération pouvait être réalisée. Pour peu que l'on soit atteint d'une fièvre féroce, et enclin aux hallucinations: les délicieuses hallucinations...
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MessageSujet: Re: Dindons farcis ? Poulets rôtis ? Manqué ! Dindons farcis ? Poulets rôtis ? Manqué ! EmptyMer 8 Juil - 15:39

Sylar eut un petit mouvement de recul. Oh ! Qu’il l’entendît n’était pas si évident, d’abord ! Ses mains désormais libres étaient restées en suspension au-dessus de Walrus, ses paupières battant doucement. Patience et compréhension. Désir de canaliser également, de calmer les maux supplémentaires qu’engendrait cette fièvre. Et ses mains retombèrent en même temps qu’un soupir frôlant la bienveillance. Il contempla son malade partir à la poursuite d’un froid plus savoureux que celui, illusoire, d’un corps souffrant. Une fièvre ainsi tombée, sans prévenir. Lui préférait prévoir. S’extirper de sa nuit, ouvrir les yeux sur le mal de son coéquipier lui avait laissé une épine sournoise et déplaisante dans le dos. De la crainte, toujours, inconsciente, souvent, fondée, parfois. L’imprévu lui était contraire, et il fallait naturellement que Walrus la lui opposât. Fantaisies comprises.
Il s’était longuement frotté le visage de ses mains, et avait lentement fait glisser ses doigts tout le long, dévoilant ses yeux à mesure que son coéquipier confabulait avec sa perfide température. Perplexe. Il n’y avait pas d’autre mot.

— Je n’aime pas les aubergines, crut-il bon de préciser rapidement.

Non mais, qu’était-ce que cette histoire d’aubergines ? Walrus… délirait ? Il se faisait du mal. Et Sylar aurait davantage songé à des huîtres, dans ce cas. Pourquoi des aubergines ? Mais ce n’était pas si étonnant. Walrus devait toujours sortir du lot, un automatisme parmi tant d’autres qui marquait sa différence, plus ou moins appréciable selon les circonstances. Présentement, Sylar ne savait qu’en penser. Que pouvait-il faire, sinon espérer que cette fièvre passerait au plus vite… ?
Très simple : se méfier de son coéquipier. Se méfier de ce dont il pouvait bien être capable une fois capturé par des maux peu enviables. Se méfier d’un délire qui s’enracinait, se méfier de sa propre présence en face d’un individu fiévreux – et pas n’importe lequel ! Mais au lieu de cela…

— Je suis persuadé que tu as mangé trop d’huîtres, Walrus. Il n’y a que ça qui ait pu te rendre malade, à moins que mes lèvres ne soient devenues toxiques à force d’approcher les poisons de trop près.

C’était une idée. Mais celle de la fièvre des huîtres l’arrangeait mieux, vous le comprendrez. Quoique. Oh… Oh. Quoique, quoique, quoique…
Que se passait-il, encore ? Sylar venait d’arquer un sourcil. Il s’était redressé un peu plus, comme effrayé par la subite expression de Walrus. Une expression inquiétante. Délicieuse, mais inquiétante. Flatteuse, MAIS inquiétante. Et les paroles qui suivirent le confortèrent dans son appréhension. Je meurs littéralement de bonheur. Couplé à cette façon qu’il avait de le regarder. Non, de le dévorer littéralement des yeux. Cette satanée fièvre n’avait quand même pas osé… Ses joues s’empourprèrent légèrement malgré lui. De pouvoir imaginer ça.
Si tu savais ce que je suis en train de faire, tu m’étriperais.
Eh bien, m’en voilà informé, pensa-t-il en manquant de s’étouffer dans une malencontreuse quinte de toux.

— Walrus, ce n’est pas drôle, réussit-il à articuler.

Il reprenait contenance comme il le pouvait. C’était clair comme le plus incolore et transparent de ses poisons. Walrus, petit pervers. Tu crois que j’aurais assez d’imagination pour faire disparaître le dernier vêtement ? Il lui plaqua instantanément une main sur les yeux, pour le priver de sa vision, de son hallucination loufoque. Mais cela serait-il suffisant ? Il déglutit avec peine. Pourquoi diable devait-il toujours le mettre dans l’embarras ??

— Ce ne sont que des hallucinations, Walrus. Peu importe ce que tu vois, nous savons tous les deux que tu n’as pas eu… la chance, sans doute, de connaître ma nudité. Du moins, je ne le crois pas.

Il aurait tout aussi bien pu dire que ce serait dommage de se rabattre sur une hallucination. Mais alors quoi ? Non, il n’insinuait rien. Il n’insinuait pas que Walrus était tout à fait en droit de servir lui-même ses yeux lorsqu’il n’était pas fiévreux. Il n’insinuait pas que Walrus n’avait pas besoin de cette fièvre pour obtenir ce qu’il voulait, il n’insinuait pas que Walrus pouvait se l'offrir à tout moment. Il n’insinuait rien. Strictement rien. Mais ses joues rougissaient toujours candidement à l’idée qu’une telle hallucination pût enchanter Walrus. Bien sûr, rôles inversés, elle l’aurait enchanté aussi. Mais ce n’était pas sérieux, enfin. Peu importait si son coéquipier s’en trouvait soulagé, lui souhaitait une guérison rapide, et il s’empressa de le lui faire remarquer.

— Navré, mais ce n’est pas en étant malade que tu me verras nu, Walrus. Ni en forçant la porte de la salle de bain. Ni…

Ni en m’arrachant mes vêtements ? Impossible. Impossible d’avancer ce qui avait manqué de lui arracher un sourire. Contrairement à Walrus, il n’était pas du genre à rêver ni à songer à quelque fantasme mi-avoué. Mais le simple fait de les effleurer, une seconde seulement, réveillait en lui un brin d’excitation qu’il n’avait jamais entièrement assumé. Des flashs qu’il refusait de se remémorer, de retenir. S’il tombait lui aussi dans ce piège, s’il s’amusait lui aussi à vouloir ouvertement le dévorer – et pas seulement des yeux – qu’adviendrait-il d’eux ?

— Ce n’est pas raisonnable, reprit-il, comme s’il se sermonnait extérieurement. Nous gérons nos fantasmes dans la mesure du possible, n’est-ce pas ? Mais je serais curieux de savoir si tu peux, grâce à ta fabuleuse imagination, illustrer les miens ? Et je te dirai ce qu’il en est réellement une fois que tu seras de nouveau sobre.

Il se pencha et lui murmura à l’oreille, non sans en effleurer le lobe de ses lèvres.

— Pour t’encourager à guérir…

Farce. Il avait tenu une réflexion pour en attraper une autre en cours de route, rusée, destinée à alimenter le bouillonnement intérieur de Walrus. Sylar en avait presque honte. Lui qui prônait la modération, il feignait la coquinerie aux tendances érotiques ! Amusement. Et aussi sincérité : il voulait réellement le voir guérir sous peu. Finalement, qui se souciait des moyens employés ? Qui viendrait s’en plaindre ? Certainement pas eux, n’est-ce pas ? Sauf si Walrus tenait à la nudité illusoire de Sylar qui, lui, était bien content d’avoir l’occasion d’y échapper.

— Je t’écoute, dit-il en gardant une main sur ses yeux. La bouillie d’huîtres est disqualifiée d’office.
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MessageSujet: Re: Dindons farcis ? Poulets rôtis ? Manqué ! Dindons farcis ? Poulets rôtis ? Manqué ! EmptyLun 13 Juil - 22:13

    « Ah... Non... Non. Non, non, non ! »

    Pas les huîtres. Et encore moins le tendre trésor que j'avais découvert depuis peu. Ses lèvres étaient toxiques, certes, drogues obsédantes, mais certainement pas fiévreux poison. Les "non" fleurissaient d'entre mes lèvres, une véritable orgie de négation ! Il semblait désormais qu'entre deux agaçants frissons, je n'étais plus capable de prononcer autre chose... Au début, il s'agissait de m'opposer aux détestables sous-entendus. Et puis, ma voix, alourdie par des sonorités plus rauques et plus fiévreuses avait envenimé la chose. Le petit mot, répété sans cesse, m'avait semblé terriblement amusant. Au milieu de la pièce tremblotante, manège tantôt trop flou, tantôt trop précis, qui tournoyait légèrement sous mes prunelles vagabondes. Vertige... Hallucinations. Si délicieuse hallucination...

    « Inutile de préciser que jamais, jamais je ne cesserai de déguster des huîtres ? Quand à mon baiser de bonne nuit, n'ose même pas penser me le supprimer. Je deviens méchant, lorsque je suis contrarié... »

    Ou en manque de baisers, d'étreintes, d'attention, de toi. Inutile de le préciser, ça aussi, n'est-ce pas ? Délicieuse hallucination... Et il comprit. Ses joues s'étant vêtues d'une fascinante rougeur m'arrachèrent un sourire appréciateur. Rarissime expression d'un semblant de gêne qui lui allait si bien... Maladroit toussotement. Walrus, ce n’est pas drôle. Oh, si... C'est drôle, distrayant, fascinant, tout bonnement extra ! Faire naître l'embarra chez Sylar constituait l'un de mes plus surs talents. Mais il ne s'agissait que d'hallucinations, somme toute peu banale, certes, mais hallucinations tout de même. Qu'importait ? J'étais bien décidé à profiter jusqu'à ma dernière once de fiévreux symptômes. Fantaisiste, violente bourrasque enflant jusqu'à suffocation, mon rire emplit la pièce baignée d'une insupportable luminosité ! Sa main, substituant la charmante vision à mes prunelles avides. Ma crise d'hilarité redoubla de plus belle, alors que je luttais sans trop de détermination pour retrouver la vue, lorsqu'il poursuivit... S'empourprant plus encore, à mesure que les mots franchissaient ses lèvres si tentantes. Navré, mais ce n’est pas en étant malade que tu me verras nu, Walrus. Ni en forçant la porte de la salle de bain. Ni

    « En t'arrachant tes vêtements... ? La chose ne serait pas des plus difficiles, surtout maintenant. A la rigueur, si tu échangeais ton semblant de pyjama pour une combinaison de Ski, et encore... Mais là, sérieusement, je serais ravi de tenter l'expérience ! »

    Sourire de petit diable. La petite moue craquante revint à l'attaque, implicitement moqueuse. Alors que je calculais bêtement les angles d'attaque, le temps de réaction dont Sylar ferait preuve si jamais je mettais mes plans à exécution.. Et puis, non. Nouveau frisson, nouveau spasme. J'avais de la compote dans le crâne, et les membres bercés de crampes détestables. Nos fantasmes ? S'agissait-il là d'un aveux ?

    « S'agit-il là d'un... Défi ? Je suis parfaitement sobre. Je n'ai rien bu... Ce soir du moins. Dois-je te rappeler, de plus, que si j'en ai mangé autant, de ces chères petites huîtres, c'est uniquement parce que Mr. Sylar n'a pas jugé bon de dîner en ma compagnie ? »

    Haha, la bonne vielle tentative... Le culpabiliser un peu. Beaucoup. A la folie ? Peut être pas, tout de même. Plus de résistance. Délaissant les hallucinations, je me contentai de savourer la fraicheur apparente de sa main délicate. Apaisement aussi fictif que passager, la douleur reflua avec légèreté pour me revenir en salves plus virulentes la seconde d'après. Soupire, murmure de capitulation lorsque ses lèvres effleurèrent lâchement les miennes...

    « Je n'ai pas droit à un baiser magique...? Bon, bon, d'accord ! Quand je serai guéri. »

    Ah, aucun sens de l'humour ! Que de cruauté, me faire ainsi entrevoir tant de trésors pour exiger ensuite que je guérisse. Une fièvre, cela pouvait durer plusieurs jours ! A la mention de ma fameuse bouillie d'huître je me renfrognai aussitôt... Je n'oubliais pas, malgré la cuisante punition, qu'il avait tantôt préféré embrasser l'huître plutôt que moi ! Mes sourcils s'arquèrent, sous le poids de la contrariété soudaine.

    « Tu les préfères en gratin, peut être ? »

    Sarcasme fraichement exprimé, je tirai sur son bras dénudé afin de recouvrer la vue. Parce que la douce provocation devait obligatoirement s'accompagner de mon regard le plus féroce, n'est-ce pas ? Mais l'opération se révéla plus ardue que prévu. Il était indéniable qu'ainsi frappé par la fièvre, j'étais peu impressionnant. Accroché à sa main comme si ma vie en dépendait, stupide caprice ! Et puis, l'envie de céder au sommeil tout-puissant anesthésiait les quelques restes de rancœur qui se mouraient déjà... Déposant mon visage contre sa main trop pâle, son poignet, sa peau si fraiche... j'autorisai finalement un sourire dénué du trop plein d'arrogance habituel. Redevenu capricieux enfant, malade de surcroit. Pourtant, cette peau si veloutée, si dépourvue d'imperfection, n'était-elle pas toujours aussi tiède qu'à l'ordinaire ? Oui, sans doute. Alors c'était moi, qui devait être plus brûlant encore...

    « Me parleras-tu vraiment de tes prétendus fantasmes ? »

    Lumière cuisante, vrillant mes prunelles lourdes sans compassion. Clignement, grognement à peine murmuré... Je retrouvai, à tâtons, le gant encore dégoulinant: l'apposant sur mon front avec satisfaction. Plus tendre, plus douce aussi, ma voix s'éleva sans trop de conviction, entre la supplication et l'ordre pur et simple. Subtil mélange des deux...

    « Ai-je droit à un quelconque médicament, ou bien dois-je guérir par mes simples ressources ? Oh, et puis, je veux un verre d'eau. S'il te plait. Et... »

    U
    n bisou. Oui mais c'était peut être contagieux. Sur le front alors ? J'avais bien droit à ça, au moins, non ? La crevette velue de Neverland. Une créature, somme toute, fascinante. Et en voie d'extinction, par la même occasion. Plutôt mignonne, dans le genre bébête douteuse. Je m'efforçai donc de ressembler à ce surprenant crustacé, mordant ma lèvre inférieure et plongeant dans les iris si particuliers de Sylar... Ondes craquantes puissance maximale. Dégoulinant de fausse fragilité -quoi que... Il fallait bien que je teste ses limites, n'est-ce pas ? Je suis une crevette géante et velue de Neverland. Penser la chose en boucle faillit m'arracher un nouveau fou-rire. Mais je n'en avais simplement plus la force...


    « Et par pitié, éteins moi donc cette fichue lampe... Elle me colle une indescriptible migraine ! »
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MessageSujet: Re: Dindons farcis ? Poulets rôtis ? Manqué ! Dindons farcis ? Poulets rôtis ? Manqué ! EmptyJeu 16 Juil - 15:21

Vil perturbateur. Cela lui allait à merveille de rire et de se moquer de lui, de prolonger ses pensées car il le connaissait trop bien ! Cette façon perpétuelle de l’attaquer de toutes parts avec la précision d’un tueur. Qu’importait la fièvre ? Elle ne l’empêchait pas d’être lui, bien au contraire. Les faux reproches, car il fallait toujours partager sa culpabilité avec l’autre. Pour faire simple, on pouvait dire que Walrus n’en manquait pas une. Jamais !
Sylar lui décocha un regard sévère signifiant que son état « critique » n’était qu’un stupide prétexte. Il se retint même de poursuivre le sarcasme en certifiant que ses baisers n’avaient rien de magique, qu’ils étaient au contraire peu recommandables. Mais la possibilité d’en faire une arme lui semblait être une meilleure solution. Plus vite tu seras guéri…
Quoiqu’il pouvait aussi le menacer de ne jamais lui en donner afin qu’il arrêtât de déblatérer des bêtises à base d’huîtres. En gratin. C’était à en grimacer d’horreur. Il se souvenait encore du goût salé de mer, mixture visqueuse et épaisse, mélangé au sucré douteux – vraiment très douteux – du ketchup qui n’avait rien perdu de sa forte saveur dans l’aventure. Infect. Il se demandait si Walrus lui-même serait capable d’ingurgiter l’atrocité par simple curiosité. Une atrocité qui était parvenue à lui retourner l’estomac en un rien de temps, en outre, à lui tordre le visage de dégoût. Inutile de préciser qu’il s’agissait là d’un exploit. Accompli par la même personne, toujours.
Mais comment lui en vouloir ? Regardez-le, adorable beauté qui, pour une fois, cherchait en sa tiédeur, le long de sa peau, une froideur apaisante. Il ne put s’empêcher de lui rendre son sourire, conquis, luttant par la même occasion contre l’envie de lui accorder son fameux baiser magique. Il ne fit cependant que le caresser brièvement avant de reprendre son masque d’impassibilité. S’il allait véritablement s’attarder sur ses fantasmes ? En avait-il seulement ?

— Nous verrons.

Me raconteras-tu une autre histoire ?
On verra. Si tu es sage.
De toute façon, Walrus n’avait plus assez de forces pour riposter, n’est-ce pas ? Le sommeil les tiraillait tous les deux, à la différence que l’un était encore capable de veiller sur l’autre, sans toutefois être à l’abri des ondes singulières qu’émettaient le malade. La blancheur d’une dent mutinement dévoilée, exquise, un regard foudroyant de douceur qu’il fit l’erreur de soutenir. Tout ce que tu veux. Et pour ne pas souffrir davantage la plus ensorceleuse des tortures, il accéda à la dernière requête en éteignant la lampe de chevet. Sa main demeura contre la joue de Walrus ; immobile, il attendit de s’être habitué à l’obscurité, non sans avoir précisé au préalable :

— Je vais t’apporter quelque chose pour atténuer la douleur. En attendant, essaie toujours de te détendre.

Et… Et quoi ? Il n’avait pas pris la peine d’insister. Il se doutait de ce que son coéquipier pouvait bien désirer à cet instant. Plus tard, néanmoins.
Il se leva tout d’abord, quittant la chambre sans faire de bruit pour rejoindre son antre empoisonnée. Eclairé par la lumière tamisée d’un petit lustre suspendu au plafond, il promena un regard investigateur sur les armoires en verre. Poison, poison, poison… Poison… Poison… Antidote ! Ou plutôt, antidouleur, tout en bas, incolore et sans goût. Il ne saurait rien faire de plus pour Walrus car il ne connaissait pas la nature de la fièvre, et ne pouvait en conséquence que lui administrer une solution plus ou moins neutre, qui ne causerait rien de grave. Il s’agissait cependant d’un antalgique très efficace qui, sans le guérir, l’aiderait à dormir correctement.
Sans plus de réflexion inutile, Sylar s’empara de la fiole et partit en verser quelques gouttes minutieusement dosées dans un grand verre d’eau. Il revint au chevet de Walrus après avoir rangé sa création. Se contenta de lui tendre le breuvage sans l’aider à boire – n’aurait-il pas râlé ? Puis, après s’être assuré qu’il avait tout avalé, déposa le verre sur le petit meuble et se pencha une dernière fois au-dessus de son coéquipier, perçant l’obscurité des yeux pour le distinguer. Animée par un élan de tendresse, sa main vagabondait entre les mèches inertes, frôlant parfois le visage brûlant de fièvre, pour ensuite se perdre au creux de l’épaule où il finit par enfouir sa propre tête. Câlin. Dans un mignon petit « pouf ». Ses bras vinrent doucement enserrer le buste qu’il surplombait, une minute peut-être, le temps d’absorber un tant soit peu de chaleur. Et ses lèvres s’égarèrent sur l’épiderme de son cou, baiser magique qui s’ignorait. Avec un peu de chance, Walrus prendrait cela pour une hallucination. D’ailleurs, qui savait si l’un des symptômes de cette fièvre mystérieuse n’était pas de tout oublier le lendemain ? Sylar aurait bien aimé. Pourquoi ?

— Tu croirais à une hallucination si j’abusais de toi, là, tout de suite ?

Chuchotement presqu’imperceptible. En réalité, il ne crut pas lui-même ce qu’il venait de dire et se redressa un peu trop vivement, s’infligeant un vertige qui le surprit. Allons donc ? Il eut un très net froncement de sourcils, considérant la silhouette assombrie de son coéquipier. Walrus, c’est bien moi qui ai dit ça ? Mais il se tut, se contentant de secouer la tête.

— Dors, maintenant.

Ou comment tenter de se rattraper un minimum.
Il ne s’attarda pas. Après un dernier regard, Sylar s’éloigna du lit et sortit de la pièce pour déambuler dans les couloirs. Peut-être cette fièvre était-elle contagieuse. Dans tous les cas, il ne prendrait pas le risque de rester avec Walrus. Le risque ? Naturellement ! Quand son coéquipier avait manqué de le voir nu au travers de sa forte température, qui savait si, en cas de contagion, lui, Sylar, maître du contrôle, serait oui ou non à l’abri de quelque effet douteux ? Pire, grivois. Ce n’était pas son genre !
Désœuvré, il atterrit finalement sur le canapé du salon, s’y allongeant de tout son long ainsi qu’il… ne l’avait jamais fait. Son avant-bras couvrait nonchalamment ses yeux clos, tandis que les rayons lunaires mystifiaient la pénombre moins dévorante qu’à l’ordinaire. Il put, en se concentrant convenablement, percevoir le léger balancement de la péniche. Les craquements discrets du parquet l’enchantèrent également. Et ce fut dans une envolée de notes aériennes qu’il s’endormit : le clavecin venait de s’animer sous des mains illusoires, créées par son esprit nouvellement attaqué par une fièvre dont il ne savait rien.
Peut-être que la douleur s’abstiendrait de lui rendre visite.

[Clos]
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