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Chapeau pointu et pointes de cuir | Raggy

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MessageSujet: Chapeau pointu et pointes de cuir | Raggy Chapeau pointu et pointes de cuir | Raggy EmptyDim 10 Juil - 9:50

Non mais pour qui elle se prenait celle-là, franchement ? Si elle croyait qu'elle allait s’en tirer si facilement c’est qu’elle avait un ego plus gros que son intelligence et qu’elle n’avait pas pris la peine de se renseigner correctement !
Asphodel tournait comme une furie dans sa tour qu’elle avait mise pour l’occasion sans dessus dessous, renâclant et vociférant toutes les insultes que son imagination voulait bien lui fournir. On la verrait presque, là, à cracher du feu sur le premier venu, on n’aurait pas eu de mal à deviner la fumée qui lui sortait par les oreilles et ses yeux plus meurtriers qu’un fusil de précision, capables de vous suivre où que vous soyez et de vous éliminer à l’instant. Seulement elle n’avait pas ces yeux-là et l’objet de sa fureur n’était pas assez près d’elle pour qu’il puisse entendre sa façon de penser. Petit détail qu’elle comptait bien régler dès que possible, comprendre une fois qu’elle aurait passé le plus gros de sa crise de nerf. Il fallait bien lui en garder un peu, qu’il puisse enfin savourer le fruit de sa prétention.
Ça ne se passerait pas comme ça, oh non, elle n’allait pas croire quand même qu'elle était capable de faire sa spécialiste, de faire tranquillement la fanfaronne et que, elle, elle n’allait rien dire et lui lancer un grand sourire et un superbe battement de cils quand ils se croiseraient au marché du dimanche ? Qu’est-ce qu’elle connaissait d’elle, hein, franchement ? Rien ! Rien du tout même ! Ce n’était qu’une petite insolente qui se croyait tout permis et elle allait se faire un plaisir de lui remettre les idées en place avec sa manière à elle ! Rien de plus efficace ! Et puis si ça ne marchait pas, elle la transformerait en grenouille bleu fluo et la jetterait en pâture à ses amis les esprits malicieux de la forêt ! Ah elle allait voir de quoi elle était capable, non mais oh ! On ne s’en prenait pas à elle sans conséquences !

Elle n’éprouvait pas un plaisir particulier à transformer les gens à tout va, elle, tout ce qu’elle avait voulu c’était qu’on la laisse tranquille et malheureusement ses prouesses n’allaient pas pour arranger les choses car c’était devenu plus qu’évident : maintenant on était résolu à lui pourrir la vie. D’un côté elle pouvait se réjouir de la perspective des disputes magistrales qui allaient arriver en cascade mais d’un autre ça n’allait pas du tout ! Elle s’était résolue à détester le monde – chose qui aurait dû lui paraître évidente dès le premier jour de sa vie – et voilà que maintenant qu’elle s’était bien isolée pour qu’on lui fiche la paix, on lui courait après ! C’était trop fort quand même !
Qu’est-ce que ces gens-là pouvaient être bêtes ! S’ils avaient compris qu’il suffisait simplement de ne pas s’aventurer dans son coin de forêt, personne n’aurait eu de problèmes et tout serait allé dans le meilleur des mondes ! Mais non, il fallait que ces bêtes-là fourrent leur nez partout, et leurs quelques rares succès avaient fini par leur donner la grosse tête, si bien qu’ils se sentaient tout d’un coup la force de faire ce qu’ils voulaient, comme si d’un coup de baguette magique ou en claquant des doigts les choses allaient rentrer toutes cuites dans leur bouche ! Ah non messieurs ! Ça ne se passera pas comme ça ! Elle n’allait pas se laisser marcher sur les pieds.

Asphodel s’était tellement emportée dans sa fureur qu’elle s’était donnée la parfaite occasion de redécorer sa tour en intégralité. Elle qui d’habitude était si ordonnée et soigneuse avec ses affaires n’avait pas résisté à l’envie irrépressible de balancer tout ce qui lui passait sous la main sur différentes cibles qui représentaient dans son imagination l'objet de sa fureur qui, en passant, allait bientôt passer un sale quart d’heure. Mais qu’on le comprenne bien : il n’allait pas y échapper, enfin elle – parce que oui, c’était une femme – elle, disais-je, n’allait pas y échapper, elle allait même s’en prendre plein la figure, que ce soit des mots, des meubles ou diverses potions. Tout allait y passer, tout.
Mais tout d’un coup Asphodel s’arrêta, les poings serrés, le visage déformé par une affreuse grimace, les yeux à moitié plissés, comme si elle avait repéré sa victime d’aujourd’hui. Bien sûr, elle n’était pas là, c'était plus qu'évident puisqu’elle n'avait pas encore pris la peine de l'inviter. Elle avait tellement tourné dans tous les sens, agité les bras et hurlé à qui voulait bien l’entendre qu’elle en était presque essoufflée et en ce petit instant d’arrêt, étrange coupure, comme si elle avait soudainement bogué, on pouvait admirer son teint très à la mode, rouge tomate.
Bon sang, par tous les arbres de la forêt, elle allait le faire ! Ni une, ni deux, elle attrapa son balai et tout en continuant à vociférer, elle tâcha de remettre un peu d’ordre dans la grande pièce. Produits végétaux de toutes sortes vinrent ensuite se mêler à la fête, rien que pour décaper un bon coup toute la crasse qui s’était accumulée depuis sa dernière crise – autrement dit, hier – et que tout ça brille comme un sou neuf ! Il y avait quelque chose de maniaque dans l’esprit de la sorcière, si bien qu’à chaque fois qu’elle se mettait en tête de faire le ménage, et même si cela arrivait très souvent, il fallait qu’elle s’occupe de tout et qu’après son passage il ne reste plus rien de sale, que tout soit beau, brossé, frotté, lustré, ciré. Généralement ça suffisait à faire passer sa mauvaise humeur mais il arrivait qu’elle soit parfois croassante et c’était malheureusement le cas aujourd’hui. Il avait fallu plusieurs heures pour qu’elle décape tout - il y avait après tout de nombreux étages qu’elle habitait - mais rien de tout cela n’avait suffi à apaiser sa mauvaise humeur et elle savait très bien pourquoi. Ses yeux brillaient d’un éclat mauvais. Ce qu’elle voulait c’était la confrontation, goûter au plaisir de ces délicieuses petites scènes de ménage où on cassait la vaisselle autant qu’on se crêpait le chignon. Ça n’allait jamais bien plus loin, si on lui reprochait les malheurs arrivés aux humbles citoyens transformés, elle n’y pouvait rien, c’était la loi de la nature, et elle n’était pas une bonne fée, elle n’allait pas se lancer à la rescousse de toutes les petites bêtes du coin ! (Et puis d’où ils étaient honnêtes tous ces gens ! Ils traînaient leurs sales pattes près de chez elle, elle pouvait quand même se sentir en droit de se débarrasser d’eux comme on le fait sans scrupule à coup d’insecticide pour éliminer les bestioles qui viennent piller vos récoltes !).
La sorcière jeta un coup d’œil par la fenêtre, elle avait droit d’ici à une magnifique vue de la clairière où sa tour avait été construite et ensuite des rangées et des rangées d’arbres la coupaient du reste du monde. Elle y avait caché quelques uns de ses précieux arbres et avait planté le reste dans la clairière où trônait un superbe potager, un verger quelque peu éparpillé ainsi que quelques massifs de fleurs toutes plus étranges les unes que les autres, reflétant son goût très particulier. Il y avait aussi la cascade non loin et la rivière qui coulait presque au pied de sa tour lui permettant d’irriguer très facilement les plantes qui en avaient le plus besoin en l’absence de pluie. Sans aucun doute, elle pouvait dire que cet endroit c’était le paradis. Ah si seulement il n’y avait pas tant de passages et de gens toujours là pour venir lui chercher des noisettes !
Ses sourcils se froncèrent, sa mâchoire se referma et elle reprit rapidement son air de super-vilaine furieuse. Ce doux air de rêveuse n’allait décidément pas avec son fort caractère.

Elle se retourna brusquement, attrapa son papier à lettre et se mit à écrire sur la table la plus proche qu’elle put trouver, ses gestes étaient saccadés et son écriture s’en ressentait.

« Madame,

Si vous vous croyez si maline, vous vous sentirez sans doute réjouie de recevoir pareille lettre. Nous aurons le loisir, vous et moi, de démentir les rumeurs odieuses et sans fondements que vous ne cessez de crier sur tous les toits. Pour moi, elles sont sans nul doute aussi fausses qu’absurdes et je compte bien ancrer cela dans votre petite tête de sale gamine.

Venez jusqu’à ma tour si vous avez assez de courage pour ça, il vous suffira de suivre cette invitation que je viens à l’instant d’enchanter.

Asphodel Thorn. »


Une fois qu’elle eut tracé rapidement ces quelques mots, elle replia le papier parfumé et de couleur violette pour qu’il puisse se glisser dans un petit tuyau, referma celui-ci et l’attacha à l’une des pattes de la colombe enchantée qu’elle possédait. Elle lui servait à tous ses courriers, pas qu’ils soient tellement nombreux mais elle n’avait pas envie de se payer l’agaçante compagnie de l’un de ces messagers souvent trop curieux. Elle murmura quelques mots à l’intention de l’oiseau qui s’échappa aussitôt par la fenêtre pour accomplir servilement son travail.
Puis elle descendit jusqu’en bas de la tour et alla s’occuper de son vaste jardin en attendant l’arrivée de l’autre.

Si cette pauvre fille voulait mettre en doute ses pouvoirs eh bien qu'elle le fasse, une fois qu’elles seraient face à face.
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MessageSujet: Re: Chapeau pointu et pointes de cuir | Raggy Chapeau pointu et pointes de cuir | Raggy EmptyLun 10 Oct - 9:56

Je ne peux pas croire que je suis sur le point de faire cela. Sky, ma fille, tu as perdu la tête. Alors, agis comme une vraie Cervelle de Traqueur, fais demi-tour, va chercher des renforts, et force les à te suivre. Ou, à défaut de te suivre, montre leur la lettre et laisse leur ambition se charger du reste. Personne ne t'en voudra s'il leur arrive malheur... Oh, qui est-ce que je blague ! Evidemment qu'ils t'en voudront Sky ! Ils feront de toi une Wanted, pour te punir de les avoir mené dans un piège, ils te renverront, et tu mourras seule dans les égouts comme tu aurais dû faire il y a longtemps déjà ! Tu n'as aucune valeur pour eux; des légistes, ils peuvent en trouver d'autres !

L'automate se passa une main lasse sur le visage, ignorant le fait qu'elle était plantée à l'entrée de la forêt depuis une heure déjà. Répondre à l'invitation d'Asphodel Thorn était stupide, elle le savait. Mais elle ne pouvait s'empêcher d'imaginer la sorcière s'énervant de plus en plus contre elle, arpentant sa tour des jours durant avant de décider de venir à Sky puisqu'elle refusait de venir à elle. Franchement, elle n'avait aucune idée de ce qu'elle avait bien pu faire pour fâcher la sorcière, et ce simple détail était infiniment plus terrifiant que la lettre voletant devant elle. Elle ne savait pas ce qu'elle avait fait, dit, ou pensé pour offenser la Sorcière de la Tour. La seule personne qui savait qu'elle doutait de la validité du pouvoir d'Asphodel était John Doe a157fl - Inconnu Masculin Assassiné n°157 de race Fée Lutine. Pour avoir vérifié son dossier, elle savait que son pouvoir n'avait rien à voir avec l'espionnage ou la télépathie - il émettait des pets qui supprimaient momentanément l'instinct de tueur des prédateurs. Mais peut-être qu'il y avait des micros dans le labo, ou qu'un de ses collaborateurs l'avait entendue, ou que Thorn avait un moyen de découvrir qui la critiquait.

D'un autre côté, je n'ai émis aucune critique. J'ai juste abordé les dangers d'une classification erronée d'un pouvoir de type croissance végétale pour l'Unité d'Intervention Féérique, ainsi que quelques doutes quant à la classification d'un certain nombre des créations de Thorn en tant que plantes. Des arbres en caramel, en effet ! Avec de la limonade en guise de sève ! Et ils osent dire que ce sont des plantes ! Où est la logique, nom d'une chardonnade avariée !

Elle savait où était la logique : en prison, dans les asiles, dans les casiers métalliques de la morgue. Malkins était le monde des contes de fées, pas celui des essais scientifiques et des traités de philosophie, ni celui des jeux de logique. Elle le savait, que tout le monde ici était plus ou moins fou, que la normalité n'était qu'un mythe. Mais ça ne l'empêchait de rêver d'une vie sans ailes, sans automate dépourvue de bouche, sans pieds ensanglantés, sans questions, sans peur et sans regrets. Une vie où elle pourrait rire avec Rusted, sourire à Scimitar, rougir sous les compliments de Maestro, applaudir les acrobaties d'Angel et de Rubber. Une vie sans scalpels, sans cadavres, sans insomnies, sans émotions écrasées par la culpabilité. Une vie que, logiquement, elle n'aurait jamais dû voir s'effondrer sous ses yeux... Mais il n'y avait pas de logique à Malkins.

L'automate laissa un nouveau soupir se répercuter sur l'alliage de son visage. Elle n'avait aucun désir de pénétrer la forêt, aucune curiosité quant à ce que la sorcière lui voulait. La lettre et la réputation de Thorn disaient tout; la recluse voulait une dispute, des insultes, et des excuses de sa part. Et Sky savait qu'à moins de vraiment la pousser à bout Thorn n'aurait droit qu'à des excuses de convenances. La fée détestait peut-être le conflit, était peut-être une véritable carpette la majeure partie du temps, mais elle se connaissait assez pour connaître son obstination. Elle s'excuserait pour apaiser l'autre, et repartirait convaincue de la validité de ses opinions. De toute évidence, Thorn manquait de confiance en elle si l'opinion d'une Traqueuse sans la moindre notion de botanique la vexait de la sorte. Cela, ou elle était d'une arrogance sans bornes.

Et je vais pouvoir me faire une opinion de première main. Youhou ! Sortez le miellat de punaise, c'est la fête !!! Où est ma fontaine de vodka poudrée ? Et mes invités ? ... Comment ça il n'y a pas d'invités ? Comment ça je ne devrais pas m'éto... Ah oui, c'est vrai. Je n'ai pas le droit d'avoir des invités. Désolée... je ne recommencerai pas.

Comme un enfant succombant sous le poids des reproches, elle baissa la tête et frotta ses yeux de ses poings fermés pour empêcher le lubrifiant de couler sur ses joues. Elle n'arrivait pas à y croire. Comment pouvait-elle oser rire, ne fut-ce que dans sa tête, alors qu'elle avait mortellement offensé Asphodel Thorn ? Et comment pouvait-elle seulement imaginer ne pas répondre à l'invitation aux allures de convocation ? Elle n'avait pas le droit de se plaindre, elle devait assumer sa faute, même si elle ne l'avait pas consciemment commise ! Thorn était dans son droit d'être en colère, et Sky devait accepter sa punition. Elle le savait, pourtant ! Elle le savait, qu'elle n'avait plus le droit d'être une lâche et de se cacher dans un recoin en attendant que l'orage passe ! Nom d'une fourmi-citerne alcoolique, est-ce qu'il fallait que l'Incident se reproduise pour qu'elle comprenne qu'elle n'avait pas le droit de se plaindre lorsqu'elle devait assumer les conséquences de sa connerie ?! Reprends-toi, Sky, sombre cruche pleine de fissures ! Secoue la tête, compte jusqu'à trois, et avance, imbécile !

Un pas. Deux pas. Trois pas. Rapidement, la fée se mit à courir, tenant ses talons par la bride et laissant ses pieds s'enfoncer dans l'humus parfumé. C'était une des rares choses qu'elle pouvait apprécier dans cette forêt. Ici, elle pouvait courir aussi vite que l'envie lui en prenait, sauter par dessus des troncs renversés, se glisser entre des branches et surfer sur les accotements boueux, comme elle faisait enfant dans sa forêt. Elle s'abstint néanmoins de s'amuser de la sorte, se concentrant uniquement sur le son de ses pieds heurtant le sol et la manière dont l'élasticité du sol la poussait toujours plus en avant. Deux secondes lui suffirent pour qu'elle redevienne humaine, son poids léger lui permettant d'accélérer encore sa course, ses ailes repliées derrière elle n'offrant qu'une infime prise au vent. Ses yeux restaient immobiles, clignant rapidement lorsque sa course folle les desséchaient trop, la lettre volant devant elle comme la lumière d'un phare.

La Tour se dessina devant elle et la fée accéléra encore sa course, ses yeux percevant le reflet d'une source juste derrière le bâtiment rendu vert par le lierre et le chèvrefeuille qui le couvrait. Sky rinça rapidement ses pieds, remis ses chaussures - gagnant au passage une douzaine de centimètres - et s'avança vers la porte de la tour. Prenant une grande inspiration, elle leva son poing clos et heurta le bois avec force. Bam. Bam. Bam. Bam. Bam.

Mesdames et messieurs, que le spectacle commence. Poupée de chiffon et Sorcière de la Tour, Acte 1 : Colère, dispute, et mise au point. Des sucreries vous seront distribuées à l'entracte. Mesdames et messieurs, chers spectateurs... Que le spectateur commence.

Bam. Bam. Bam. La porte s'ouvrit.

Inspirant pour se donner courage, Sky s'avança dans la pièce et s'engagea dans l'escalier. Bam. Bam. Bam. Bam. Chaque marche montée correspondait à un nouveau battement de coeur. Bam. Bam. Bam. Discrètement, elle passa la main sur son front et força son pouls à ralentir. Elle marchait peut-être vers son bourreau, mais elle le ferait avec classe.

Dans un geste mesuré, sa main appuya sur la poignée de bronze et son bras se déplia, entraînant la porte avec lui. Elégamment vêtue, parfaitement à l'aise dans ses talons vertigineux, ses ailes aux reflets métalliques dépliées derrière elle, Sky se sentit devenir ce que la sorcière attendait d'elle si sa lettre était la moindre indication. Une femme sûre d'elle, de sa beauté et de ses opinions, polie et maniérée, parfaitement raffinée. L'antithèse de ce qu'elle était en vérité, la politesse exceptée. A un détail prés. Raffinée ou non, confiante ou non, Sky avait en toute circonstance une patience limitée lorsqu'on l'abreuvait d'insultes injustifiées.

Mesdames et messieurs, les protagonistes sont en place, l'intrigue est solide, le décor est posé. Ce soir, juste pour vous, je vous présente : Poupée de chiffon et Sorcière de la Tour, une production exclusive de MTv, votre chaîne féérique préférée !
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MessageSujet: Re: Chapeau pointu et pointes de cuir | Raggy Chapeau pointu et pointes de cuir | Raggy EmptyDim 4 Déc - 19:04

Le temps que sa charmante invitation ait fait un petit aller-retour, ralenti sans doute par le colis qu'elle rapportait, notre sorcière préférée s'était quelque peu lassée de son jardinage et était remontée au sommet de sa tour pour méditer tranquillement sur l'art de la vengeance. Méditation qu'elle exprimait plus à haute voix que dans sa tête. Car Asphodel était une hyperactive bruyante dans l'âme et elle n'avait pas eu la chance d'être dotée de cette merveilleuse qualité qu'était la patience, c'était bien tout le contraire : comme une enfant trop gâtée, elle était incapable d'attendre, elle voulait tout, tout de suite, et si elle avait pu téléporter l'objet de sa rage du jour, elle l'aurait fait sans le moindre scrupule. L'idée de l'arracher à sa passionnante activité – le découpage de cadavres si son informateur avait dit juste – aurait même pu être amusante. Malheureusement – ou heureusement – elle n'avait hérité que de ce don, pas toujours très utile, qui consistait à faire pousser vite et bien à peu près n'importe quel végétal qui sortait de son imagination. Aujourd'hui elle songeait particulièrement à ses chères tomates, de toutes les couleurs et de toutes les formes, ces petites merveilles qu'elle pourrait jeter à loisir sur cette pimbêche, leur jus s'étalant sur son visage avec plus d'efficacité qu'un masque revitalisant. Elle en avait justement un panier à portée de main et regrettait bien de ne pas être dehors pour en faire pousser davantage, au cas où elle n'en ait pas assez, on n'est jamais trop prudent. Évidemment, ce n'était bon ni pour son plancher étincelant ni pour ses murs fraîchement tapissés mais elle n'aurait jamais assez de sang-froid pour se retirer ce petit plaisir, et puis la technique avait au moins l'avantage de lui permettre de redécorer sa maison régulièrement et d'enrichir les boutiques de décoration voisines.

On toqua à la porte tout en bas et si Asphodel avait pu l'entendre, elle aurait pu lâcher un désagréable « c'est pas trop tôt ! ». Mais à la place, ce fut la porte qui s'ouvrit comme par politesse, et si tel n'avait pas été le cas, la petite aurait pu toujours crier, elle aurait attendu un sacré moment. Une fois entré, il n'y avait pas trop le choix, seul un escalier faisait face à la porte et, à moins d'être un fantôme, les murs n'avaient pas l'air de vouloir s'ouvrir, eux.
Il y avait assez de marches pour décourager le premier venu ou le voleur du coin avant d'accéder au premier étage habitable, composé uniquement d'un petit salon joliment décoré. Mais l'on n'avait généralement pas le temps de s'attarder sur l'aménagement ou la couleur des rideaux quand la vilaine sorcière se transformait en énergique comité d'accueil, plus connu pour la richesse de ses insultes potagères que pour ses politesses et autres sourires faussement amicaux.

Et elle était là, l'imposante, l'irascible blonde, les cheveux en bataille, les poings serrés, parfaitement préparée à l'effroyable duel qui allait commencer. Et sans doute finir en bain de jus de tomate. Elle se trouvait de dos mais il ne lui fallut qu'une fraction de seconde pour faire volte-face et pointer outrageusement un doigt crochu dans sa direction. Elle resta un bref instant dans cette position, comme si elle ne trouvait pas de mots assez violents pour lui communiquer le fond de sa pensée, jusqu'à ce que tout à coup, sans prévenir, elle explosa.

    Ah ! Vous ! VOUS ! Espèce de sale petite garce sans gène ! Comment avez-vous osé même poser vos pieds boueux dans mon SALON ! Il y avait un paillasson, un PAILLASSON rose framboise dans l'entrée, vous ne pouviez pas le louper, vous entendez ! Je suis sûre que vous l'avez fait exprès ! Et comment est-ce que vous avez pu vous présenter, là devant moi, avec votre tête de poireau effronté !

Elle fit une petite pause, juste le temps de reprendre son souffle et de ramener rageusement la mèche qui avait pris la liberté de se mettre devant son visage et de lui cacher l'odieuse vue de cette gamine aussi rachitique qu'une asperge partie en guerre, et avec qui elle partageait cette affreuse couleur en guise de teint.

    Et vous vous croyez en droit de m'insulter en ville hein ? Vous pensez vraiment que je vais vous laisser faire ? Eh bien NON, et si vous continuez comme ça vous allez goûter de mes tomates et de la sève de mes arbres, je suis sûre que vous allez l'aimer celle-là !

Les sourcils froncés et la bouche grande ouverte, la sorcière avait un aspect plutôt effrayant et sa voix déjà criarde avait de plus en plus tendance à partir dans les aigus, de quoi percer les tympans de cette petite nature qu'elle ne pouvait que mépriser et haïr. Comment mais comment pouvait-on oser remettre en question ses merveilleuses créations, ses légumes et ses fruits plus délicieux les uns que les autres, plus vrais que nature, bien loin de la production en masse de ses ignobles concurrents qu'elle rêvait secrètement, ou non, d'éplucher un à un, juste avant de les couper en petits morceaux et de les mettre dans leur soupe imbuvable, histoire de donner un peu de goût à leurs abominables créations.
A deux doigts de la crise de nerf, elle avait planté ses yeux injectés de sang dans ceux de l'asperge, oui, c'était décidé, elle lui ferait goûter le fruit de son labeur, de gré ou de force. Et le moyen le plus rapide pour accéder au jardin, c'était bien celui qui consistait à la jeter par la fenêtre la plus proche.
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MessageSujet: Re: Chapeau pointu et pointes de cuir | Raggy Chapeau pointu et pointes de cuir | Raggy EmptyVen 23 Déc - 10:35

Citation :
― Ah ! Vous ! VOUS ! Espèce de sale petite garce sans gène ! Comment avez-vous osé même poser vos pieds boueux dans mon SALON ! Il y avait un paillasson, un PAILLASSON rose framboise dans l'entrée, vous ne pouviez pas le louper, vous entendez ! Je suis sûre que vous l'avez fait exprès ! Et comment est-ce que vous avez pu vous présenter, là devant moi, avec votre tête de poireau effronté ! Et vous vous croyez en droit de m'insulter en ville hein ? Vous pensez vraiment que je vais vous laisser faire ? Eh bien NON, et si vous continuez comme ça vous allez goûter de mes tomates et de la sève de mes arbres, je suis sûre que vous allez l'aimer celle-là !

Intimidée malgré elle par l'explosion verbale de la sorcière asociale, Sky prit note de trois points, se raccrochant à sa logique et ses réflexes de Traqueuse de labo pour cacher son trouble. Premièrement, la sorcière avait tort. Il n'y avait aucun paillasson dans l'entrée, et s'il y en avait un, il devait s'être noyé au milieu des autres couleurs. Deuxièmement, elle n'avait pas souvenir avoir insulté la sorcière, ou alors elle avait une définition du terme insulte ridiculement large. Et troisièmement, le point qui faisait tiquer Sky...

_ Si ma présence vous dérange tant, je puis toujours retourner sur mes pas, semant encore plus de boue dans votre adorable tour et vous retirant l'occasion de me prouver que vos créations sont bien végétales. A moins bien sûr que vous ne m'ayez invitée dans votre adorable antre que pour me faire perdre mon temps, auquel cas je n'ai pas la moindre intention de vous infliger le supplice de ma compagnie ne fut-ce que pour un instant.

Se brassant pour l'explosion qui n'allait pas manquer de suivre sa proposition pourtant polie et aimable ( Sky avait pris soin de parler calmement et clairement, ôtant toute intonation moqueuse de ses mots et formulant sa proposition de sorte à donner l'impression qu'elle était au bénéfice de la sorcière, et pas de la fée ), la fée déplia ses ailes et les secoua, veillant à ne pas faire tomber un seul grain de poussière sur la moquette. Vraiment, cette sorcière était illogique. Et laide. Le teint pâle était rendu inégal par le sang qui lui était monté au visage en plaques pour le moins disgracieuses, les jeux étaient exorbités et injectés de sang, la voix était on ne peut plus criarde... La légiste essuya avec une indifférence de façade le postillon qui venait de lui atterrir sur la joue. Merveilleux. Cette situation était merveilleusement répugnante. Comment donc la sorcière pouvait-elle se regarder dans le miroir, avec un comportement pareil ?

Comme toi. En fermant les yeux. C'est juste que vous ne le faîtes pas pour les mêmes raisons.

La remarque caustique tira un sourire pathétique à la fée apathique. Effectivement, elle doutait fort que la sorcière n'évite les miroirs pour les mêmes raisons qu'elle. Il y avait fort à douter que la sorcière voyait un corps ensanglanté aux membres éparpillés lorsqu'elle fixait son reflet. C'était regrettable. Peut-être tel handicap l'aurait rendue plus aimable, ses sourcils moins drus, la vulgarité de ses mots décrue... Cela était hélas fort peu probable. Soudainement, Sky se sentit bien lasse.

_ Par le plus grand des hasards, et croyez bien que c'est simple curiosité de ma part, utiliseriez-vous un quelconque engrais pour avoir des sourcils aussi épais ?

... Oups. Dissimulée derrière sa façade bien lisse de fée polie et maniérée, Sky paniquait. Comment ses pensées avaient-elles pu tant dériver qu'elle en venait à insulter la sorcière qui l'avait convoquée ? Ridicule, ridicule, quelle stupide fée elle faisait ! Vraiment, elle n'aurait pas à se plaindre si elle finissait en tarte pommes-café, et qu'elle ne vienne pas geindre !
Mais quitte à sombrer sans pouvoir s'échapper, la fée entendait bien se sabrer et en profiter. Quelle était la probabilité que la sorcière, ayant distribué son fiel mortifère, ne s'obstine à la harceler ? Nulle, et cela la légiste pouvait le démontrer les yeux fermés et les poings liés. Ou, à défaut, pendant qu'elle se sabordait à grands coups de mots acérés.

Un sourire de façade, avant de porter l'estocade.

_ Ô adorable hamadryade, ne cesserez-vous donc jamais vos jérémiades ? Vraiment, votre teint d'anchoyade, associé à votre tirade, me laisse à croire que tout ceci n'est que pathétique croisade. Par les Poivrons, buvez un peu d'orangeade, sortez faire une promenade, je ne sais mais tâchez de vous calmer ! Vos paroles tournent en rond.

C'était décidé, si Sky survivait, elle se convertissait, même si elle n'avais pas encore décidé qui elle vénérerait.
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