On m'avait souvent dit que le fantastique ne finissait jamais - et je pense que nous étions la preuve innée ! - mais, bizarrement, ma grand-mère me disait toujours ceci tristement. Comme le fantastique n'est pas qu'une jolie fleur joviale. Comme cette fantaisie pouvait devenir une folie et un film d'effroi gore... À cet âge là, je me cachais sous le mince tissus qui me servaient de couette après les histoires que mon père me racontait. Ça, c'est du passé, ce temps où j'étais une pauvre fillette sans défense avec comme seul ami le " grand " et le " fantastique " Peter. Aussi bizarre soit-il, les regrets ne me poursuivent pas à clopin-clopant et ne m'arrachent pas la chair avec cruauté. Au fond, moi-même ne suis-je point un amas fracassant de méchanceté et de cruauté ? Aujourd'hui, je comprends réellement le sens des paroles de ma mère. L'imagination peut devenir démence pour toutes choses aussi simplettes soient-elles.

Philasmus Progola se tenait droit comme un " I " sur sa chaise et claquait des dents d'une manière interminable. Ce n'était pas le fait que sa mort approchait à grands pas, mais le fait qu'il était assis en face de son futur assassin qui, tranquillement, buvait un thé. Des fois, il avait l'impression que les yeux de son hôte le transperçaient comme un pieu dans sa cage thoracique. Le brave homme ne savait même pas pourquoi il était en face du plus grand pirate qui sirotait nonchalamment son thé où la vapeur valsant encore dans l'air. Ce qui l'avait choqué c'était que la personne qu'il recherchait bravement pour rapporter aux Traqueurs était un personnage de sexe féminin. « Capitaine Crochet, ha ha ha ha. Capitaine Crochette, plutôt. » se moquait-il intérieurement. Brutalement, le bruit de la porcelaine contre le bois éclata en coupant toutes traces du silence qui s'était créé. Cette femme au visage froid et sinistre venait d'esquisser un sourire et haussa sa voix pour lui demander : « savez-vous quelle heure est-il ? » entraînant un vague silence. Au bout d'un moment, Philasmus hocha négativement. Cette fois-ci, le sourire du capitaine se fit menaçant où l'on y lisait très bien que l'heure de sa mort venait d'arriver. Le lendemain, on retrouva un sac contenant la tête du malheureux plus son corps découper par parties et démembrer soigneusement. Le soupir des habitants était la survie du Capitaine Crochet.



Dans ma furtive mémoire, mon plus beau souvenir était ce garçon aux cheveux flamboyants qui, à chaque fois qu'il me voyait, me souriait. En ces temps-là, j'étais la timidité incarnée qui bégayait pour un rien. Il y a des nuits où je regrette amèrement cette époque joyeuse et niaise. Mais bon, la cruauté m'a fait sa reine, je ne sais plus que penser avec ce mot...

Sur le pont, on passait à la planche chaque hommes présents, on triait les enfants et les femmes étaient accroupies, tous tremblants de peur. Des grincements annonçant l'arrivée de la personne qu'ils redoutaient. Devant eux, Joycee descendait avec les sourcils froncés de dégoûts à la vue des femmes. Ces choses, diantre qu'elle les haïssait. Ces séductrices ne servant à rien, passant le temps à hurler ou bien se faire chouchouter. On voyait bien le crochet remplaçant sa main, une dent accrochée à une longue chaîne qui se portait au cou et ses armes se balançant à mesure de ses mouvements. D'un coup, ses pas monotones se stoppèrent en tournoyant sur ses chaussures pour faire face à la gent féminine peuplant son navire. La jeune demoiselle sortait silencieusement un revolver - ou quelque chose impliquant une ressemblance - pour porter un tir unique sur une des femmes. Les autres criaient injustice et d'autres pleuraient toutes les perles salées qu'elles arrivaient à sortir.



Une voix résonne dans un épais brouillard lors d'une nuit des plus macabres. Un pauvre petit pécheur, faible, pauvre et désespérer s'approche de cette voix si jolie et envoûtante. Par les faibles lumières, il distingue une forme humaine sur un rocher où les jambes fines se balançaient. C'était elle, cette fille qui avait fait rebondir plusieurs fois le cœur du jeune homme dans sa poitrine. Celle-ci le voit et lui sourit. Mais le bien-aimé distingue un panier aux côtés de sa belle. Peu après, il poussera un cri d'effroi. La femme qu'il aime ne ressemble plus à rien. Un corps sans peau, sans cheveux. Il distingue une larme puis une autre. Elle pleure, sanglote mais il ne peut l'approcher tant le pécheur est horrifier, dégoûté et médusé. Elle s'arrêta de chanter et lui demanda :



Les cris désespérés le laissaient béat. Il n'arrivait à rien, ronger par la peur. Il baissa la tête, mains sur ses yeux d'un bleu séducteur tant il n'osait pas la regarder. Minutes passèrent, il releva la tête. Créature qui alimentait son amour partie à jamais, laissant juste un panier. À cet instant, il maudit cet amour entre lui et une sirène qui s'était niaisement faite avoir. Ses yeux se dirigèrent sur le panier. Et dans celui-ci la seule chose qui lui restait le regardait. Dans un murmure, il souffla : « Joycee…»



Des vagues. Trop de vagues. Frappant. Chiant. Enervant. Je regardais ma main, enfin, mon avant bras. Un truc dégoûtant. Croquée, comme un trognon de pomme. Remplacée par un « truc » . Je le hais. Je les hais. Je me hais. Je tue, je ne sais faire que ça. Comme une marionnette. Dix milles victimes? Plus. Au moins deux cents navires détruits, une centaine de femmes mary-sue tuée, une cinquantaine d'enfants égorgés, plus de quinze milles être humains éradiqués. Je me hais. Je le hais. Je nous hais. Et ma réponse à ce Louveteau, je la hais déjà.

Des hurlements imaginaires s'éventrant dans la nuit déchirante. Un battement de cils. Un battement d'espoir. Un coin d'eau éclairé maladroitement par la lune. Trompeuse d'espoir. Assise sur une pierre adoucie par les temps, elle regardait son visage maladroitement déformé parla cruauté invisible. L'envie. L'envie de le revoir sans devoir se battre. L'envie de sentir à nouveau la nostalgie. D'un pas lent, elle quittait cet endroit macabre. Corps en décomposition ou autres belles choses flottant dans l'eau lui adressaient un au revoir. Elle se retourna et clama en promesse, comme si quelqu'un était en face d'elle :

« See you at the Bitter End. »