Ce grand escalier tendu de voiles - à la Muse Galante, même les araignées sont en deuil - que vous apercevez à l'entrée, grande et belle ruine d'ancienne maison de maître mène à l'étage. En haut, froids couloirs valétudinaires, labyrinthes vides et portes closes ... C'est l'antre du Caterpillar, connue de quelques rares intimes. On murmure ... Oh, l'on murmure beaucoup de choses ! L'on imagine des plantes folles courir le long des murs, lézardant les parois, étouffant maisons et dormeurs, l'on imagine un savant désordre tout de bimbeloteries sans valeur, où croulent les poussières de fumées et les objets brisés ou encore l'on songe, avec un frisson, au prodigieux et effrayant prolongement de la longue salle brumeuse d'en bas. Reste que dans ses hauteurs, l'oiseau-triste lustre ses rémiges - seul, souvent seul. Vous y invitera-t-il, vous ... ?

Ou bien vous continuez votre marche, dépassant les rêveurs, les brumeux, les endormis ... Une petite porte se dérobe, et vous voilà dehors - l'air frais vous fouette le visage et vient dissiper les tendres vertiges qui vous égaraient, il n'y a qu'un instant. Devant vous, un jardin triste - pelouse grise, fleurs fatiguées. Et au fond, tout au fond du petit terrain, une serre ... Vous devinez derrière les parois vitrés des couleurs vivaces et des plantes vives. Vous pouvez entrer, si l'on vous y autorise - ou si l'on ne vous surveille pas ... Mais prenez garde, l'endroit est fragile et précieux : c'est là que naissent les arbrisseaux des Muses et les fleurs de bonne volonté ...