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.: Fête 00 :. Arabesques { Fréneuse ♥ }

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MessageSujet: .: Fête 00 :. Arabesques { Fréneuse ♥ } .: Fête 00 :. Arabesques { Fréneuse ♥ } EmptySam 7 Nov - 12:18

    Clartés lunaires et douceurs pétillantes des astres. La légèreté des caresses de la brise sur les joues trop fraîches des promeneurs solitaires – ou pas – était bien agréable. Ce soir-là était de ceux où il était fort plaisant de sortir de chez soi. Pour dîner en charmante compagnie, par exemple. Ou encore pour aller au bal. Et quel bal… Une soirée d’ouverture qui, s’il ne se trompait pas, serait mémorable. Et le Magicien d’Oz ne se trompait – presque – jamais… Pointe de fausse modestie en mousse, au fond de son cœur ; il était seul, alors il pouvait bien se permettre quelque fantaisie, n’est-ce pas ? … Cyrus réprima un « Bwa ha ha » d’autant plus railleur qu’il ne lui appartenait pas, et se contenta de sourire, sentant l’amusement l’envahir, comme à chaque fois qu’il était question du Chaton… Ce soir, Jalender inaugurait sa boutique. Ou plutôt, son « établissement »… Le Chat Noir, hu… Il avait hâte d’y être…

    Confortablement accoudé à la nacelle, le Magicien laissa son regard errer sur les toits de Woollyland, en dessous de lui. Plaine ténébreuse tachetée ça et là par quelques éclats de lumière échappée d’une fenêtre. Heureusement que le Monde bénéficiait de la pâle lueur de la Lune… Cela mettait une petite touche de couleur – quoique blafarde, mais tellement… magique ? – au paysage urbain. C’était du plus bel effet. Ah, il était arrivé… Manœuvrant délicatement son ballon dirigeable, Cyrus l’amena vers une petite place toute ronde où il serait bien plus pratique de se poser que sur le toit de la bâtisse d’où il allait récupérer sa cavalière. Enfin… Son cavalier, en l’occurrence…

    Ce fut avec un sourire radieux accroché à ses lèvres que le Magicien d’Oz alla se faire annoncer, ou plutôt frapper courtoisement à la porte de la Muse Galante. Ultimes rectifications de dernière minute, en attendant qu’on lui ouvre. Il avait sorti son costume des grands jours – et des grands soirs. Pantalon vert sombre, chemise de soie lie-de-vin, gilet orangé et redingote violette dont la boutonnière était ornée d’un iris blanc violacé – une touche de désuétude, dans son élégance... Une écharpe moirée, couleur arc-en-ciel, entourait son cou et une lourde cape de velours, cobalt et argent, était jetée négligemment sur ses épaules. A ses oreilles, ressorts et grelots d’argent aux tintement cristallins, rivalisant de beauté avec ceux des bracelets cliquetant à ses poignets. Une paire de gants, gris perle, et un haut-de-forme noir – suprême concession qu’il avait accordée au seul couvre-chef qui s’adaptait à une telle occasion – complétaient son habit. Cyrus eut juste le temps de chasser un grain de poussière imaginaire qui s’était délicatement posé sur l’une de ses manches. On lui ouvrait l’antre des rêves. Sourire lumineux, mais pas trop – laissons d’abord les yeux de la délicieuse chenille s’adapter. Petite révérence.

    « Bien le bonsoir à vous, mon cher Fréneuse, j’espère ne pas vous avoir trop fait attendre… »

    Il était évident que non. Un Magicien était toujours à l’heure ; La ponctualité était l’une des innombrables clés de la réussite, aurait-on dit…

    « Le carrosse n’attend plus que nous… »

    Il n’y avait plus qu’à espérer que Fréneuse n’aurait pas le vertige…

    Les airs étaient tout de même le moyen le plus rapide pour arriver jusqu’à Wonderland. Surtout lors d’un soir de bal. Et il fallait convenir qu’une Montgolfière était plus confortable qu’un balai… Moins pittoresque, cependant… Mais qu’importait, après tout ! Le voyage fut sympathique, frais et grisant. Et il avait comme un parfum de fleurs…

    […]


    Cyrus devait fournir des efforts non négligeables pour empêcher son rire de traverser la digue de ses lèvres. Le spectacle était aussi impressionnant qu’il s’y était attendu – plus, peut-être ? Après tout, il s’agissait de Ayat’Ollah Jalender… La perfection était de mise. Alors pourquoi tant d’hilarité ? Bwa ha ha !!! Encore ces souvenirs de première rencontre qui refaisaient surface. Tout cela était fort… amusant ! Vraiment. Il le revoyait encore qui lui proposait de… BWA HA HA, c’en était trop ! Le Magicien trempa ses lèvres dans le délicieux breuvage qu’on lui avait apporté – eau gazeuse et citron vert, restons sobres – et tâcha de se contenir. Eclater de rire en plein milieu d’une scène si tragique serait de fort mauvais goût. Et puis… Il lui semblait avoir déjà vu cet enfant quelque part. Mais où… ? Et est-ce que cela avait réellement une importance quelconque ? Hum… Cyrus se pencha vers Fréneuse, lui offrant une ébauche de sourire.

    « Qu’en pensez-vous, mon cher ? Notre hôte semble avoir correctement rentabilisé son temps et ses moyens… »

    De toute évidence, le chaton avait bien grandi, depuis le temps où il lui faisait des propositions d’emploi… L’espace d’une seconde, Cyrus se sentit plein de fierté et d’émotion toutes paternelles. Son enfant était devenu un homme et se lançait vaillamment dans le monde du spectacle. Hu hu hu. Il délirait… Et c’était toujours aussi amusant.

    « Peut-être devrions-nous porter un toast à sa santé… ? Ou à son sens du spectacle ? »

    Puisse-t-il toujours nous divertir…


Dernière édition par The Wizard of Oz le Lun 23 Nov - 19:52, édité 1 fois
The Wizard of Oz
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mr. tout-le-monde... ou pas !
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CITATION : "La couleur fait foi de tout, la couleur crée l'émotion et laisse jaillir l'étincelle de la création" N. Reid

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NOTEBOOK : Le Grimoire Coloré ~
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MessageSujet: Re: .: Fête 00 :. Arabesques { Fréneuse ♥ } .: Fête 00 :. Arabesques { Fréneuse ♥ } EmptyLun 16 Nov - 1:19


De plus en plus ! Des glaïeuls horribles, d’un rose débilitant, et du mimosa … Fréneuse congédia l’apprenti fleuriste dans un soupir, et s’en retourna à ses songeries. Lui non plus, il n’avait pas compris. On n’offrait point des fleurs pour leur couleur et leur joliesse ou, plus prosaïquement encore, pour leurs senteurs. On offrait des bouquets pour inviter aux rêves, et l’on donnait des fleurs pour leur signification. Dans le cas présent, il y avait la reconnaissance, humble, peut-être sincère – et bien peu fantaisiste. Il y avait autre chose, aussi, mais c’était plus difficile à cerner. C’était un sentiment volatile, comme une fumée, et qui s’évaporait déjà, au creux d’une pensée nouvelle. Au fur et à mesure que la soirée avançait, il y avait pourtant cette idée récurrente, ce carcan à rêve, qui demeurait là, entre deux tic-tacs d’horloges : ce soir, ce n’était pas un soir comme les autres. Et à chaque fois, il s’offrait une minute de réflexion avant de retrouver le chemin vers sa mémoire –car s’il était déjà sinueux, il n’était pas encore baigné des brumes froides de l’oubli. C’était la fête du Chat Noir. Mais bien sûr. Alors du même geste, il lissait une chemise par trop froissée, et suivait du doigt le pli malvenu de son vieux pardessus. Jetait un coup d’œil à sa montre qui n’avait point encore tout à fait entamé sa rébellion. Faisait quelques pas. Il n’était pas temps … Puis s’égarait de nouveau - deux pas de côté, demi-tour, l’on se perdait si facilement … Faisait un pas vers la porte de la toute jeune Muse Galante, prêt à l’ouvrir toute grande – quel plaisir, après tout, de se perdre dans les regards absents de ses pairs ! Puis s’arrêtait, interdit : ce soir

Il devrait lui offrir une image bien simple : l’Aigremoine des terrains vagues, ses placides fleurettes blêmes symboliseraient ses élans de reconnaissance. Ses graines qui s’agrippaient à vous, le poids d’un tel sentiment quand vous cherchiez à briser toute attache. Mieux. Dans la nuit tombante, il sortit, les pans de son pardessus lui battant les jambes, ses pensées lui battant les tempes. Traverser la ville et au détour d’une rue – sous les pavés, la plage ? – un coin de campagne, égaré là, quelques plantes vivaces qui percent jusqu’au bitume. Il arracha quelques tiges, et saluant l’humble sacrifice de l’Eupatoire des Anciens, il regagna bien vite son cocon, ébloui par les sourires trop vrais des passants. Et il continua son errance, regrettant de ne pouvoir apporter d’Amaryllis. Après tout, ce n’était pas un soir

Puis on frappa. A une certaine heure de la nuit, au point nommé du soir, qu’importe. Les chiffres étaient les bons, mais c’était trop tôt ou trop tard quand même. D'ailleurs, il ne se souvenait plus bien : avait-il promis de se réserver pour les senteurs qu’on y diffuserait, là-bas, et qui venaient bien d’ici … ? Il reposa les instruments du scandale, saisit les tendresses ombellifères des Aigremoines, et tenta d’oublier ses aigreurs d’âme, tandis qu’il tirait, lentement, cette porte qui ouvrait sur l’inconnu.

L’inconnu était singulièrement coloré, ce soir, et ressemblait à s’y méprendre au magicien d’Oz – celui à qui il avait acheté ce petit cactus qui dormait sur le comptoir le jour et passait sa nuit à éternuer entre les vapeurs. Il lui demandera, tiens, un jour, si la fumée était mauvaise pour ce genre de créatures … On le salua – Fréneuse répondit d’un signe de tête, et fit mine de lever un chapeau, qu’il n’avait pas. Dommage, le haut de forme de son compagnon était bien trop brillant pour couronner parure aussi pauvresque.


- Vous semblez avoir dérobé vos couleurs à un arc-en-ciel, comme toujours ! Permettez que votre humble chenille se pare de ses propres colifichets. Serait-il bien correct de sortir sans couvre-chef ?

Une révérence un peu ratée et il s’éclipsa, les yeux mi-clos, paupières gonflées d’orgueil. Il serait là-bas, il l’avait promis, mais ce soir … Serait un soir comme les autres. Il jouerait au Fréneuse, avec ce sourire étrange et faux, et il se perdrait dans les suggestions de ses esprits, pour s’éviter à penser.

- Le carrosse n’attend plus que nous…

Il contrefit les gestes attendus avec une ingénuité presque parfaite. C’était comme se poser les questions à l’envers … Et tandis que le dirigeable du magicien s’élevait dans les airs, que le vent lui fouettait le visage, il tenait ses délires du bout des doigts, comme des ballons de baudruche. Étrange est, dit l’ange, en tapant du pied. Étrangers vous-même, dit l’âne. Et ils s’envolent …

Il ne se vit pas redescendre sur terre. Ni pénétrer l’antre bruyante du cabaret. La première image qui vient déchirer le voile distendu de ses rêves, ce fut les chassés des danseuses, qui hurlaient leur cancan, et les chants, et l’orchestre, et … C’était une débauche de couleurs, de sons, de musiques. Ils se frayèrent un chemin jusqu’à une table, dans les premières, il laissa d’un geste indifférent le magicien passer commande, et s’abîma dans la contemplation du spectacle. Des mouvements d’étoile, et le pied en pointe de la demoiselle en vert, là-bas, jeté vers les airs, prêt à se décrocher, – n’avait-on pas le droit de porter du vert sur scène ? - semblait indiquer un firmament inaccessible ... Il fut cependant tiré de sa contemplation par la voix de Cyrus, qui lui chuchotait, d’un air entendu :


- Qu’en pensez-vous, mon cher ? Notre hôte semble avoir correctement rentabilisé son temps et ses moyens…

Des moyens … ? Il ne voyait là encore que des ébauches d’atmosphères, et des révolutions d’empyrées … Et continuez votre route jusqu’au pré fleuri d’Asphodèles … Il secoua légèrement la tête, dans l’espoir qu’il glanerait quelques idées au passage. Pouvait-on en attendre moins de lui … ? Allons … C’était si convenu … Et si peu lui …

- Pré-science et langueur de temps, n’est-ce pas … ? Le spectacle a quelque chose d'envoûtant, la bâtisse semble magnifique, et ça n’est sans doute pas dû à ce qui circule dans l’air …

Il eut un sourire de connivence avec son interlocuteur, qui saisissait déjà son verre. Fréneuse l'imita, renversant la moitié du contenu sur les Aigremoines qui s'endormaient, sur la table. Inadvertance.

- Peut-être devrions-nous porter un toast à sa santé… ? Ou à son sens du spectacle ?

Soit. Pour toute réponse, Fréneuse leva son verre davantage, et le cristal tinta. Il y trempa ses lèvres, ferma les yeux. Le tendre vertige des opiacées lui serrait le cœur, le prenait à la gorge - Jalender n'aurait pas dû mélanger ces bouquets, les odeurs des fleurs s'annulent, ou s'aggravent ... Il eut un sourire pâle - l'anémone et l'ancolie ... - et, d'un signe de tête, désigna la scène, où évoluait le cygne noir.

- Passent donc les fanfaronnades d'usage, il y a quelque art dans les évolutions de cette déité des eaux vives. Un peu d'affectation, peut-être, mais que serait un cabaret sans son outrance ... ? L'essence des scènes tangentes n'est-elle pas de nous donner à voir les plus spectaculaires des invraisemblances ... ?

Ultime concessions aux murmures d'un ressentiment qu'on ne pouvait s'avouer. Fréneuse détourna les yeux, laissant le sourire timide lui manger le visage, et regagnant par là son air de masque de comédie. Était-ce sur scène ou dans son esprit ? Il lui semblait qu'à un pas à peine, la danseuse à la robe couleur d'absinthe tentait une arabesque - figure de l'envol désiré ... Elle vacillait.
Caterpillar
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MessageSujet: Re: .: Fête 00 :. Arabesques { Fréneuse ♥ } .: Fête 00 :. Arabesques { Fréneuse ♥ } EmptyMar 1 Déc - 19:06

    Sourires étincelants de gaîté radieuse. De quoi illuminer prestement Wonderland et cette ravissante salle de cabaret théâtre. C’en était presque inconvenant. Malice latente, dans son regard. Gaminerie quasi-visible, frivolités enfantines, joyeuses. Peut-être en faisait-il un peu trop – mais juste un peu… Ou peut-être pas. L’abus d’allégresse n’avait jamais été nocif pour quiconque, à ce qu’il savait, et quoi qu’on puisse en penser, Cyrus était un fervent partisan de l’exubérance, dès lors qu’il s’agissait de joie de vivre – quoi qu’il était partisan de l’exubérance, quelque soit le domaine – Si le Monde pouvait s’amuser plus souvent, il ne s’en porterait que bien mieux, sans aucun doute… Mais tout n’allait pas forcément comme l’on aurait voulu, n’est-ce pas… Quel dommage, quand même… Et il se retrouvait bien souvent seul à semer ses sourires sucrés aux quatre vents, lançant des éclats colorés à qui voudrait bien les recueillir, et pourquoi pas les replanter… Histoire de parer le monde de lumière d’arc-en-ciel… Alors on le regardait de travers – les courbes de ces yeux qui faisaient le tour de son cœur, sans une once d’harmonie – on le disait étrange et on se méfiait. Ou bien, on lui répondait distraitement, d’un petit geste de la main et d’un hochement de tête, en se hâtant de revenir, précautionneusement, vers des contrées moins colorées, plus rassurantes, moins éblouissantes. Soupirs des résignations amusées. Car après tout, que pouvaient bien importer les avis des honnêtes gens ! Pour l’heure, il avait une délicieuse chenille à dérider. Ce cher Fréneuse n’avait pas l’air au meilleur de sa forme et cela rendait le Magicien d’Oz bien triste. Terrible gaspillage, en ce soir de fête. Non, vraiment, il se devait de trouver un quelconque moyen pour lui remettre sur les lèvres ce sourire si particulier, sinon, il allait lui-même s’empêtrer dans la morosité et si c’était pour cela, il aurait été mieux inspiré de rester chez lui. Par ailleurs, lorsqu’on offrait des fleurs et du rêve, il fallait avoir l’esprit léger…

    Et son esprit à lui était on ne peut plus léger. S’il ne faisait pas attention, il pourrait bien lui échapper totalement et s’envoler vers des destinations inconnues, plus exotiques – le traître ! Il serait même capable de le perdre définitivement, ce petit chenapan ! Car comment diable ferait-il pour le retrouver, au milieu de ces nuées presqu’inconnues qu’étaient les cieux de Wonderland ? Patrie reniée qu’il avait dû quitter il y avait de cela quelques années et où il n’avait pas particulièrement eu envie de revenir, depuis qu’il était entièrement occupé par la gestion de sa Boutique. Pincement d’orgueil, dans le cœur du Magicien. Oz’s, sa fierté, son œuvre… Dire qu’il n’avait occupé qu’un seul étage, il y avait de cela deux ans, et que dans quelques mois, il pourrait inaugurer le cinquième. Une animalerie ! Chez Lui ! Bwa ha ha, il en avait fait, du chemin, l’apprenti-magicien, depuis cette « mémorable » dispute avec ceux qui étaient censés être sa famille… Cela lui semblait si lointain, désormais… Nostalgie souriante des jours que l’on ne regrettait pas tant que cela… Et depuis ces temps révolus, sa ville natale avait l’air d’avoir changé, quelque peu… Les rues semblaient plus mouvementées – rumeurs étranges, passablement angoissantes pour ceux qui avaient assez de temps à perdre pour les écouter. La population craignait une ombre plus ou moins dangereuse – plus, probablement. Tout cela était proprement affligeant. Encore plus de noirceur, dans le paysage urbain… Comment le Monde voulait-il s’amuser alors qu’il continuait à se vautrer ainsi dans l’obscurité… ? Quand se déciderait-il à laisser s’exprimer les couleurs… ?

    L’attention de Cyrus fut piquée, un instant, et il crut que le ballon qu’était son esprit flottant avait été percé. D’une certaine façon, ç’aurait été intéressant – on lui aurait permis de rester cloué au sol, pour une fois – … Ce qui circulait dans l’air, avait dit Fréneuse… Il n’y avait pas vraiment fait attention, en arrivant, mais maintenant que la chenille en parlait, il lui semblait bien reconnaître quelques effluves familiers… Une certaine, et vague, ressemblance avec l’atmosphère enfumée de la Muse Galante, peut-être… A moins que ses sens ne lui jouent quelques tours. Ce qui était plus que plausible, étant donnée son actuelle euphorie. Malgré tout, le Magicien arrivait à se persuader, sans trop de peine, que son allégresse n’était pas entièrement due à ce qui circulait dans l’air, justement. Ce qui n’était pas tout à fait faux, dans la mesure où il sautillait presque, dans la rue, en arrivant. Seule sa crédibilité, en plein essor, associée à un léger sursaut de fierté l’empêchait de faire complètement le pitre dans les rues de Wonderland – faire ce qu’il voulait, oui, mais chez lui ; il ne se sentait pas dans son élément, ici. Que de concessions ne ferait-on pas à sa réputation naissante… Sourire entendu. Maladresse inattendue. Les aigremoines se voyaient arrosées, de façon fort inopinée. Qu’à cela ne tienne, voilà qui les rafraîchirait un peu et les aiderait sans doute à se remettre de la fatigue du voyage… Traverser la moitié de Malkins la nuit, cela avait dû être éprouvant, pour de jolies fleurs. Rapide coup d’œil à la scène qu’on lui indiquait, et au magnifique cygne noir qui y déployait ses ailes. Superbe.

    « Vous n’avez certes pas tort. Le Cabaret est une porte comme une autre qui donne sur le jardin aux rêves. L’une des plus colorées et des plus mouvementées, d’ailleurs… Mais du moment que l’art y est, l’outrance n’en paraît que plus… justifiée, dirais-je… »

    Et assurément, l’art y était. Du moins, l’une de ses innombrables formes. Le regard de Cyrus fut attiré par la danse incertaine du trio brillant. Etait-ce son imagination, ou la ravissante jeune femme rousse à la robe froufroutante ressemblait énormément à Jalender… ? Battements de cils, dans l’espoir d’affiner sa vue. Le Magicien d’Oz plissa vaguement les paupières tandis qu’une joyeuse lueur dansait dans ses prunelles. Hum… Son imagination était bien sage, ce soir, et ne l’avait entraîné dans aucune farce, de toute évidence. Il ne se fourvoyait pas, la perruque et le maquillage de la rousse demoiselle – ou plutôt, du charmant Jalender – étaient exquis. On s’y tromperait presque… Un sourire amusé étira ses lèvres. Son petit chaton l’étonnerait toujours, décidément… Tant mieux, c’était parfait ainsi !

    Et la source de son étonnement n’était pas prête de se tarir, apparemment… Jalender s’était mis en tête d’inviter à danser un charmant jeune homme blond au visage impassible. Elan de compassion, dans le cœur du Magicien. Pauvre homme, il le plaignait presque… Oui, presque, parce que le chaton était tout de même un exquis – en l’occurrence, une exquise – cavalière. Il lui faudrait songer à lui demander une danse, à l’occasion… Réminiscences d’un vieil adage… « On ne valse pas avec un géant sans qu’il vous écrase un peu les pieds »*… Cyrus pouffa.

    « La danse est également un moyen fort sympathique d’inciter au rêve… La valse a cela de particulièrement agréable qu’elle fait rapidement tourner les têtes et quoi de mieux qu’un étourdissement passager pour se laisser entraîner sur le flot des réalités inaccessibles… ? »

    Et s’il demandait à Fréneuse de lui accorder la prochaine valse ? Cela serait intéressant à regarder, indéniablement – d’un point de vue extérieur, malheureusement – mais cela le rendrait-il plus guilleret pour autant ? Ah, chère chenille, que ne puis-je effacer vos soucis d’un battement d’ailes… Et d’un autre côté, à quoi bon effacer des soucis quand on pouvait les mettre en pot et en fleurir ses balcons ? Soupir étouffé. Tout ce qu’il avait à portée de main était un bouquet d’aigremoines…

    Cyrus se demandait encore quel tour il pourrait bien sortir de son sac à malices lorsqu’on annonça une bonne nouvelle. Un jeu de potions ? Voilà qui était bien intéressant… Oh… Le principe était sympathique… Le Magicien chercha Jalender du regard, en vain. L’hôte s’était éclipsé à l’instant qu’il fallait… Prévisible. Sourire lumineux de celui qui a trouvé.

    « Mon cher Fréneuse, ces jolies potions semblent bien attrayantes… Vous savez que je ne puis résister à l’appel des couleurs, ni à celui du jeu… Vous ne m’en voudrez pas trop, n’est-ce pas… ? »

    Il avait l’esprit bien trop enfantin, le Magicien d’Oz. Par ailleurs, son ego ne concevait pas qu’on puisse fabriquer des potions ailleurs que dans sa boutique… C’était là l’occasion rêvée d’essayer les produits de la concurrence, sans débourser le moindre yuba. Tout en s’amusant comme un petit farfadet. Et avec un peu de chance, cela distrairait l’adorable chenille… Bien, adjugé vendu !

    « Auriez-vous l’amabilité de veiller sur mon verre quelques instants ? J’espère revenir avant que ces délicieuses aigremoines ne s’assoupissent… »

    Il comptait naturellement sur son attention toute Fréneusienne. Avec un peu de chance, ce jeu serait amusant pour tout le monde… Sur un dernier sourire et un clin d’œil complice, Cyrus se dirigea vers la scène. Puisqu’il s’agissait là de potions… Qui pouvait bien savoir si l’on ne pouvait en développer une pour transformer les soucis en pensées. Peut-être cela ravirait-il les fleuristes… Ou les jeunes femmes… Après tout, les pétales de velours étaient tellement plus délicats…



    * : Claude Lelouch, dans Itinéraire d’un enfant très gâté.
    Merci evene ♥️
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