♦Récit♦

I. Un Savant [Fou] sachant chasser sans son chien, ou Docteur Monkey M.

« Et un, deux, trois…encore trois petite tête à découper pour nos expériences…♪ »

Né le 12 décembre d’une telle année, sa mère lui baptisa Monkey Monk. Un enfant aux yeux étranges qui fusionnaient le singe à l’homme, un être conçu uniquement pour devenir une cobaye, Monkey M. avait pour père un chasseur et pour mère une vendeuse de la boucherie. Pauvre malgré tout, le couple décida de vendre leur enfant au terrible savant de la ville afin de gagner leur vie. Malheureusement, un savant fou ne sait guère tenir sa parole, le couple périt et a servit également de sujet d’expérience. Alors que l’enfant allait se trouver dans un bocal, ce dernier poussait un cri extraordinaire et gesticulait d’une telle puissance que même le savant fou ne pouvait le contrôler. Le gnome, si ce n’est qu’une image de l’enfant, bégayait des mots incompréhensibles, mais qu’étant fou, le savant traduisait expression à expression et conclut enfin que cet enfant voulait lui servir. L’enfant fut sauvé par une simple idiotie du vieil homme et grandissait dans un grand manoir lugubre que nulle personne ne pouvait pénétrer.

L’âge de raison arriva, et l’enfant croyait toujours que l’homme qui se tenait devant lui n’était personne d’autre que son géniteur. Il s’interrogeait souvent sur la ressemblance des deux personnes, car « tout le monde sait que Monkey M. est plus beau que ce vieil homme tout crasseux… ». Du moins, il oublia vite le lendemain puisque la vie qu’il mène n’était pas si décontractant. Vie ? exactement, Monkey M. survécu au terrible Savant Fou grâce à leur pacte inexpliqué : il fut élevé pour succéder à cet étrange personnage. Au printemps de ses treize ans, l’homme mourut et laissa tout son héritage à notre protagoniste. Bien sûr, comme toutes les histoires, avant de mourir il lui dit ceci : « Succède moi et trouve la vie éternelle ». Ses mots semblent étranges, mais qui ne déplut pas à notre personnage.
Quelques années plus tard, Monkey M. retrouva son singe mort, suite à la vieillesse. A cet instant, il comprit le véritable sens de son soi-disant père. Il n’avait plus qu’une ambition : trouver le remède contre la vieillesse.
Ainsi la véritable montée du Dr Monkey M. fut contée.
Tous les soirs dans les villages, on entendit des pas nonchalants qui parcouru le long des ruelles. La même histoire se répétait, et toujours la même chose : une personne disparue de plus. Les villageois commencèrent par s’inquiéter, puis enfin est venu la légende du Dr Monkey M. qui aimait chasser les villageois.

La légende du docteur continue, allant jusqu’à la chanson en hommage de celui-ci :

Non loin de là habitait un étrange savant, un étrange savant fou,
Il s’appelait le Dr Monkey M., le Docteur Monkey M.,
Avec son masque de singe, toutes les nuits, il dit ceci :
« Et une, deux, trois…encore trois petites têtes à découper pour nos expériences… »
N’est-ce pas docteur Monkey M. ? n’est-ce pas docteur Monkey M. ? ♪

II. Abygaïl.

« Abygaïl abygaïl,
seul au monde, seul au monde,
Qui veut jouer avec moi ?
Abygaïl Abygaïl,
Toi qui avais un visage d’ange,
Qui voudrait jouer avec un monstre ? ♪»

Non loin de là se trouvait un petit village. Non loin de là, un cri d’enfant, un magnifique enfant. Abygaïl fut le nom qu’on lui avait donné : un jeune homme au visage d’ange, plus blond que le blé, plus innocent que les anges…ton sourire éblouissait plus d’une gente dame.
La mère d’Abygaïl était une femme aimée de toute sa région : d’une part par son extrême gentillesse, et d’autre part par sa beauté qui faisaient jalouser les jeunes femmes de l’époque. Elle offrit sa main au jeune homme le plus considéré du village, et les jeunes mariés vécurent heureux, heureux…jusqu’à ce moment précis de leur vie.
Un enfant naquit, il s’appelait Abygaïl. Ses parents lui offraient tout leur amour et rien au monde ne pouvait empêcher leur bonheur. Cependant, par faute de temps, la mère du nourrisson fit appel à son amie pour surveiller son enfant pendant qu’elle travaillait. L’amie, qui dit-on, était une femme généreuse. Mais derrière cette apparence trompeuse se cachait un être rempli de haine et de jalousie. Le mal lui dévorait, et le mal lui fit faire cet acte ignoble. La bougie était là, elle était allumée. Le diable tendit sa main et le fit renverser. A cet instant se trouver cet enfant, ce pauvre enfant. Le feu a brûlé, le visage défiguré et les yeux perdirent leur sens. Depuis ce jour, on appelait Abygaïl l’ange de la mort.
Abygaïl grandit avec beaucoup de souffrance, d’une part physiquement puisque son visage lui faisait encore mal ; et d’autre part tout le monde refusait de lui parler. Il était seul, s’il ne restait seulement ses parents. Cependant, Abygaïl avait encore son cœur d’ange : il souriait de toutes ses forces pour ne pas inquiéter ses parents. Avec les plus pauvres, il tendit ce qu’il avait, tandis qu’avec les autres, il ne se contentait que d’un simple sourire. On l’évitait ce pauvre petit homme. Mais que pouvait-on ? du moins, il existerait sans doute une fée de la nature qui pourrait lui guérir de cette maladie ?
Les parents d’Abygaïl disparurent le lendemain. On racontait qu’ils étaient parti trouver cette bonne fée. D’autres disaient qu’ils se sont fait capturer par le Dr Monkey M., ce fameux docteur.

Abygaïl restait seul à attendre, encore et encore…tandis que la chanson continuait :

Abygaïl abygaïl,
seul au monde, seul au monde,
Qui veut jouer avec moi ?
Abygaïl Abygaïl,
Toi qui avais un visage d’ange,
Qui voudrait jouer avec un monstre ? ♪

"Oh un enfant…mais qu’est-ce que tu fais là ? demanda le Dr Monkey M."

L’enfant leva doucement son visage et sentit (puisqu'il ne voit pas) étrangement l’homme.

« Comment t’appelles-tu ? poursuivit l’homme.
-Abygaïl, répondit l’enfant avec un air innocent. »

Une rencontre, un destin. Rien de tout cela ne serait arrivé s’il n’y avait pas eu cette rencontre.

Il était une fois, dans un village perdu au fond de la plus profonde forêt de Wonderland, se trouvait un étrange petit homme au visage défiguré. Tout le monde l’évitait à cause de sa déformation, tout le monde l’évitait parce qu’il était différent. Le petit être se nommait Abygaïl, tel le prénom d’un ange. Il souhaitait tous les soirs la venue de la bonne fée, il formait des vœux, encore et encore.

Un jour, alors qu’il alla en haut de la colline pour attendre ses parents disparus, il fit la rencontre de cet étrange homme. Il avait certes une apparence lugubre et n’inspirait pas confiance, mais c’était le seul qui lui adressait la parole. L’enfant l’emmena donc chez lui et lui offrit un thé, comme tout bon enfant ferait. Les villageois fixaient les deux protagonistes et se méfiaient d’eux. Après tout, cet homme « n’est qu’un étranger ». La journée passait et l’enfant offrit hospitalité à notre homme. Ce dernier lui promettait de retrouver ses parents s’il l’obéissait. Innocence, pureté…c’était tout ce que l’homme cherchait.
Une personne disparue, puis deux, puis trois. Les villageois commencèrent par s’inquiéter et décidèrent de se réunir afin de régler le problème. Lors de la réunion, l’un d’eux dénonça l’enfant et l’inconnu, il fit rappeler à tout le monde la légende du « Docteur Monkey M. ». Peur, angoisse, les villageois mettaient alors le feu chez Abygaïl, brûlant ainsi l’enfant et l’inconnu. Le feu ne s’éteignait pas, tandis que l’enfant qui restait éveillé depuis tout à l’heure, murmurait avec sourire : « si je reste sage, mes parents rentreront…et tout le monde m’aimera… »
Un silence puis le bruit des pas. Un sourire aux lèvres qui ressemblait au sourire du Chat de Cheshire. Enfin une voix qui s’exclamait :

« Si tu restes sage, le loup te dévorera tout cru. »

L’homme prit alors l’enfant dans ses bras et le secouru de l’incendie.

Les deux protagonistes continuaient à courir, courir, encore et encore. Perdu au fond du bois, l’homme s’arrêta avec l’enfant. Les villageois arrivèrent et pointa le couteau vers l’homme. Ce fut la fin du docteur Monkey M. . Les villageois décidèrent ensuite de laisser l’enfant seul au fond du bois, persuadés qu’il ne tiendrait pas plus qu’un jour.
L’enfant pleurait, et ses larmes coulaient goute par goute sur le docteur. Un murmure se fit alors entendre :



L’enfant se figea et ne dit un mot. Que racontait cet homme ? Ne savant plus quoi faire, il écouta les paroles de l’inconnu et dévorait la chair de ce dernier.
Quelques heures plus tard, l’enfant se réveilla. Son visage n’était plus le même : luisant au soleil, le jeune homme avait une peau à la fois douce et blanche, accompagnée de grands yeux verts. Une autre voix sortit de sa bouche : celle du docteur Monkey M.. Celui-ci ricana fortement tout en disant que l’enfant était tombé dans son piège, qu’il avait trouvé le moyen de rendre sa vie éternelle : s’intégrer dans le corps d’un enfant, tel était son but. Maintenant, il était parvenu de posséder le corps du petit homme…

«T'ignorais que j’avais la faculté de posséder la personne qui me dévore…ainsi, en intégrant ton corps, je ne mourrai pas. Quand tu seras à ta fin, je pourrai alors duper un autre enfant, encore et encore ! »

Le docteur était tellement occupé par son exploit qu’il oublia la petite voix dans sa tête. Cette dernière lui murmurait : «Vous me trouvez sage alors ? ».
A cet instant, alors que les cheveux de l’homme devenaient blanc comme de la neige, le Dr Monkey M. cria de désespoir. L’enfant n’avait pas tout dévoré : il lui restait le cœur, le seul organe que le docteur ne sut utiliser.

Deux personnalités dans un, un dans deux…et le tout formait un enfant âgé de six ans, un enfant qui possédait des cheveux blancs et des yeux verts telle une œuvre d’art.

Ainsi se clôtura le prologue du Docteur Monkey M. et Abygaïl Camperfield.